Nombre de messages : 494 Age : 34 Localisation : Içi et la.. La et içi.. Date d'inscription : 26/06/2007
Sujet: Re: Demi Hekmatyar [okasaki] Lun 7 Jan - 0:40
Demi Heckmatyar
APPAREANCE
Identity
Age
22 ans
Métier
Étudiante (Spécialisation d'Art)
Aime
Les nouvelles technologies Sa Nissan S30Z
N'aime pas
Les maths Les règlements Être à court de clopes
Sexe
La demoiselle serait bisexuelle.
Codes
Validé by Inoue
Musical themes
Thème principal
Thème secondaire
“ I AM NORMAL AND SELF-CONTROLLED. „
PHYSICAL CHECK
Développer:
Regardant au travers de ton reflet, tu admires la beauté angélique de ton visage juvénile. Une peau de lys, saine et pure, miraculeusement épargnée par les ravages de l'adolescence. Une pâleur que tu trouves néanmoins cadavérique, morbide, ce qui ne va pas en te déplaisant. Des traits fins, subtiles, gracieux. Des lèvres fines, discrètes, que tu t'amuses à mordre ou à rougir la plupart du temps. Tu souris. Tu as l'air si gentille, comme cela Demi. Un diamant d'un éclat sans équivoque, un rictus merveilleux. Et deux iris, quelque part entre l'ambre, la cornaline et la citrine, qui reflètent tout et n'importe quoi. Qui font peur mais sont doux à la fois. Un regard glacial, et pourtant, plus ardent que la braise. Ton regard, Demi. Tu es, une fois tâtée par cette main raffinée aux ongles longs peinturlurés, d'une splendeur que tu sais irréprochable. Un beau travail fourni par la mitera et le pateras, il fallait le reconnaître. Tu observes ta nuque dégarnie, offrant une vue plongeante sur tes os indiscrets. Demi, t'as une taille de guêpe et une finesse alarmante. Mais tu séduis. Demi t'es vraiment pas un être banal. Tu es belle et tu le sais.
Lorsque tu prends la pose, tu souris. Demi, ton corps, tu l'aimes hein ?! D'après la dernière visite médicale, soit il y a un moment, il mesurait aux alentours de cent quatre-vingt centimètres pour un poids d'à peu près soixante kilogrammes. Tu étais dans la moyenne bien qu'un peu grande pour une femme. Tu fais partie d’une minorité de personnes qui doivent se baisser pour beaucoup de choses, mais qui parviennent aisément à atteindre un objet en hauteur, sans avoir besoin d’une chaise ou de jouer à l’équilibriste. Tu n'as que du muscle, pas même un peu de graisse. C'est pour cela que tu n'es pas foncièrement résistante aux coups. Tu as toujours été plus habile à frapper qu'à encaisser.. si bien que si quelqu'un teste ton crochet droit, tu lui feras sauter deux dents. Ton sourire est radieux. Le soleil éblouit ta dentition impeccable. Tes yeux cherchent tes vêtements. Sortir nue ferait sans doute fureur auprès de ces messieurs -et demoiselles, mais ferait sans aucun doute possible désordre. Les sous-vêtements furent enfilés rapidement. Tu étais encore plus magnifique de la sorte. Virevoltant sur toi-même, tu t'amusais à te charmer. Personne ne pouvait te résister. Narcisse des temps modernes.
Avant de poursuivre ton atelier vestimentaire, tu soupiras. Les bandages que tu t'étais tuée à faire plus tôt étaient en train de céder. Tu les desserras un instant. Tu découvris ces balafres immondes, refusa d'admirer ces échecs. Tu ne savais pas à quoi elles ressemblaient. Tu savais juste qu'il y en avait beaucoup. Tu effleuras ta nuque glacée, tout comme le reste de ta carcasse. Elles étaient profondes, là aussi. Elles étaient hideuses. Il fallait les cacher au mieux. C'est ce que tu fis. Lorsque tu enfilas ta tenue du jour, tu ne pus passer à côté de son obscurité. Tu aimais les couleurs sombres, en usais et abusais tous les jours. Aussi, vestimentairement parlant, Demi, t'es un vrai garçon manqué. Jamais on ne verra chose appelée jupe ou je ne sais quoi dans ta garde-robe. Tu ne portes que des jeans, des chaussures plates, des débardeurs ou autre hauts assez simples et rien de mieux qu'une bonne vieille veste en cuir. Si tu dois porter un costume, une robe noire simple mais chic accompagné de son inséparable cravate. Cravate que t'es incapable de nouer correctement d'ailleurs. Cependant tu adores les petits accessoires inutiles comme les pinces à cheveux ..qui ne servent qu'à tenir deux mèches et encore..
Un marcel près du corps, un jean's noir troué de toutes parts, une veste trop grande et déjà bien assez ample. Tu enfilas la capuche sur tes cheveux dorés, ne laças pas tes chaussures de ville cendrées. Le tout était faussement négligé, et pourtant terriblement attirant. Tu avais l'habitude de ce genre de tenues. Pourtant, tu vénérais la mode punk et cyber-punk autant que celle-ci, et n'hésitais pas à en changer. Tu attrapas un paquet de cigarettes posé non loin d'un lavabo humide. L'allumas, la coinças entre tes lèvres nacrées, replongeas dans ton onde miroir si fusionnelle. Tu t'enfumais, et trouvais ça bien. Derrière toi, quelqu'un martelait de ses poings la porte de la salle de bains.
- Putain, t'as pas bientôt fini?! - Dégage, y'a une autre salle de bains en bas. - Sophita l'occupe. - Attends qu'elle sorte, alors. Fous le camp.
Une voix rauque et sèche. L'autre s'en alla. Tu te contemplas. Il manquait tes bijoux. Tu passas autour de ton cou un collier doré, au bout duquel pendait plusieurs griffes. Sur tes oreilles percées, tu y agrippas une paire de boucles maintenant chacune une flèche. Puis, au niveau de la lèvre inférieure, raccrochas un piercing tout aussi doré. Bientôt, tu attrapas tes affaires personnelles pour les jeter dans un vulgaire sac à dos décoloré, le mis sur ton épaule. Tu te regardas une dernière fois. Souris. Sans quitter ton reflet, tu enfilas une paire de gants de cuir noirs. Tu envoyas ton poing contre le miroir, le brisant. Et de ta démarche imposante, droite et fière, quitta la salle de bains en riant.
Tu remets en place ta mèche, une énième fois. Et elle t'emmerde, cette mèche, elle tient pas en place. Et puis tu as de sales cheveux blonds, coupés en dégradé, de façon inégale d'ailleurs, par tes soins. La plus part du temps tu les laisses détachés. Mais Demi, t'es aussi une adepte du "Coiffage en 30 secondes chrono !". Alors, tu y passes juste un coup de peigne histoire de.. et y accroches quelques pinces. Essayant tant bien que mal de maintenir cette épaisse crinière dorée. Tout ce blabla pour dire qu'il t'arrive de faire un effort et de t'attacher les cheveux. Demi. T'est dur à comprendre. N'essayez pas de la comprendre, aussi. Et tu mords ta lèvre inférieure, allumes une autre cigarette. Et tu bouffes encore une fois cette sale fumée. Tu en crèveras, Demi. Mais non. Tu t'en fous. Tu en bouffes encore.
─ Bon sang Demi, t'en es à ta quatrième clope ce matin ! ─ Ça va, me les casses pas. ─ Non mais faudrait arrêter, hein. C'est pas bon ce genre de truc pour les femmes. ─ Et toi qui en fumes plus que moi, et tu bois ... et t'es une femme. ─ C'est pas la même chose, hein.
Demi, c'est cette personne qui clope, mais qui compte arrêter- jusqu'à refoutre les pattes sur un nouveau paquet . C'est cette personne possédée par la mauvaise humeur. C'est cette personne impolie. C'est cette personne méchante. C'est cette personne qui sourit. Mais discrètement. Très discrètement. C'est cette personne que tu croises dans les couloirs, qui te regardes et te transperces, à qui tu aimerais parler mais tu oses pas. Demi, c'est une personne à part. Demi. C'est ce personnage qui peste contre toute chose quand elle est de mauvaise humeur (et elle est toujours de mauvaise humeur. rare les fois où elle l'est pas). Demi, elle insulte tout. Elle vous aime bien, et pourtant, elle vous insulte. Demi, c'est ce personnage qui défonce la porte de sa chambre si elle ne s'ouvre pas au premier poignet. En gros. Et pour faire cours. T'es qu'une sale pute, Demi. Mais vous savez ? Demi est aussi gentille. Elle se déchaîne de son coté, disons, obscure, des fois. Mais rarement. Demi n'est gentille qu'avec les personnes qu'elle aime vraiment. Même si tu n'es pas très appréciée, Demi ...
Parce que, Demi. T'es qu'une menteuse. Une emmerdeuse. Une pute. Une sale gosse. Une vulgaire. Une méchante. Une gentille, aussi. Une brute. Mais une gentille brute. Une fille qu'on aime mais qu'on aime pas, à la fois. Demi. Putain. Tu devrais changer. Mais le problème, c'est que tous ces mauvais points font ton charme.
Et t'écrases ton mégot sous ton pied. Et tu souris.
Héhé. Je sais: j'ai foiré le physique. /camion
ATTITUDE ADJUSTEMENT
Développer:
Demi, tu es une hypocrite, n'est-ce pas ? Tu prétends haïr les autres et penser que les humains sont inférieurs aux animaux, mais toi-même, tu agis comme la pire de tes congénères. Quand tu parles, tout ce qui sort de tes lèvres sont des mensonges, des mots infâmes semblables à du poison qui perceront le petit cœur de tes victimes. Tu es tellement sûr de toi que tu n'hésites jamais à juger de parfaits inconnus en les prenant pour des égoïstes et des menteurs, alors que tu fais la même chose, peut-être pire. Tu as appris à contrôler cette haine, mais tu utilises les mêmes méthodes pour remplir tes desseins. Jamais tu ne changeras d'avis sur les Homos Sapiens, tu t'entêtes dans un cercle vicieux de méchanceté et de moquerie, comme si tu étais en quelque sorte supérieure, alors que tu ne l'es pas. Tu ne le seras jamais, ma petite. Tu auras beau chercher, tout ce que je vois, c'est une faible qui se montre mauvaise face aux autres pour paraître plus grosse, un petit chaton qui crache et feule pour apeurer ceux qu'il considère comme ses ennemis. C'est tellement plus facile que de s'ouvrir, n'est-ce pas ? Tu ne l'avoueras pas, tu ne le comprendras sûrement jamais, mais tu as peur, c'est tout. Tu es une lâche qui évite les gens pour passer à côté des ennuis et des blessures. Dans l'histoire, Demi, l'idiote, c'est toi.
Jamais tu ne seras sympathique. Tu jugeras immédiatement la personne que tu rencontreras comme un idiot fini qui ne mérite pas ta grande considération. S'il s'agit d'un membre de Yamaguchi-gumi, alors tu n'agiras qu'un peu plus gentiment, parce qu'il faut bien remplir l'objectif, hm ? Bien évidemment, quand l'on parle de gentillesse avec toi, c'est plutôt « tu n'en feras pas ton jouet ». Tu n'épargneras à personne tes sarcasmes acides et secs, ton ironie mordante fera mal à ceux qui ne peuvent pas la supporter et tu riras lorsque ton interlocuteur se mettra à pleurer. Rien pour toi n'est plus pathétique, n'est-ce pas ? La faiblesse, c'est ce que tu hais chez les autres, et ce qui te donne une si bonne excuse pour les briser entre tes mains pâles. Oui, tu es un monstre, Demi. Tes paroles coupent le petit cœur des gens que tu rencontres, les crasses que tu leur fais suffisent à te rendre effrayante à leurs yeux. Tu ne vaux pas mieux que ceux que tu recherches, ma grande ; tu es même bien pire. Mais bien évidemment, toi, tu es excusée, n'est-ce pas ? Ton passé et ta souffrance te donne la meilleure des excuses, selon toi. Alors que tu agis uniquement contrôlée par la colère et ta douleur, tu juges ceux qui craquent et pleurent en les méprisant. Ne serais-tu pas jalouse de cette facilité qu'ils ont à vivre ensuite, libres de l'enclume qu'est leur peine ?
Jamais ta conscience ne te freine. En apparence. Tu montres l'image d'une jeune femme froide et sans aucune pitié, mais au fond de toi, c'est tout autre chose, n'est-ce pas ? Tu as toujours été une très bonne comédienne, après tout. Tu le sens, ton cœur glacé se serrer alors que tu voles un innocent et que tu brises à jamais ses rêves. Le voilà, ton point faible. Tu as du mal à t'attaquer aux petits, parce que tu as du mal à t'enlever de l'esprit l'image de Sophita, celle pour qui tu as abandonné toute humanité. Mais un vol, des mots blessants, ça, ça ne t'arrêtera jamais. Pour elle, tu es prête à vendre ton âme au diable, si ce n'est déjà fait. S'il faut supprimer quiconque se trouvant sur ton chemin, tu le feras sans fléchir et s'il le faut, tu laisseras derrière toi des ruines. Du moins c'est ce que tu aimerais être, Demi. Que ce serait simple de devenir un monstre cruel et froid, qui n'y réfléchirait pas à deux fois avant de laisser destruction et peine derrière lui. Mais rassure-toi, tu es sur le bon chemin. Le monstre en toi ne fait que commencer à apparaître. Tu n'as pas craindre cela, ma chère. Crois-moi, n'importe qui pourra te le dire : peu à peu, tu te rapproches de ton objectif. Mais es-tu si sûr que ça d'avoir raison ? As-tu réfléchi une minute à ce que penserait Sophita en te voyant ainsi ? Bien sûr que non. Depuis longtemps, tu n'agis plus de façon rationnelle. Tu ne le feras plus jamais.
Tu es bien trop têtue pour ton propre bien, ma petite. Comme je viens de le dire, tu n'abandonneras jamais quelque chose quand tu penses pouvoir l'obtenir. C'est à la fois ton plus grand défaut et ta plus grande qualité. Lorsque tu es persuadée du bien fondé de ton action, comme toujours en vérité, tu feras tout ce que tu peux pour réussir tes objectifs, même s'il faut pour cela faire du mal aux autres. Tu es bien incapable de voir plus loin que ta petite personne, Demi. Ton égoïsme te perdra un jour, tu le sais ? Bien évidemment, que tu ne le sais pas. Tu ne comprends pas plus loin que ce que tu veux voir, comment pourrais-tu même imaginer que ne contenter que toi-même n'est pas la bonne méthode ? Tu es une sorte d'électron libre qui cherchera à réussir quelque soit la difficulté, même s'il faut pour cela agir comme la pire des salopes. Car tu l'es, ma chère Demi, sois ravie de ce fait. Ce n'est pas de la détermination au sens où tu agiras toujours de façon à faire le bien, mais c'est une obstination enfantine qui ne t'a jamais vraiment quitté. Cela pourrait être adorable si tu n'étais pas adulte et normalement mature, mais ton entêtement alors que tu as tort est pathétique. Es-tu autant persuadée d'être la seule à comprendre le fonctionnement des choses ? Es-tu si sûre de toi pour te mettre en danger et ceux qui t'entourent ? J'oubliais. Tu es égoïste, alors le deuxième point de mon argument est invalide. Horrible créature que tu es, mon amie.
La seule qualité que l'on pourrait t'avouer, c'est ta bravoure et ton courage. Jamais tu ne recules devant la difficulté, malgré tous les aspects négatifs de ta personnalité. Tu sais évaluer le danger de façon juste et proportionné, sans surévaluer tes capacités. Car tu as beau posséder une très importante quantité de défauts, tu n'en restes pas moins quelqu'un dont l’ego n'est pas si énorme que ça. De plus, tu as tendance à détester ceux qui ne sont pas capables de maîtriser leur arrogance démesurée. Venant de toi, qui juge que les autres sont des boulets, c'est un véritable comble. Mais tu as toujours été incapable d'avouer tes propre défauts, Demi. C'est étrange de penser que l'enfant timide, fragile, pure que tu étais est dorénavant une jeune femme au cœur corrompu et distant. Les quelques qualités qui restent présentes en toi doivent être des vestiges de cette époque révolue. On pourrait presque te prendre en pitié si l'on ne te connaissait pas mieux que ça. Presque. Enfin bref. Tu as toujours aimé les défis et à vrai dire, la sensation d'excitation, l'adrénaline qui parcourt tes veines lorsque tu te trouves en face d'un adversaire coriace donne à ta vie l'étincelle pour enflammer ta passion. Dans un autre temps, dans d'autres conditions, tu serais devenue une héroïne ; peut-être même une sorte de chevalier servant, qui sait ?
Tu n'aimes pas montrer que tu apprécies quelqu'un. C'est une marque de faiblesse, n'est-ce pas ? Alors tu t'isoles. Tu te montres froide, distante, et tu remballes immédiatement ceux qui tentent courageusement de percer ta carapace. Rétorquer sarcastiquement, de façon blessante, est ta façon de vivre après tout. Mais lorsque, miracle, quelqu'un arrive à passer outre tes défenses, tu refuses d'afficher la moindre sympathie pour lui. S'il le faut, tu l'insulteras de tous les noms, lui fera de jolies remarques déplaisantes sur ses maladresses et tenteras de le faire partir, même si ça te fait mal. Car tu es ainsi, Demi. Tu crois à une illusion que beaucoup de personnes ont eu avant toi : si tu ne te lies à personne, alors comment est-ce qu'une trahison pourrait te blesser ? Comment est-ce que la perte d'un ami précieux pourrait chambouler ton esprit ? Ce serait impossible, bien évidemment. Mais alors ta logique est défaillante, comme elle l'a été pour beaucoup d'autres avant toi. Dans ce cas-là, n'allume jamais de feu de peur de te brûler. C'est une idée stupide, qui ne pourra au final que te faire du mal. Mais tu persistes. Cela causera ta perte, retiens mes mots. Peu importe le nombre de fois où l'on te rabâchera que ton comportement ne te rapportera strictement rien, tu feras toujours la sourde oreille. Bien évidemment, il est plus facile de ne pas se remettre en question et de continuer son petit bout de chemin.
Tu as la sale habitude d'analyser tout ce qui passe autour de toi, de chercher une explication logique à chaque petit détail. Tu connais la mentalité humaine comme ta poche et tu prends à malin plaisir à décortiquer les réactions des gens, à prédire leurs actions avant même qu'ils n'aient eu le temps d'agir. C'est amusant, n'est-ce pas, d'avoir pour une fois dans ta misérable petite vie un contrôle sur le fil des choses ? Ou du moins de ressentir d'avoir le contrôle. Car tu auras beau chercher, analyser, user de tes méninges, tu ne pourras jamais contrôler son destin. Tu n'es pas omnipotente, ma chère. Ta naïveté à ce sujet en est presque adorable : tu crois qu'en te documentant, en apprenant tout ce qui est connu sur les vivants, tu pourras mieux comprendre le monde qui t'entoure. Mais tu ne comprends rien. La vision vu du monde d'une seule personne est très petite. C'est uniquement en élargissant ton monde, en te connectant à ceux des autres que tu pourrais avoir une minuscule chance de découvrir d'autres horizons. Comprendre le monde de ceux qui t'entourent est sûrement impossible, mais tu ne peux pas espérer profiter de la vie. Oh. Excuse-moi, j'oubliais. Tu t'en fous, de ça. Tout ce qui t'importe, c'est le bonheur de Sophita. Mais penses-tu vraiment qu'elle serait heureuse en te voyant ainsi ? Vraiment.
Tu es pessimiste. Horriblement pessimiste. Pour toi, qui n'a qu'une vision noire et obscurcie du monde dans lequel nous vivons, il n'y a que plusieurs teintes de gris. Pas de bien, pas de mal. Pas de noir, pas de blanc. Pour toi, croire en une vision utopiste de la justice est un rêve d'enfant innocent que tu as abandonné depuis bien longtemps. Tu te justifies souvent ainsi, lorsque l'on te dit que ce que tu fais est mal. Tu souris, enfin c'est plutôt un rictus moqueur et tu affiches un regard condescendant envers la personne qui te l'a dit. Pour toi, rien de plus pitoyable et faible que quelqu'un qui croit encore en ces sornettes. Le gentil qui arrête le méchant, c'est uniquement dans les histoires et contes que vous racontaient vos parents le soir avant de vous laisser dormir. Dans la vraie vie, c'est différent pour toi. Pour autant, tu n'as pas tellement tort. C'est ta vision des choses dans leur globalité qui est fausse. Mais c'est amusant. Amusant de te voir te croire supérieure aux autres car tu as compris une chose aussi simpliste. Continue de te penser plus intelligente, à te monter sur un piédestal. La chute n'en sera que plus rude, Demi. Et ce jour-là, tu comprendras enfin ce que c'est de tomber de haut.
Il y a une sorte de grâce dans tes gestes. On peut être étonné que des mots si mauvais puissent sortir de quelqu'un à l'air aussi noble que toi. Lorsque tu agis, tu es délicate, tu ne fais pas de gestes brusques et violents. C'est une façade, bien évidemment. Tu as toujours été un génie pour cela, pour le mensonge en général. Si à l'intérieur de toi la colère brûle, la hargne monte, tu restes inexpressive à l'extérieur. Ton masque est magnifique, résultat d'années de travail acharnées. C'est si facile d'imiter les expressions, pour toi qui les connaît si bien. Alors lorsque l'on découvre en détail qui tu es, il y a une sorte de désillusion, les espérances se brisent. Tu y prends un malin plaisir, comme la bonne petite sadique que tu es. Que c'est amusant de regarder le visage des gens s'affaisser en une expression indignée, horrifiée ou colérique. Que c'est hilarant de voir qu'ils comprennent enfin que la seule chose qu'ils partageront avec toi, c'est la haine. Enfin, pas tellement. Toi, tu t'en fiches. Tu t'en fiches de tout. De l'opinion des autres, de leur façon de te voir, de leurs habitudes à la con que tu leur ferais très volontairement remballer par une paire de baffes. Ce serait si facile. Pourtant...
Malgré ton comportement, tu n'en restes pas moins quelqu'un de posé, de calme. Tu n'es pas une tête brûlée ; jamais tu n'iras foncer sans réfléchir à un plan, ce n'est pas le type de personne que tu es. Tu préfères tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler. Tu sais pertinemment que t'énerver et laisser tes barrières s'effriter ne pourra que te causer des ennuis, alors tu te promets de garder la rancune au fond de toi pour la ressortir plus tard. Tu te vengeras de la pire des façons, très certainement, et tu feras souffrir la personne qui a provoqué ton courroux, rien que pour ton honneur bafoué. Tu sembles paisible, de loin. On pourrait presque penser que tu es quelqu'un de souriante. Mais tu es juste détendue, relaxée par le monde qui t'entoure, du moins dans un lieu naturel et végétal. Lorsqu'il s'agit de rester en ville, entourée par énormément de monde, tu ressens comme une sensation étrange. Tu as envie de hurler, de mettre le feu. Cette misanthropie n'est pas une exagération, elle est bel et bien présente, sans que tu ne comprennes trop pourquoi. Elle sera toujours là, prête à allumer la méchanceté dont tu es une maîtresse incontestée.
Néanmoins, tu possèdes deux défauts plus « humains ». Tu es une fainéante et une gourmande incorruptible. Il n'est pas surprenant de te voir allongée sur ton canapé, à te goinfrer de cookies ou d'autres sucreries. C'est peut-être pour ça que tu es devenue un cordon bleu, qui sait. C'est bien la seule chose positive que tu puisses faire, Demi. On est souvent surpris lorsque l'on apprend ce trait de personnalité. Généralement, on hausse un sourcil interrogé et l'on se demande s'il agit d'une sorte de mauvaise blague, ou encore si la narratrice tente de détendre l'ambiance en ajoutant un petit détail qui pourrait te rendre attachante. Ce qui est probablement le cas. Je pense que nous t'avons cernée, Demi. Tu n'es pas si exceptionnelle, au final. Tu es juste une méchante de base. Sans importance.
Mais c'est là ton plus gros avantage. Personne ne pourrait penser que tu peux devenir quelqu'un d'important, car l'on te pense destinée à rester une pauvre abrutie, condamnée à la médiocrité par ton comportement presque cliché.
“ What is outside. Inside. What passed.. „
BACKGROUND1
Développer:
J'suis sortie, la mitera soupira, déprima. J'avais les yeux blancs. Complètement blancs. J'ai fait peur à la mitera, le patéras s'en cognait, et ma sœur était trop jeune pour s'en rendre compte. Elle allait avoir une morveuse avec elle, dans sa chambre. Elle ne pensait qu'à ça, j'suis sûr. On m'a retirée des bras de l'aînée fébrile et tremblante pour me confier à un de ces anges d'ivoire. Elles faisaient mal aux yeux, ces garces. Elles m'ont emmené je ne sais où pour me faire passer tout un tas d'examens bizarres. Comme si j'avais que ça à foutre, moi. Ça durait des heures, le voyage. Ses bras gluants menaçaient de me lâcher à tout instant. Elle pouvait pas accélérer, non? Enfin on arriva. La porte s'ouvrit. Ils étaient des milliers, autour de nous. Elle contourna chacune des serres dans lesquelles ces plantes poussaient. Je les voyais remuer les lèvres. Les anciens fœtus ne les bougeaient pas, eux. Les tuyaux qui les reliaient aux machines rudimentaires les alimentaient sans qu'ils n'aient à fournir le moindre effort. La lumière des néons m'arrachait les rétines. Elles tiennent à ma cécité, celles-là. C'est un complot en fait, j'suis sûr. Elles faisaient ça avec un naturel désobligeant. Remuer les lèvres. Sérieux, c'était si facile, pour toutes ces filles. J'essayai, moi, en vain. Si facile. Je n'avais pas l'air de pleurer. Je ne voyais rien. Si, leurs mouvements. Les esquisses de leurs mouvements filamenteux, nébuleux. Une nouvelle galaxie s'offraient à mes yeux aveugles. J'y voyais clair, pourtant. Trop clair. Le sublime. Et c'est tout. C'était trop clair, la scène. Trop de lumière. Elles m'ont posée sur une table glacée. À peine ma peau entra en contact avec cette horrible morsure que mon échine se cambra. Je ne voulais pas rester ici. Quelque chose de mauvais se tramait. C'était pas bon du tout. Et j'pleurais pas. Tant mieux, j'dirais, mais c'était pas à leur goût. Alors elles m'ont frappée. Ma joue brûlait. J'n'ai pas hurlé. Elles me massaient le ventre comme si c'était de là que naissait le problème. Conneries. Elles souriaient, m'attrapaient les poignets. J'ai lu sur ses lèvres. C'est... une... Ah ben merci, c'est cool, ça. Bon, on peut me foutre la paix, maintenant? Une des imbéciles me regarda dans les yeux, profitant de mon handicap évident. Toujours ces néons à la con en plein dans le nerf optique. C'est vraiment idiot, comme système. T'aveugles les gens comme ça, toi? Mais elles n'avaient pas vraiment l'air de s'en soucier. Vraiment pas. Celle qui m'essuyait prit un air sérieux. Ça se voyait, elle ne remuait plus les lèvres. Celle qui me massait la regarda. Elle leva les yeux au ciel, baragouina quelque chose. Comme elle n'était pas en face de moi, j'n'ai pas pu lire. L'autre reprit ses paroles. Elles s'éloignèrent. J'ai regardé la madame qui me séquestrait sur le glaçon par les poignets. Elle déposa sur moi quelque chose de chaud, d'agréable. Je ne voyais pas ce que c'était, mais c'était doux et confortable. Puis elle tira mon poignet vers elle, brusquement. J'ai rien compris. Elle serrait, cette garce, en plus... Et elle me lâcha. J'ai ramené mon bras sur moi. J'avais une étiquette collée à un bracelet. Sans doute un matricule ou un numéro d'identification, j'sais pas. J'y voyais rien. Elles revinrent vers nous, elles ne bougeaient pas leurs lèvres. C'est désagréable, cette pression sur les veines. Elles m'ont à nouveau attrapée, me conduisant ailleurs. Au moins, j'n'avais plus cette sensation de froid dans le dos, et ce n'était pas plus mal comme cela. Elles m'ont lâché ailleurs. Il y avait tellement de lumière que j'étais complètement aveugle. Et là, j'ai voulu hurler. Mais rien. Pas un son. Avec le recul, je me suis aperçue qu'il n'y avait pas de bruit. Rien. Le monde autour de moi était muet. Mais les femmes remuaient les lèvres. Elles devaient se comprendre. Ou j'étais sourde. J'étais sourde et muette. Aucun son ne s'échappait de ma gorge. Mes cordes vocales ne vibraient pas. Je ne sentais rien, je remuais. J'étais mal. Qu'est-ce que j'ai? Et pourquoi je suis sourde, maintenant? J'ai bien entendu le patéras et la mitera communiquer, et c'est de là que je sais penser avec des mots, mais maintenant, il n'y a plus rien. Peut-être que les tympans sont encore en état léthargique, aucune idée. Pareil pour la gorge, aussi. J'sais pas, j'sais rien. Je sens une horrible douleur dans mon nez. Ces salopes... Je... Elles m'enfoncent le tube en plastique dans la gorge. Je ne pleure pas. Je ne vois rien, je n'entends rien, je ne peux pas parler. Et une vive piqûre dans le bras. Ma vision change, mais reste inefficace. Je vois leur ombre. Et puis, plus rien.
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Développer:
Sophita Nikoleta Aelis avait tout de la jeune fille modèle. C'est elle qui s'est occupée en grande partie de sa jeune sœur, de toi, Demi, tandis que la mitéra se prostituait et que le patéras buvait. Elle réussissait, en cours, faisant même partie des plus brillantes élèves de sa promotion. Toutefois, elle restait simple, chaleureuse, attentive, modeste, engagée, combative, serviable, polie, obéissante, gentille, drôle, calme, réfléchie, patiente, habile de ses mains, paisible, motivée, audacieuse, bienfaisante, compatissante, délicate, éblouissante, exemplaire, gracieuse, humble, indulgente, lucide, optimiste, ordonnée, ponctuelle, sincère, et avant tout sociable. Elle semblait partie pour avoir un avenir radieux. Elle se devait d'en avoir un. Dans l'ombre de sa sœur aînée, la cadette de la famille, c'est-à-dire toi, n'enviait personne. Tu n'étais pas du genre à jalouser les autres, te contentant de ce que tu possédais. Sophita aimait jouer avec toi. Vous alliez dehors pour courir, grimper aux arbres. Elle te soignait lorsque tu t'écorchais. Elle te lisait des histoires, le soir avant de t'endormir. Sophita était, en plus d'être sincère, attentive et adorable, belle comme un cœur. Sa chevelure blonde noyait ses épaules et son dos de manière conséquente. Elle était grande, pour son âge, Sophita. Elle adorait porter des robes blanches et de grands chapeaux. C'était une reine des origamis. Elle était imbattable, et avait un don pour en créer de nouveaux sans avoir besoin de modèle. Elle aimait aller à la plage, et elle nageait comme une sirène. Il ne lui manquait qu'une seule chose. Sophita, sa voix était laide à en mourir. Elle n'avait aucun timbre, aucune valeur. Ni alto ni basse. Elle ne vivait pas, sa voix, à Sophita. Elle pleurait ces mugissements hideux. Elle chantait atrocement faux. Sophita, elle aurait pu être très largement parfaite. Il ne lui manquait que ce que tu possédais largement. Sophita N. A. était devenue la nouvelle mitéra. Et Sophita N. A. était délicieusement jalouse de toi, sa cadette. Tout était trop parfait. La situation allait devenir plus que critique. Du haut de tes six ans, Demi Cassandra Méryl, tu le savais. Un jour, Sophita Nikoleta Aelis connut ses premières menstruations. Elle venait d'avoir neuf ans. Tu entendais ses hurlements bestiaux. Elle, comme toujours, restait silencieuse. Tu ne pouvais rien faire. Les portes étaient toutes closes. La femme pervertie veillait, rôdait. La fenêtre, hors de sa portée. Tu devais aller la secourir, lui venir en aide. Tu le savais. Mais tu n'y arrivais pas. Tu ne pouvais pas. Tes yeux ambrés s'embrumèrent. L'eau roulait sur tes joues creuses, s'écrasait sur le parquet poussiéreux. Seule. Chez toi, seule. Tes parents, ordures. Seule, à devoir supporter ces sons vomitifs, ces caresses douloureuses, ses images vulgaires, ces pensées répugnantes. Tu la voyais sourire, parfois. Imaginais ses larmes chaudes en cet instant dégradant. Demi. Toi, sa soeur. Peut-être n'attendait-elle que toi. Que tu pénètres l'antre de ses bourreaux, que tu ailles pourfendre les cœurs en décomposition de ces êtres infâmes. Ou alors, n'espérait peut-être que tu restes à l'écart. Par pudeur, par honte. Elle savait clairement que tu étais au courant de son châtiment. Elle n'avait sans doute pas envie que cette rumeur s'ébruite. Compréhensible. Ton nez sécrétait une pâte gluante que tu tentais de faire disparaître au moyen de ta manche trouée. Plus de mouchoirs. Les mouchoirs te faisaient penser au papier. Le papier, à elle. Elle. Origamis. Elle. Sophita. Elle. Lorsque la mitéra cherchait à s'imposer, elle était battue. Sophita, dans sa candeur absolue, ne pouvait faire autrement que se taire pour ne pas être violée à nouveau. Le patéras avait tous les pouvoirs. Et le mieux, c'est qu'il était immunisé aux plaintes. Être un flic, même alcoolique, ça a ses avantages en général. La sœur pleurait. Elle pleurait en silence pour ne pas les réveiller. Peine perdue. Tu t'aventuras près de la porte de la salle de bains close. Elle venait de s'y enfermer. Ses sanglots te fendaient le cœur. Ils étaient laids. Ils n'avaient aucune personnalité, pas de jolis bruitages, non. Certains pleurs sont ravissants. Les tiens, Demi, étaient merveilleux. Tu ne pleurais que très peu, voir jamais. Sophita, elle, se laissait aller de plus en plus souvent. Sa joie de vivre se dissipait, petit à petit. Tu restas contre le mur un long moment. Puis elle cessa son excès de pouvoir sur la poignée pour la déverrouiller. La porte s'ouvrait de l'extérieur, pour venir rencontrer le mur de droite. Ainsi, tu pus rester cachée efficacement. La sœur s'était calmée. Elle se dirigeait vers sa chambre. Doucement. Elle errait comme un spectre. Toi, tu semblais être le démon voyeur. Tu entras dans la pièce dès qu'elle eut disparut derrière une cloison. Ton regard fut irrémédiablement attiré vers la poubelle du fond. Tu t'en approchas, fouillas quelques secondes. Tu récupéras un test de grossesse. Cependant, tu ne comprenais rien à ces chiffres. Tu le jetas, et retournas te coucher. Tu n'étais pas une étoile à l'école, et ne le seras probablement jamais. Ta sœur souriait, mentait à la perfection. Tu ne t'inquiétais pas plus que cela pour ton aînée. Elle était grande, depuis son anniversaire. Dix ans. Tu venais d'en avoir huit. Deux malheureuses années qui, pourtant, faisaient toute la différence. Tu passas ta dernière année dans cette école avant de rejoindre des cours à domicile. Tu ne te plaisais guère, entouré des autres. Tu aimais être seule. Mais tu n'étais pas dupe. Tout le monde se foutait de ton bien-être. Le véritable objectif, c'était de ne pas faire d'ombre à Sophita. Vous faisiez du chant, avant. Toutes les deux, ensemble. On t'avait inventé un faux nom et avait forcé les professeurs à te cacher au maximum. Et lorsqu'on prit en compte le fait que ta voix était impossible à couvrir, on te fit quitter la chorale. Tu n'eus plus le droit d'ouvrir la bouche en public. Pendant les repas de famille, les questions qui t'étaient destinées se faisaient rares; et quand bien même il y en avait, le patéras répondait à ta place et la mitéra détournait la conversation de sorte à ce que sa fille soit le centre d'intérêt de tous. Il n'y avait rien à dire à propos de toi, Demi. Tu n'étais pas magnifique, tu étais discrète, tu ne ferais sans doute jamais de longues études, et pire, tu refusais catégoriquement de faire policière. Comme le patéras. Tu fêtais tes neuf ans. Il n'y avait personne. Sophita était en compagnie de la mitéra et du patéras pour les derniers achats de sa tenue de bal du lendemain. Quelque chose qu'avait organisé l'école, auquel tu ne pouvais pas assister puisqu'il y aurait un karaoké. On t'avait acheté un gâteau tout prêt à passer au four. Il ne manquerait plus que le four soit trop haut pour que tu puisses y accéder. Quelle ironie. Tu le goûtas froid, ne le trouvas pas délicieux ni même comestible. Il te fallait pourtant le finir, de peur de n'être, à nouveau, réprimandée. Tu t'infligeas ta propre punition, omettant le fait que la mitéra et le patéras seraient bien trop obnubilé par la sœur pour te demander où était passé le gâteau. Le patéras passait le plus clair de son temps au commissariat. Il ne rentrait que pour aller voir Sophita, et parfois la mitéra. Cette dernière était au chômage. Elle travaillait dans la composition musicale, avant d'arrêter toute activité pour satisfaire pleinement les besoins du patéras et de sa fille. La famille Hekmatyar n'était pourtant pas n'importe quelle famille. Ancienne maison noble de l'Ouest, la génération précédent l'avant dernière avait fini de les ruiner. Ils durent reprendre une vie de pauvres travailleurs dans un appartement miteux, hypnotisés par l'illusion d'une gloire passée maintenant éteinte. La mitéra ne t'avait jamais racontée cette histoire, le patéras encore moins; tu l'appris lors d'une conversation entre la feu grand-mère et la mitéra. C'était illégal, d'écouter aux portes. Cela ne t'empêchait pas de le faire. Tu finis ta part de gâteau avec dégoût, jetas le reste aux ordures. Personne n'en voudrait, de toutes façons. La famille, bien que nombreuse, ne te communiquerait pas ses souhaits de bonheur. La famille ne connaissait pas ta date de naissance, l'oubliait, ou si elle la connaissait l'oubliait délibérément. Tu n'avais jamais demandé pourquoi un tel châtiment. D'un autre côté, c'n'est pas comme si tu te préoccupais outre mesure de ton traitement au sein de la lignée. Il y avait déjà une multitude de secrets de la sorte à taire. Tu n'allais pas en plus t'amuser à essayer de les faire éclater au grand jour. Après tout, ton image n'était déjà pas la plus sublime qui soit. Il fallait limiter la casse pour le moment. La mitéra ouvrit la porte alors que tu regardais un dessin animé. Tu adorais les dessins animés. Sophita ne s'arrêta pas te saluer, fila dans le couloir, prit l'escalier. Sa chambre se trouvait au rez-de-chaussée. Si elle tournait à droite, elle irait dans la salle de bain. Elle prit à gauche, la chambre du patéras. Ben voyons. Rapidement, le flic s'engagea dans le couloir, dans l'escalier, à gauche. Tu laissais la télévision allumée, te levas. La mitéra était dans la cuisine. Tu allas lui demander pourquoi tu n'avais pas de cadeau. Elle te répondit d'un ton plus froid que la mort que tu n'étais qu'un misérable accident, que tu n'avais même pas à exister, que tu n'étais qu'une sale vermine, qu'elle donnerait tout pour te voir à la place de sa fille, que tu étais un monstre, que tu étais ignoble, que tu étais inutile, que tu devrais être à sa place, que tu devais crever. Ah, les secrets.
Puisque rien ne t'étais permis, tu dus découvrir les merveilles du monde par toi-même. Tu avais commencé avec les dessins animés, puis les films d'animation. Tu vouais une fascination sans bornes pour ces êtres de papier mis en mouvement. Le papier. Mais ce papier n'était pas un origami. Ce papier-là n'était pas Sophita. Ta première reine fut Khionáti, la première fille de monsieur Disney. Tu les regardas tous, sans exception. D'autres studios s'amusaient avec ces petits êtres fictifs. Tu en raffolais. Mais le cinéma n'était pas réellement la tasse de thé des Hekmatyar. Tu décidas de découvrir la musique. La radio était cassée, les cassettes audio, les vinyles puis les disques chez toi n'étaient consacrés qu'à la musique classique. Tu appréciais, au début. Mais rapidement, tu fus dégoûtée. Les chansons que tu entendais dans la rue te plaisaient plus que le mot. Tu découvris la musique des années quatre-vingt. Tu découvris le rock n' roll. Le reggae. La disco. Le folk. Le métal. La musique symphonique. Le rap. L'électro. Et tellement d'autres encore. Tu tombas amoureuse de la musique. Chez toi, tu n'en écoutais jamais. Tu t'intéressas, mais un peu tard, à la lecture. Aux bandes dessinées, surtout. Elles te rappelaient les dessins animés. Tu adorais cela. Toi qui n'aimais pas foncièrement lire, tu semblais pourtant comblée. Tu ramenais ce que tu empruntais à la bibliothèque en priant pour que l'on ne fouille pas dans tes affaires. Lorsque la mitéra découvrit que dix dollars par mois disparaissaient mystérieusement, tu ne ramenas plus jamais de bandes dessinées chez toi. Tu essayas quelques sports, comme l'athlétisme, le football, le volleyball, sans succès. Tu n'étais pas friande de ce genre d'activité, restais très souvent chez toi à dessiner. Sophita ne jouait plus dehors avec toi. Elle se plaignait souvent de douleurs diverses, devenait insupportable, manquait souvent les cours. Le patéras se retrouvait souvent avec l'administration du collège sur le dos, lui demandant des nouvelles de l'aînée. À chaque coup de téléphone de leur part, il allait s'enfermer quelque part pour être seul. Malgré cela, tu ne cherchais pas les ennuis, surtout pas avec le patéras, et te fichais pas mal de la situation. Sophita se fichait de toi, maintenant. Alors bon. Tu rêvais en secret de vivre de ses motifs et de ses personnages inanimés. Tu les voyais d'ailleurs déjà se mouvoir sur un écran pixelisé. L'instituteur les avait trouvés, ces dessins. Il les avait même complimentés. Tu étais heureuse. Alors tu continuais. C'était drôle, tout ça. Mais un jour, tu découvris mieux que cela. Ce magasin n'en était pas un. Tu dépensais de l'argent pour ne rien obtenir. Curieusement, tu entras. Les néons t'agressaient. Le bruit te rendait sourd. Et lorsqu'on te présenta l'une de ces énormes machines de fer, tu eus du mal à l'abandonner par la suite. Les jeux vidéo, les bornes d'arcade. Il te fallait absolument une console de jeux. Obligatoirement.
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Développer:
Comme tous les matins, le premier geste de ta part fut de se diriger vers la salle de bain. La montée de l'escalier était, comme toujours, tremblante. Aujourd'hui elle l'était pour l'on ne sait quelle raison encore plus. Tu avais entendu ta sœur se lever pour aller vomir un nombre de fois trop important pour être retenu. Tu arrivas face au miroir sans t'en préoccuper. Le seul détail qu'il t'eut perturbé en ce matin pluvieux était le carton posé à côté du lavabo que ta sœur avait oublié de jeter. Tu ne remarquas pas que tu l'avais très bien vu d'un seul coup. Cela ne ressemblait d'ailleurs pas à Sophita, comme attitude. Elle qui était toujours si ordonnée, si méticuleuse, si perfectionniste. Demi, sans t'en rendre compte, t'emparas de la boîte et la jeta dans la poubelle en se demandant quand est-ce que ce test se révélerait enfin positif. Depuis le temps qu'elle pissait dessus, Sophita. Tu ouvris le robinet. L'eau était glacée. Tu frémis, attendis que le liquide bienfaiteur le soit réellement. La chaleur ne te submergea pas. Jour de coupure d'eau pour cause de travaux dans la rue. C'était écrit sur un post-it contre le frigo. C'est vrai. Tu ne manquas pourtant pas à tes habitudes, et t'aspergea le visage d'eau pour te maintenir éveillée. Neuf ans et demi, déjà saoulée de la vie. C'était précoce, comme sentiment. Tu te sentais d'humeur spirituelle, ce matin. C'était un jour de repos, tu allais pouvoir voler de l'argent dans les poches des pantalons sales du patéras pour aller jouer aux jeux vidéo. Cela te rendait heureuse. Il t'en fallait peu.
La famille Hekmatyara toujours été catholique pratiquante. Demi, bien qu'élevée dans cette ambiance, tu ne fus jamais réellement touchée par l'éducation religieuse. On ne t'avait pas baptisée, on ne t'avait jamais fait rentrer dans une église. Tu n'en avais pas le droit. Sophita y allait tous les Dimanches, jour de la messe. Elle croyait très fort aux pouvoirs du Créateur. Toi,ma chère Demi, n'y croyais pas le moins du monde. Pourtant, tu fus bien obligée de reconnaître l'existence des miracles lorsque tu découvris les zombies. Ces êtres ni morts ni vivants que l'on pouvait abattre de sang froid sans remords étaient un cadeau du ciel. Resident Evil te comblait au mieux. Tous les autres suivants le même principe te ravissaient. Tu remercias le Seigneur des milliers de fois pour t'avoir fait découvrir cela. Tu étais le seul être potentiellement humain au monde à remercier Dieu de te permettre de tuer. Puis les films d'horreur envahirent sans tabou les écrans de télévision. Si tu ne pouvais les regarder, tu notais leur nom, volais de l'argent, et allais payer un ordinateur dans la salle d'arcade pour le visionner tranquillement. Les plus récents comme les plus anciens étaient fantastiques. Krueger n'avait rien à envier à Scream, qui n'avait rien à envier à Chucky, qui tous n'avaient rien à envier au Jour des Morts-Vivants. Braindead, les Feebles, l'Alien, l'Anneau asiatique, Blair Witch, l'Exorciste. Tu les dévorais des yeux. Des bandes dessinées sortaient sur ces films. Des livres imagées de même. Tu passais tes journées en-dehors de la maison. Lorsque tu daignais rentrer, personne ne te posait de question. La mitéra faisait le trottoir pour arrondir les fins de mois, Sophita était avec le patéras. Tout le monde se fichait de ce qui pouvait t'arriver. Personne ne voyait le monstre émerger. Merci Dieu pour avoir créé l'horreur. Tu eus dix ans. Tu eus dix ans, et pour la première fois, la mitéra t'offrit un cadeau. Tu ne fus pas spécialement heureuse de voir que ton cadeau n'était autre que les rats qui peuplaient le grenier. Il y en avait cinq, en tout. Vu la taille d'un des animaux, il ne pouvait être qu'une femelle en cloque. En effet. À peine les avais-tu déposés dans leur cage que la nuisible commença son travail. Elle en fit sortir un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Elle forçait encore. Davantage. Le sixième semblait lui poser problème. Alors la jeune fille que tu étais, voulut l'aider. Tu t'emparas d'un des rares stylos qui logeaient dans ta trousse et appuya sur le ventre de l'animal pour aider les contractions. Oui. Non. Elle ne fit que couiner un peu plus. Pas le choix, il fallait extraire le souriceau par césarienne. Le ciseau devint ton outil. Tu caressas la tête de la mitéra pour la rassurer. Tu lui chuchotas que tout irait bien. Tu appuyas fort. Très fort. Trop, peut-être. Sortir le petit était clairement impossible. Il fallait y aller avec les doigts. Quand tu arrachas le parasite du ventre de sa mitéra, tu le lui montras. La lame de l'outil avait dérapé, et s'était planté dans le crâne de l'enfant. Tu t'excusas. Mais la mitéra ne répondit pas. Pas un couinement, pas un cri, rien. Elle soupirait, et plus plus rien. L'hémorragie était bien sûr trop importante. Les cinq souriceaux étaient orphelins. Et alors qu'ils dormaient dans leur coin, soigneusement recouverts de paille, tu te demandas pourquoi, le jour de ta naissance, la mitéra n'avait pas fait une hémorragie comme la souris. Les petits se portaient bien. Quand ils seraient grands, tu pourrais les ouvrir, eux aussi. Il te restait tellement d'éléments de l'anatomie à découvrir... Un jour, tu te levas, et alla les voir. Un des mâles, sans doute affamé, en avait dévoré trois, était en train d'attaquer le quatrième. Loi de la jungle ou pas, tu l'attrapas et le jeta contre ta fenêtre. Une bonne occasion pour étudier la boîte crânienne. Ils venaient de commencer la biologie, et attaquaient par la dissection. Une aubaine pour toi. Les autres matières ne te fascinaient guère. Il y avait les mathématiques, que tu ne comprenais pas. La langue française, dont tu te foutais éperdument. L'anglais, qui par contre t'était indispensable pour comprendre les jeux vidéo, mais auquel tu ne t'intéressais pas outre mesure. L'histoire et la géographie, deux matières que tu aurais pu aimer si seulement elles avaient été mieux organisées. Et aujourd'hui, la biologie. La souris. Repérer les différents organes ci-dessous : les poumons, le cœur, le foie, les reins, l'intestin, les ovaires. La moitié quittaient la salle. L'odeur, la vision, étaient pour le moins insupportables. Toi, tu étais seule pour le faire. Personne ne venait te tenir compagnie, en classe. Ton instituteur ne semblait pas s'inquiéter pour toi. Vous vous faisiez mutuellement confiance. Lorsque l'homme t'apporta ton animal, il te vit sourire. Il comprit que le monstre était éveillé. Déjà. Ta seule note parfaite de toute ta scolarité fut celle-ci. Un vingt, surmonté d'une mention excellent.
Un jour, Sophita eut mal au ventre. Le patéras l'emmena à l'hôpital, la mitéra pleura. Ils ne rentrèrent que quelques jours plus tard. Tu ne sus si la petite chose vivante qu'ils ramenèrent avec eux était ta sœur ou ta nièce.
L'aînée n'allait plus en cours, et mangeait beaucoup de fraises. Elle en raffolait et en quémandait tellement qu'elle semblait en dépendre. Elle restait souvent dans la cave. Le patéras descendait les trois quart du temps lui tenir compagnie. Il était attentionné, pas forcément doux à l'entente des cris que la belle avait tendance à pousser. Mais elle vivait, c'était l'essentiel. Elle ne remontait à la surface que rarement. L'ancien fœtus était invisible. Même la mitéra n'avait aucune nouvelle. Sans doute qu'elle devait être avec ta sœur. Cela paraissait logique. Sophita ne jouait plus, ne riait plus. Non, Sophita Nikoleta Aelis s'efforçait de demeurer la plus silencieuse possible et ne sortait jamais. À l'inverse, plus le patéras et la mitéra t'oubliaient, plus tu t'amusais. Tes journées se limitaient au dernier record à battre sur la borne d'arcade de The House of the Dead et aux personnes que tu rencontrerais là-bas. Depuis quelques jours, une jeune fille squattait la borne, l'unique borne Ultimate Mortal Kombat 3 et ne semblait pas vouloir en décrocher. Cette fille, elle ressemblait à Sophita. Elle avait les mêmes longs cheveux d'or, les même grands yeux bleu turquoise, la même taille fine. Sauf que cette fille n'avait pas des seins aussi gros que ceux de Sophita. Elle jouait sans même s'apercevoir que son trône était convoité. Le directeur de la salle alla lui parler. Elle refusait catégoriquement de s'en aller. Pourtant, ils trouvèrent un terrain d'entente. Un tournoi serait organisé autour de cette même borne. Si quelqu'un parvenait à la battre, elle céderait sa place et partirait. L'homme n'hésita pas un instant. Ainsi débuta les premières manches. Sa moyenne de temps passée sur chaque manche ne dépassait jamais les huit secondes. Huit secondes pour battre une fois un ennemi. Il fallait le vaincre deux fois. Seize secondes de jeu, c'était mieux que rien. La fille prenait toujours le même personnage. Sindel. Elle ne perdait jamais. Enchaînait les Fatalities. Puis arriva son tour. La queue ne fut pas très longue. Elle expulsait les prétendants au titre en seize secondes et la moitié des candidats dans la file se désistait, soit pour ne pas se faire laminer par une gonzesse, soit prétextant une quelconque triche, soit simplement par peur. Tu pris le joystick en main. Elle te sourit, te salua dans sa langue. Elle avait un accent de l'Est. Un accent de communiste. Sindel VS Rain. Le combat pouvait commencer. Rain redoutait les huit secondes. Tu gardais les yeux sur le timer, appuyais sur n'importe quelle touche. Six, sept, huit. Et rien. Les yeux de la fille restaient gravés contre l'écran. Rain était vivant, subsistait encore. Rapidement, tu cherchas à la devancer. Sa barre de vie baissait à vue d'œil. tu menais la danse, elle paniquait. Puis tu sautas, elle sortit un uppercut. Elle sourit, fière. Elle savait qu'elle venait de reprendre le dessus. Demi, tu avais tenu trente-six secondes. Ce n'était pas suffisant. Sindel wins. Battle 2, fight. Tu repris le même mode opératoire. Visais ses jambes. Elle n'utilisait jamais la garde, se protégeant grâce à l'attaque. Elle s'était spécialisée dans les enchaînements de combos. Et très souvent, elle ne visait que le haut du corps, laissant complètement vulnérable sa partie basse. Rain en profita. Il tapait, frappait, ne lui laissant aucun temps mort. Jusqu'à ce qu'elle esquive. Elle se mit en garde, épousa le dernier coup avant de sauter et de lui envoyer son talon dans le visage. Elle s'approcha de Rain, attendit qu'il se relève, lui asséna un uppercut qui l'envoya à l'étage au-dessus. À partir de cet instant, il eut beau vouloir parer, elle ne lui permit point. Sindel wins. Fatality. Tu te dirigeais déjà vers la sortie lorsqu'elle t'attrapa le bras. Elle sourit, te félicita, te dit que tu avais réussi à tenir plus d'une minute. Son sourire ressemblait à celui de Sophita, avant. Mais son accent était moscovite. Elle te chuchota son prénom. Syndel. C'est comme Sindel, mais il y avait un -y à la place du -i. Elle te souhaita bonne chance pour la suite, puis elle partit.
Demi, tu n'as jamais eu beaucoup d'amis. Il n'y avait que Sophita qui t'écoutait. Plus maintenant. Les géniteurs ne t'aimaient que le minimum, les enfants t'évitaient. Tu n'étais pas aimé. Tu ne l'avais jamais été. Il y avait bien eu cette Syndel, à un moment donné durant les vacances. Elle était russe, et aimait jouer avec toi. Elle disait que tu étais un ennemi à sa hauteur, et tu en étais fier. Un soir, elle te dit au revoir. Elle ne t'avait jamais dit au revoir. Tu le lui rendis, lui souris, et tu ne la revis jamais. Elle était partie, comme ça. Bien qu'elle n'eut jamais parlé à personne mis à par toi, tout le monde remarqua son absence et s'interrogea. Le gérant de la salle alla te demander si tu savais où elle était passée. Tu répondis qu'elle était retournée en Russie. Les arcades paraissaient la pleurer. Personne n'osait parler trop fort. Il n'y avait plus de vie, depuis qu'elle était partie. Cette journée fut l'une des plus tristes de ta vie. Tu rentras chez toi en traînant les pieds. Tu connaissais pourtant le chemin pour rentrer par cœur. Il n'y avait pas réellement de bruit. Tout juste quelques cigales amorphes. Tu ouvris la porte d'entrée sous les coups que le patéras offrait à la mitéra. Tant pis pour cela. Tu esquivas le champ de bataille, montas à l'étage. En entrant dans la salle de bains, là où tu avais installé les sujets de dissection, tu rencontras Sophita Nikoleta Aelis. Celle qui fut, un tant soit peu, ta sœur aînée. Elle te regarda dans les yeux. Jamais elle ne t'avait regardée aussi longtemps dans les yeux. Sophita n'était pas de genre à fixer ses interlocuteurs de la sorte. Elle était douce, Sophita, douce. Elle te cracha que ce n'était pas elle qu'il voulait sauter. Qu'au mieux, elle n'avait qu'un corps féminin, et qu'il lui disait tout le temps que sa voix était d'une rare laideur. Tu ne voulais pas en entendre davantage, souhaitas t'enfuir. Elle t'attrapa le poignet, et te colla au mur. En bas, la mitéra hurlait. Nikoleta te cria que la mitéra était trop vieille, et elle pas assez parfaite. Que celle dont il n'arrêtait pas de parler, pendant qu'elle allaitait sa fille, c'était toi. Qu'elle et la mitéra n'avaient jamais mérité cela, que tu aurais dû naître normale pour être baisée comme elle l'était tout le temps, enceinte, mitéra à ton tour. Elle te murmura que tous les soirs, le patéras ne parlait que de toi, de ta beauté diaphane, et de ta voix envoûtante. Elle te dit que tout était de ta faute, que c'était à cause de toi qu'il la brûlait avec le mégot de ses cigarettes, avant de tressaillir. Elle te lâcha. Tu la regardas s'agenouiller face à toi, sans bruit. Son ventre et ses seins avaient doublé de volume. Elle en attendait un autre. Encore. Elle se releva, descendit, stoïque. Dès qu'elle posa le pied dans le salon, la mitéra fut sauvée. Le flic ne priva personne du spectacle qu'il offrait à sa fille tous les jours depuis ses premières règles. La mitéra pleurait sur les hurlements bestiaux des deux procréateurs.
Bon, voilà, j'ai voulu faire mon Jack et me faire mon petit modèle de fiche à moi car j'avais juste envie de faire mumuse avec le BBCode. J'ai d'ailleurs obtenu l'autorisation de mademoiselle la charmante fondatrice à ce sujet. J'ai aussi mis un averto' afin que personne ne poste avant que ce test/ future fiche ne soit fini(e)s. Merci d'avance aux admins, modos et membres\o
ren ♠ Junkie Punkie Dandii ♠
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Sujet: Re: Demi Hekmatyar [okasaki] Lun 7 Jan - 0:40
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Développer:
Il pleuvait. Tu tenais absolument à sortir. Tu bataillas pour finalement y parvenir. Saint-George était une vraie prison. Tu y étais rentré il y a deux jours. Il n'y avait que des fous, ici, de vrais demeurés. Ta colocataire était une paranoïaque. C'était invivable. La pluie qui roulait sur ton visage te faisait un bien fou. On n'avait rien trouvé de mieux que de t'envoyer chez les dingues. Ils pensaient que tu trouverais ton bonheur dans les cachets ou les seringues. Une hypothèse comme une autre. À bout de force, tu te retrouvas dans le parc au fond des jardins. Un petit ruisseau s'écoulait en silence jusqu'à une mare artificielle. Tu t'assis sous un arbre au bord de l'eau. Un saule pleureur. Les larmes des cieux se faisaient de plus en plus violentes. Tu plongeas la main dans le courant. Il n'y avait rien. Le contact du froid sur ton épiderme te laissait de marbre. Tu pensais à Sophita. Tu pensais à leur regard assassin. Ils n'ont pas hésité à t'envoyer ici. Il en allait de leur sécurité. Tu retiras ta main de l'eau, la posas sur ton front. Les genoux contre le torse, tu cachas ton visage. Tes sanglots, eux, n'étaient pas inaudibles. Au contraire, ils faisaient rougir les environs par leur splendeur. Attirée par l'eau, jamais immergé, la beauté succube et la voix enchanteresse. Tu restas seule. Jusqu'à sentir une ombre planter au-dessus de toi. Étrangère. Tu pris sur toi un sérieux et un stoïcisme presque crédible, avant de redresser le visage. Il n'avait aucun besoin de le lever de trop. Elle s'était mise à ta hauteur. Cette fille te regardait fixement, sans ciller. Elle portait un parapluie noir à l'étrange garde à tête de canard, qu'elle tenait par le bec. Elle portait une robe rouge, agressive. Accroupie, elle ne semblait pas gênée par la vue précise qu'elle offrait de son sous-vêtement. Elle avait même l'air d'en être consciente et de ne pas s'en soucier. Peut-être avait-elle comprit que tu n'avais pas la moindre intention de la regarder à cet endroit. Peut-être. Elle t'offrait l'abri sans te demander quoi que ce soit. Et elle te dévisageait. Comme ça. Elle finit par te demander ton nom. Tu lui répondis Méryl, ce qui n'était pas faux. Elle tenait contre son ventre un cahier noir, elle te montra et l'ouvrit. Elle était agile, même d'une main et accroupie. Elle attrapa le stylo noir qui était accroché à l'une des pages. Elle nota quelque chose. Elle n'avait pas quitté tes yeux de braises. Les siens, en comparaison, étaient aussi noirs que l'ébène. Elle te dit que tu ne mentais pas, et que de ce fait tu ne sortirais pas de sitôt. Toi, tu ne sus quoi lui répondre. Avec un temps de recul, tu lui demandas pourquoi. Elle te répondit que selon les codes de l'administration, un enfant de son âge ne pouvait rester plus de cinq ans ici. Soit, selon un physique qui n'excédait pas les douze ans et une joliesse notable, le pourcentage de chance que tu restes là les cinq ans était quasiment nul. Elle marqua une pause, reprit. Cependant, ne pas mentir réduit de quatre-vingt quatorze pourcents de chance de sortir avant la fin de la peine. Soit, partant du principe que tu sois nouvelle, moins dix pourcents de chance de sortir plus tôt, que tu n'avais pas l'air de connaître grand monde, moins cinq pourcents, que tu ne mentes pas, moins quatre vingt-quatorze pourcents, mais que tu sois jeune et belle, plus cinquante pourcents -vingt cinq pourcents chacun en plus, que tu n'ais pas l'air malade physiquement ou que ton handicap ne soit pas visible du premier coup d'oeil, plus quarante pourcents, et que tu sois sans doute bonne à quelque chose, plus quinze pourcents, tu arrivais à un total de moins quatre pourcents de chance de sortir d'ici plus tôt. Tu fis des yeux gigantesques. Tu n'avais rien comprit. Elle soupira, et te dit que si tu ne mentais pas, tu passerais au mieux trois ans, cent quatre jours, douze heures, seize minutes et cinquante-neuf secondes, au pire quatre ans, dix jours, quinze heures, vingt-sept minutes et trente-huit secondes ici. Cela revenait à dire que tu passerais en théorie cent trois millions six cents trente-sept mille huit cents dix-neuf secondes ajoutées à cent vingt-sept millions cent cinquante mille cinquante-huit secondes, soit deux cents trente millions sept cent quatre vingt-sept mille cent soixante dix-sept secondes divisées par deux, donc cent quinze millions trois cent quatre-vingt treize mille cinq cent quatre vingt huit virgule cinq secondes à passer ici. Soit plus de trois ans et demi. Excluant les mois et la répartition étrange des jours, et bien sûr le plan social qui fausse évidemment tout calcul potentiellement logique. Voilà. Elle se redressa, révélant une Demi complètement perdue. La jeune fille ferma son parapluie, épousant l'eau qui roulait sur son corps frêle. Elle se servit de la pointe humide pour soulever ton menton vers sa grandeur. Elle te dit que tu ne sortirais jamais si tu ne mentais pas. Et elle s'en alla. On avait beau dire tout ce qu'on voulait, l'hôpital psychiatrique n'était pas la caverne des horreurs. Mélanie Dewit devait avoir une trentaine d'années. Elle passait le plus clair de son temps collée à la fenêtre donnant vers l'extérieur, guettant les moindres allées et venues. On pensait qu'elle attendait son fils, Quentin. Elle était persuadée qu'il viendrait la voir. Elle n'avait pas comprit qu'il était mort il y a déjà trois ans dans un accident de voiture. Les seuls moments où elle devenait encombrante, c'était lorsqu'il fallait la déloger de sa vitre, notamment pour la nuit. Sinon, elle n'était pas turbulente. Delphine Marcus ne vivait que pour son potager. Elle adorait cultiver ses légumes, enterrés quelque part au fond du jardin principal. Elle les arrosait, les faisait pousser, et quand ils étaient mûrs, le docteur Diego Spinosa venait avec elle les cueillir. Il lui avait promis de convaincre le cuisinier de les servir au repas, et il avait maintes fois essayé. Il fut malheureusement contraint d'avouer à Delphine qu'il lui était interdit de servir ces légumes. Elle s'en rendit malade, mais reprit vite sa joie de vivre et continua sa petite production. Arsène Heintz était un très grand fanatique d'Elvis Presley et adorait danser. S'il ne devait y avoir dans tout l'établissement qu'une seule pièce musicale, c'était sa chambre. Il n'était d'ailleurs par rare de l'entendre hurler les paroles de ses chansons favorites à tue-tête dans les couloirs, au grand désespoir de certaines infirmières qui avaient le malheur de passer par là. Il adorait inviter Irene Adams Keller, la nouvelle venue discrète mais gentille, à danser un tango adroit qu'il menait très bien. Parmi les figures marquantes, il y avait Trévor Murdok, qui lui passait ses journées devant les émissions de chasse et pêche. Assis, seul sur son canapé, il se prenait la tête dans les bras et se balançait d'avant en arrière en chuchotant des interjections que lui seul comprenait. Spinosa avait eu peur, la première fois qu'il avait vu Trévor faire son cinéma. Il comprit bien vite qu'il n'y avait aucun risque, et surtout aucune inquiétude à avoir. Alors que la plupart des médecins psychiatres se foutaient éperdument de l'état de leurs patients, Diego Spinosa était la douceur, l'attention, et la justice incarnées. Il adorait faire des sorties avec ses patients, ne les privait jamais de rien. Il était jeune, Diego, et n'avait jamais été en contact avec des malades mentaux profonds dangereux. Il pouvait se permettre donc cette liberté dont il ne se lasserait pour rien au monde. On avait beau dire ce qu'on voulait, les malades ici étaient heureux. Et de fil en aiguille, on avait du mal à croire certains malades. Tu étais ici depuis deux semaines, et n'avais jamais revu la jeune fille qui t'avais accueillie. Par curiosité, tu avais demandé à Spinosa son nom. Elle s'appelait Cammy, et venait de l'orphelinat de Grace, loin d'ici. Diego refusa d'en dire plus, par respect pour la jeune fille et aussi tenu par le secret professionnel. Cammy. C'était un joli prénom.
Tu t'emparas de ton crayon noir, écartelas la peau de ton œil gauche en chantant. Watching over me! Le trait était fin et précis. L'art de rayonner plus qu'à l'accoutumée. Les enceintes diffusant la musique de base sursautaient à chaque note. C'était Noël. C'était la fête, comme tous les ans. Diego t'avais parlé de cette période. Il y avait un bal, et les patients pouvaient faire ce qui leur plaisait. Mieux, une sortie en ville était organisée, pour aller acheter les cadeaux, le sapin, les décorations. Même si tu n'y participais pas autant que tu le devrais, cette période de l'année suscitait énormément d'excitation chez les autres. Ils adoraient s'occuper de l'hôpital. Sans doute qu'ils y vivaient depuis tellement de temps qu'ils devaient avoir besoin de ce rayon de soleil dans leur quotidien. Tu n'y étais que depuis trois ans. C'est fou ce que l'on peut devenir séduisante en si peu de temps. Tu vis à travers la fenêtre le car partir en direction du centre ville. Fantastique. La musique avait envahi tout le bâtiment. Et ta voix résonnait, se gravait dans les murs. Tu admirais ta poitrine, sa taille non négligeable. Tout t'allait parfaitement bien. Ta peau était impeccable, ton corps en lui-même était parfait. Il lui manquait peut-être un peu de graisse, c'est tout. Il était parfait. Et la note que tu sentis s'élever de ta gorge vers l'extérieur l'emplit d'une puissance que tu ne connaissais pas. Tu étais parfaite, Demi. C'est juste que tu ne l'avais pas vu venir. Le psychiatre Adolf Bergmann t'attrapa par l'oreille, te la tira, et te conduit dans son bureau en te sermonnant. Quelle vie. Bergmann n'est qu'un gros con. Tu donnas un grand coup de poing dans la porte de ta chambre avant de t'y enfermer. Il n'y avait pas de serrure, donc, pas moyen de fermer à clef. Cependant, il suffisait de coincer la poignée avec une chaise qui traînait et le tour était joué. Bergmann n'était donc qu'un salaud de la pire espèce. T'ayant privé de repas pour cause de nuisance sonore, il t'avait renvoyé dans ta piaule sans même te dire au revoir. Il n'avait aucun sens des priorités, ni même de la supériorité. Il ne pouvait être qu'abruti. Tu n'avais pas droit de manger, ce soir. Cause d'insolence. Alors tu resterais là, seule. Tu envoyas ton pied contre ton lit, le déplaças. Bergmann allait voir, si tu étais bonne à rien. Se tu n'étais qu'un voyou sans avenir. Il allait voir, cet enfoiré. Tu avais crocheté la serrure. Diego t'avait donné les clefs, mais Bergmann était passé dans son dos et te les avait confisquées. Tu entras dans la pièce. Bien qu'elle ne soit jamais utilisée, elle était propre comme un sou neuf. Les instruments étaient rangés dans des boîtes, dans des armoires, dans un placard. Il n'y avait que pour toi, trop imposant pour être rangé où que cela soit. Un piano à queue. Tu t'y installas, négligemment. Devant toi, des pages de partitions oubliées. Tu ne savais pas les lire, ne les regardas même pas. Une note. Deux. Tu souris. Quelques esquisses, drôles. Autodidacte. Tu te laissais aller sur les soixante treize touches bicolores. Sans but. De vieux os fourbus rongés par l'acide retrouvant le lieu sur lequel ils aimaient perdre leur temps. Quelques notes, qui suffirent à t'octroyer le plus beau sourire du monde. Heureuse. Tu laissas une larme perler au coin de tes cils maquillés. Tu en pleurais. Ton nez se gonfla. Tu n'avais rien à chanter. Ta gorge était muette. Tes doigts s'affolaient sur une partition nue, insonore. Tu étais là, seule, devant ce noir et ce blanc. Tu n'ouvrais pas la bouche, te suffisant des bruitages simples qui s'échappaient des cordes. Les dix phalanges en effervescence. Puis, un son. Une note. Tu la trouvas de manière sonore affreuse. Tu hurlas ton dégoût, jetas tes bras vers l'avant. La porte était ouverte. Le sol épousait les échos lourds des pas de l'ennemi en approche. Tu bondis du siège, allas ouvrir la fenêtre, et te cachas derrière le mur, en équilibre sur le mince rebord qui te sauvait d'une chute de trois étages. Il était certain qu'un pareil saut aurait évidemment souillé ton corps divin. L'inconnu entra dans la pièce, résolument vide. Il y resta quelques secondes, effeuillant les moindres recoins, en vain. Le courant d'air qui entra dans la pièce le chassa. Le regard furtif, tu soupiras, cherchas à regagner le rebord maintenant sécurisé. Ton genou flancha. Funambule, la chute fut lente. Tu ne pensas à rien. Tu cachas tes iris de braises. Les buissons et les narcisses t'enveloppèrent de leur verdure. Spinosa te regardait, riait de bon cœur en te pansant. Tu lui offris un regard noir, bandée par les straps qui aideraient à la création de la future cicatrice qui ornerait ta poitrine. Le médecin te sourit tout en te taquinant. Même si tu avais du mal à encaisser ces moqueries, tu lui rendais son sourire, en essayant de te convaincre de sa futilité. Tu regrettais déjà ton corps parfait, et ça, Diego le savait parfaitement. Il passa une main dans ta chevelure pour te rassurer. Il te dit que tu était toujours aussi ravissante. Tu ne sus comment prendre ce commentaire. En te tendant tes vêtements, l'homme te confia que tu jouais très bien. Tu le remercias. Puis, il te dit que tu gagnerais ton bon de sortie en ayant des témoins. Parti t'habiller, tu te retournas vers lui brutalement. Diego ne te renvoya qu'un sourire, avant de fermer la porte derrière lui.
BACKGROUND5
Développer:
La nuit de Noël était sans conteste la soirée la plus attendue par les patients de Saint-George. Le sapin, gigantesque, trônait au milieu des tables éparpillées dans la salle commune, les cadeaux, bien qu'achetés un peu par hasard pour chacun, attendaient patiemment qu'une bonne âme vienne les distribuer, et l'établissement émerveillait par sa splendeur une fois illuminé de mille feux. Comme tous les ans, les bénévoles avaient fait un travail formidable. Delphine, une fois de plus, avait tenu à ce que l'on trouve ses légumes dans le repas de fête. Le cuisinier, bien que réticent, n'avait eu besoin de céder. Diego, discret, avait déposé dans les cuisines lesdits légumes interdits pendant que la terreur des fourneaux s'était absenté. Il avait par la suite volé les menus du soir pour ajouté à côté de l'indication "poêlée de légumes" les mots "à la Delphine". Tu le savais, et étais bien la seule au courant de cette vérité. Tu avais surpris le médecin en train de subtiliser la pile de documents, et l'avais aidé dans sa mission humanitaire. Depuis, assis aux tables opposées, vous n'aviez de cesse de vous envoyer des regards complices et de sourire à la barbe de Bergmann. Emily Forman, nouvelle venue, t'appela pour lever ton verre avec elle et Cathy, visiblement déboussolée par la musique de fond, le bruit ambiant, et l'atmosphère joyeuse. Elle avait à côté d'elle un petit jeu d'échecs, indispensable. Tu n'étais pas à ton aise. Spinosa t'avait supplié de se vêtir proprement. Malgré ses protestations, le médecin tout sourire t'avait offert une robe, à la fois raffinée et excentrique. Non, vraiment pas, Demi Cassandra Méryl, tu ne te plaisais vraiment pas. En ajoutant une rose bordeaux dans ta chevelure dorée, Spinosa t'avait juré que tout se passerait bien. Tu priais pour qu'il ait raison. Nerveusement, tu bus une gorgée de la coupe de champagne autorisée par le médecin traitant exceptionnellement en enroulant autour de ton doigt l'une des rares mèches de cheveux que tu avais laissé libre. Spinosa t'avait demandé de respecter certains codes de coiffure pour améliorer ton image. Ainsi, tu avais passé des heures, entre ta chambre et la salle de bain la plus proche, à tresser ta chevelure trop longue pour être détachée. Tu étais belle, Demi. Tu le savais. Mais tu n'étais pas à l'aise. Et au moment de monter sur scène, tu ne pensais qu'à quitter cet hôpital au plus vite. Décrocher ta place pour le quartier "Liberté". Et Chopin serait ton billet d'avion. Multipass première classe. Assis de biais, tu laissais tes doigts virevolter selon les souvenirs que tu avais gardé de la mélodie. Le tout était lent. Entrecoupé d'élans de vitesse saugrenus, malvenus, et pour le moins souhaités. Tu aimais la scène. Osmose. Spinosa t'avait conseillé de l'apprendre par cœur, plus impressionnant et plus professionnel, selon lui. Il n'avait pas tort. Bien que le public dans sa majorité ne soit que peu attentif, Adolf Bergmann, fervent admirateur de Frédérick Chopin et musicien aguerri, restait époustouflé de la prestation que lui offrait cette beauté diaphane. Lorsque tu eus frôlé les trois dernières touches, tu ne dirigeas aucun regard vers ces gens. Lorsque tu te dressas sur tes jambes, fière et grande, Tu ne jetas qu'un œil dédaigneux en direction du psychiatre. Tu descendis de la scène dans le silence le plus complet. Tu faisais preuve d'un stoïcisme déplacé. Bergmann te rattrapa, t'agrippa le bras, te fit pivoter en sa direction. Il te demanda où tu avais appris à jouer de la sorte, et qui t'avait enseigné ces techniques. Le faciès bas, tu lui crachas qu'une musique ne s'apprenait pas, mais se vivait. Cette réponse n'eut pas l'air de lui convenir. Tu plantas tes iris braisés dans les yeux bruns de l'homme, lui déclara que tu aimais la scène. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme, et volupté. Bergmann n'en revenait pas, te demandant d'une voix grave si tu connaissais Charles Baudelaire. Tu lui répondis calmement que tu n'avais pas la moindre idée de qui il s'agissait. Dans un mouvement princier et éblouissant dans ces vêtements si parfaits, tu lui tourna le dos, te dirigeant la tête haute et le sourire discret mais triomphant en direction de ta chambre. Un dernier clin d'œil à Spinosa, qui savait que tu ferais tes valises dès que tu atteindrais ta cellule. Dans une toux simple, le médecin se leva, et convia les invités à la danse.
Lorsque empruntas le chemin vers l'appartement familial, tu ne pensais plus à eux. Tu ne pensais qu'à Spinosa. Ton patéras. Le vrai patéras. Face à la porte, tu pensais à Cathy, à son cadeau. On t'avait offert un damier. Tu n'as pas comprit pourquoi. S'il n'avait fallu compter que sur elle pour t'offrir un quelconque présent, elle t'aurait fait don d'un jeu d'échecs en verre. Cathy aimait le verre. Dans l'un de ces monologues nocturnes, elle n'arrêtait pas d'en parler. Elle aimait ses sens multiples, et elle aimait sa transparence. Elle aimait son bruit contre un parent de son espèce, elle aimait ses fissures espiègles lorsqu'il se brisait. Cathy était mystérieuse. Cathy, elle ne parlait pas. Elle ne le faisait qu'en dormant. Le verre était interdit, à Saint-George. Cela faisait parti des normes de sécurité basiques. Tu poussas la porte d'entrée sous des hurlements que tu avais réussi à oublier. Passant le seuil, tu vis un verre traverser la pièce. Ici aussi, les normes de sécurité devraient être appliquées. Sous la voix dure du patéras t'aboyant la question classique du "tu es déjà là", tu traversas le couloir, empruntas l'escalier, sans un seul regard pour le supplice qu'il faisait endurer à la mitéra. La pièce qui était tienne par le passé avait été vidée et transformée en placard à jouets sexuels. Dans un soupir à fendre l'âme sous fond sonore de cris et hurlements, tu jetas tes affaires dans la salle de bains et t'y enfermas. Des coups résonnèrent contre la porte. Le patéras te hurlait que tu avais tout intérêt à sortir de cette pièce rapidement. Demi, tu ne te sentis pas plus concernée que cela, mais avais interrompu ton activité, surprise par le bruit des poings contre le hêtre. Tu te levais, humidifiais ton visage, t'admirais. Ton estomac ne grognait plus. Tu le notas, dirigea ton regard vers ton téléphone portable. Près de quatre heures du matin. Il serait temps d'aller manger. Établie dans la salle de bains, tu ne pouvais la laisser sans surveillance de crainte d'être lâchement attaquée. Tu ne pouvais pas descendre manger aux heures de repas classiques, devais attendre que tous soit couchés, afin d'atteindre la cuisine le plus silencieusement possible. Nouvel agent secret. Il fallait bien nourrir un corps aussi parfait que celui-ci. Par soucis de discrétion, tu avais décidé de passer par la fenêtre de ton royaume. La gouttière à ta gauche te servirait d'appui à ta chute maîtrisée. Cela serait si facile. En quelques secondes, tu vidas l'un de tes sacs à dos, l'enfilas sur ton épaule avant de te hisser sur le rebord, d'attraper le cylindre salvateur. Il suffisait de se laisser aller, à présent. La hauteur entre les deux étages était tout de même imposante. Tu t'en foutais, Tu avais faim, Demi. Arrivée en bas, tu sautas. La fenêtre du salon était toujours ouverte, bien que protégée par une alarme qu'ils n'allumaient jamais. Tu la poussas. Un, deux, trois. Et voilà. Puéril. Tu entras, te précipitas sur le réfrigérateur. Les morceaux de verre jonchaient le sol, témoins d'une altercation pour le moins violente. Tu volas des yaourts, deux morceaux de viande rouge, un plateau de fromages de chèvres, des olives vertes, quelques feuilles de salade. Le sac était maintenant plein. Tu te servis dans une corbeille posée sur une table, qui vous avait réunis autrefois, subtilisas au passage une pomme verte bien juteuse. Délicieuse. Tu adorais les pommes. Le sac fut réajusté, et tu te préparas à gravir le mur de pierres qui t'attendait dehors. Puis des rires retentirent à l'extérieur. Tu t'arrêtas. Ne songeas même pas fuir, ou à te cacher. Tu restais là, droite, le fruit entre les dents et le regard pointé vers la porte d'entrée. Elle s'ouvrit, laissa entrer une ombre, se referma. Demi Cassandra Méryl, tu n'avais même pas entendu les infimes scintillements de la clef dans la serrure. Tu restas de marbre face à la jeune femme dévêtue qui venait d'entrer chez la mitéra et le patéras. Ses boucles d'or avaient été coupées sauvagement. C'était à peine si leur pointe atteignaient ses épaules nues. Son maquillage grossier lui retirait le peu de charme qu'elle pouvait posséder. Le soutien-gorge qu'elle se plaisait à exhiber était d'un mauvais goût inexploitable. Couvert de nœuds roses et de plumes magenta. Sa jupe n'était pas une jupe. Plutôt un vulgaire torchon noué autour de sa taille démesurément fine par rapport à un postérieur enflé comme un kyste géant, assigné à cette tâche pour éventuellement couvrir quelque partie intime. En y regardant de plus près, même les deux protubérances sur son torse semblaient gonflées à l'hélium. Elle était difforme. Les talons qu'elle portait lui donnait l'air encore plus obscène, et outre son raffinement à toutes épreuves, son absurdité était risible à souhait ou vomitive selon le point de vue. Elle venait de glisser sa main dans le sous-vêtement qui tentait vainement de couvrir le semblant de poitrine cachée quelque part entre sa graisse. Elle venait de ranger la carte de son nouveau client. Elle était la prostituée bas de gamme que le patéras s'amusait à appeler de temps à autre. Elle te regardait, tu la fixais de tes yeux envoûtants, la pomme dans la bouche. Elle passa une main dans ses cheveux, se mordit la lèvre inférieur, nerveusement. Puis tu esquissas un sourire. Cette fille devait venir tellement souvent ici qu'elle devait presque être considérée comme un membre à part entière de la famille. Alors tu retira le fruit de tes lèvres, secouas ta main vers elle, lâchant un salut plutôt agréable à l'oreille. La fille baissa les yeux, essaya de garder l'équilibre sur ses échasses tout en cherchant à marcher avec. D'après son attitude, elle mourrait de jalousie face à la bellâtre que tu étais, Demi. Il y avait de quoi, quelque part. Elle ne devait pas s'en vouloir pour cela. Arrivée à ta hauteur, elle te lança un regard assassin, gravit les escaliers. Tu croquas à nouveau dans le fruit si gourmand. Deux mille quatre. Année bissextile. Pas d'anniversaire, pourtant. C'en devenait une habitude. Il était évident que le pays était en crise, et devait aider les jeunes à trouver un emploi pour financer quelque étude envisagée. Elle avait trouvé celui-là, certes. Mais pas elle, non. Elle n'aurait sans doute pas pu faire autrement, et pourtant. Sophita Nikoleta Aelis travaillait dans un bar, un service de restauration rapide, un café. Sophita Nikoleta Aelis était devenue une catin.
BACKGROUND6
Développer:
On t'avait hurlé à travers la porte de ton refuge que tu reprenais les cours le jour même. Cela faisait une éternité que tu n'avais pas mis les pieds dans une salle de classe. Quatre ans. Tu avais choisi un crayon noir pour sublimer tes prunelles. Tes vêtements, sobres, t'habillaient comme ils auraient vêtu une poupée de porcelaine. Tu avais arraché tes manches longues à mains nues, t'en servais comme décoration. Ton jean noir était troué de part en part. Tu ignorais si l'on pouvait ne serait-ce que te laisser entrer dans l'enceinte de ton nouveau lycée vêtue de la sorte. Tu t'en foutais. Tu t'aimais plus que tout au monde. Tu attrapas ton sac, le posa sur ton épaule, vérifias tous tes pièges et ses fermetures pour sécurisé ton palace, et descendis par la gouttière. Tu avais décidé de prendre l'habitude de voler le minimum vital au patéras et à la mitéra. Quelques cinquante dollars par jour devraient te suffire ma chère. Suffisant pour gagner une certaine indépendance. Puis il suffirait de poser un ultimatum au moment opportun. Tout irait à merveille, c'était inné. Tu entras dans la rame de métro un sourire radieux aux lèvres. L'arrivée au lycée s'était faite en silence. On t'avais demandé de te présenter, sans plus. Tu avais trouvée une table au fond de la salle, et t'amusais à mâcher ta gomme à la cerise comme s'il s'agissait du plus délicieux chou à la crème du monde. On te regardait étrangement. Les individus de sexe masculins, tous plus laids les uns que les autres, souriaient niaisement dès qu'ils avaient le malheur de croiser ton regard charmeur. Les autres, elles, se contentaient de t'observer. Des airs sombres et malsains. Des ombres folles et nullement sereines. Oui, les premiers jours s'annonçaient difficiles. Tu étais sorti déjeuner. Tu n'avais pas faim le moins du monde. Il fallait bien se nourrir. C'était inutile, tu n'en avais pas la moindre envie. Alors tu te promenait, comme ça. Puis elles arrivèrent face à toi. Elles étaient deux. Elles étaient largement plus grande que toi. Et elles ne décrochaient pas leur regard vénéneux de ton corps divin. Tu ne t'écoutais plus, avançais droit devant elles. Il leur fallait un jouet sur lequel frapper, tu te porterais volontaire. Avec une lueur dans les pupilles aussi puissante qu'un lampadaire éteint, elles te dévisagèrent et t'approchèrent. Face à face. Tu t'attendais à recevoir un coup. À tout moment. Elles te demandèrent de rejoindre leur bande. Rien de moins. Loin d'être dupe, Demi Cassandra Méryl, tu t'amusas à les questionner sur le pourquoi d'une telle invitation. Il y avait un mec, Riley Curtiss, qu'elles ne qualifiaient que de trop canon ou de chaud. Sauf qu'il n'était visiblement pas attiré par ces deux charmantes jeunes truies, mais plutôt par la divine nouvelle de la classe aux yeux si sensuels et aux formes si désirables. Tu refusas l'offre. Tu ne compris pas d'où venait le premier coup de poing. Tu t'étais perdue pour retourner en cours. Tu avais trouvé la bibliothèque, t'y étais arrêtée. Sans grande conviction, tu errais à travers les rayons de toutes sortes, créant tes propres histoires dégénérées et pourtant si plaisantes. Dans la salle de bains, il n'y avait plus de rats. On te les avait enlevé. Pendant quatre ans. On te fixait d'un mauvais œil. Ce n'est qu'après t'être mordue la lèvre inférieur que tu compris qu'elle saignait toujours. Tu avait été soignée par l'infirmière, beaucoup moins douce et attentionnée que Spinosa l'était. Spinosa aimait ce qu'il faisait. Spinosa te manquait. Accrochée à ton sac, tu avais conservé la minuscule broche qu'il t'avait offerte le soir de Noël. Le soir de ton concerto. Tu avais laissé tes phalanges pianoter sur le dos des livres, en avais choisi instinctivement un. Les Fleurs du Mal. Tu levas la tête. Section poésie. Après tout, pourquoi pas. Recluse dans un coin, tu te faisait discrète. Ce n'était pas réellement le moment de te faire remarquer. Tu ne réagis à rien. Pas même aux regards perçants braqués sur ta silhouette assise sur deux chaises. Tu te plongeas dans ta lecture. Quelques minutes plus tard, tu décidas de l'emprunter. Si Bergmann avait eu raison un jour dans sa vie, c'était lorsqu'il avait abordé le sujet de Charles Baudelaire. Et pour l'emprunter, tu dus parler. Tu approchas de la sortie, percutas un obstacle imprévu. Aucun des deux ne perdit l'équilibre. Honteux, celui que tu imaginais être Riley Curtiss s'excusa, et retourna s'asseoir autour d'un très large banc de requins dans son genre. Tu le suivis de ton regard perçant. Le poisson s'était déjà caché derrière le rempart efficace qu'avaient dressé les autres membres de la communauté autour de leur semblable. Sans demander ton reste, tu sortis.
On t'avait fait te lever, aller devant la classe, pour lire un poème de ton choix. Élémentaire. Tu soupiras, arrivas devant le bureau de la femme qui leur enseignait le français, langue que tu t'étais plu à choisir en option, sans ton livre. Elle te fit remarquer, te pria de ne pas la prendre pour une idiote et t'envoya le chercher. Relevant la mèche qui se plaisait à tomber sur ton nez, tu répondis que cela n'était pas nécessaire. Cette charmante dame t'offrit la modique somme de deux heures de retenue. Dans un élan de paresse innommable, tu traînas les pieds jusqu'à ta table, tout au fond, pour attraper le fameux ouvrage. Cette attitude te valu deux heures supplémentaires. Au commentaire déplacé de cette professeur de pacotille, tu t'amusas à lancer un youpi très clair. Deux de plus. Tu parvins finalement à revenir sur la scène, face au quelques trente et une paires de pupilles braquées sur toi. Tu avait le choix entre Don Juan aux Enfers, La chevelure, ou l'Invitation au voyage. Gardant le livre en main, clos, tu te mis à le réciter. Les yeux dans le vide, braqués vers le bas. Ta voix démentielle n'enchantait pas que les hommes. Dans l'ambiance que tu avais créé, tu fondis un règne vocal inépuisable. La vieille fille ne pu s'empêcher de t'écouter, cessas son écriture maladive. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme, et volupté. Tu t'amusais à faire dévier leur regard ingénu sur ta comédie enchanteresse. Ils quittaient la fenêtre, les jupes, les tables, la trousse, pour tes miroirs resplendissants. Là où tout n'était qu'ordre et beauté. luxe, calme, et volupté. Tu lâchas le livre sur le bureau de ton bourreau, les yeux assassins. Tu regagnas ta place sous les révérences oculaires. Tu n'eus aucune heure de colle. Tu jouais avec la fente qui divisait ta lèvre inférieure et la mordillant. Tu ne savais plus quoi faire pour passer le temps. Un groupe d'adolescents de ta classe passaient devant toi. L'un d'entre eux eut le malheur de t'apercevoir, s'arrêta. Tu savais qui viendrait à ta rencontre. Et ça, tu ne le souhaitais pas. Sans regret, tu déposas un billet sur la table, le plias sous l'addition, et t'en alla en emportant ta tequila sunrise. La paille dans la bouche, un air de chanson en tête, les yeux rivés vers le point de contrôle le plus proche. Tu rêvais de jeu vidéo. Tu rêvais de zombies. Tu les voyais, autour de toi, morts et pourtant bel et bien debout. Tu louchas sur la rondelle d'orange qui ornait ton calice. Les méfaits de l'alcool, sans doute. Mais ils étaient tous morts. C'était évident. Et lorsque sa main t'attrapa l'épaule, c'est ton poing qui rencontra le ventre de l'affamé. En torsion, tu ne lui avais laissé aucun échappatoire. Plié en deux sur son estomac, le jeune homme qui t'avait épié gémissait de douleur. Il ne s'attendait visiblement pas à recevoir un coup aussi vif. Et ses yeux pleins de larmes se levèrent vers ton faciès d'ange satanique. Il tomba à genoux, dans tes bras. Tu le lâchas, l'abandonnas dans sa détresse. Puis, vision d'horreur. Le jeune homme de la bibliothèque courut vers le meurtri, l'enveloppa de ses bras minces. Derrière, les deux acolytes s'approchaient. L'uppercut de l'un fut esquivé de justesse, le genou de l'autre fut reçu dans le coude. À quatre pupilles contre deux , tu savais pertinemment que tu n'avais aucune chance. Mais il hurla. Reiley leur hurla d'arrêter.
Tu ne savais pas ce que tu voulais dire. Tu ne parlais, consciemment, pas un mot d'anglais. L'écrivais encore moins. Lorsque tu essayais de le lire à voix haute, tu ne pouvais t'empêcher de rouler les [-r], sous les railleries sobres du groupe. Riley était parti. Il avait un bus à prendre, il ne pouvait assister aux répétitions. Ils avaient réussi à louer un garage assez grand pour y entreposer tout leur matériel. Dieu sait qu'il y en avait. Le plus vieux, Enzo, ouvrit l'armoire qui contenait la basse et la guitare. C'était lui qui t'avait proposé de les accompagner dans leur antre. Après votre altercation, Riley vous avait demandé de vous calmer, de faire la paix. La victime véritable, à genoux, avait acquiescé. Enzo et l'autre, Jonah, obéirent, allant même jusqu'à te tendre une poignée de main amicale. Tu n'avais pas bougée. Les voyant entourer le jeune homme pour lui porter secours, tu demanda à ce qu'il le lâche. Confiant, le trio te l'offrit en sacrifice. Tu l'aidas à se relever en lui servant de béquille. Tu lui demanda son nom. Kenny McBride. C'était portable. Ses grands yeux verts te sourirent. Gênée, tu lui demandas pourquoi il voulait te voir, tout en priant les trois autres de te conduire là où ils voudraient. Kenny te déclara qu'il était amoureux de ta voix, et qu'il voulait te demander si tu accepterais de chanter dans leur groupe de musique. Ceci expliquait cela. Riley s'en alla, Jonah, Enzo et Kenny l'apportèrent à leur serrure secrète. Jonah était le plus étrange de tous. Il portait ses manches courtes Marilyn Manson sous son large et encombrant blouson militaire. Ses yeux n'avaient aucune couleur. Il puait l'herbe comme personne. Esthétiquement parlant, il était hideux à en mourir. Quant à évaluer la valeur de ce qu'il était, il semblait être le plus radieux de tout. Il s'amusait avec les emplis, montrait ses muscles saillants à Kenny. Benjamin du groupe, il était le petit génie par excellence. Il avait deux ans d'avance dans sa scolarité, trouvait encore le moyen de s'emmerder au maximum en cours. Tu t'en voulait de l'avoir frappé. Il avait pleuré, sous l'emprise de la douleur. Ses prunelles encore rougies semblaient pourtant rayonner de bonheur. Ce type était l'allégresse incarnée. Tant mieux pour lui. Amusée par cette vie, tu demandas d'une voix timide si tu pouvais user des instruments. Vrai boulet de canon, Kenny te tendit sa basse. Quelques accords suffirent à faire pâlir le petit. Quelques notes à le faire frémir de jalousie. Dans un silence religieux, tu rendis l'instrument à son propriétaire encore sous le choc. Jonah te pria de s'installer à la batterie. L'avant bras droit au-dessus du gauche, tu esquissas deux ou trois notes. T'amusais. Demi, tu n'avais pas remarqué à quel point tu submergeais le batteur de haine. Tu lui rendis ses baguettes, enfilas la lanière supportant la guitare. Lacérant le bout de tes doigts, tu tentais de jouer quelque chose. Un petit bout de musique. On t'arracha les cordes des mains, te poussa vers ton propre accessoire. Un microphone. Tu approchas, le reniflas. Enzo, face à toi, le brancha. Les tympans hurlèrent sous ce son atroce qui s'en échappa. Tu reculas, par réflexe. Tu soupiras. Jonah t'apprit qu'Enzo et Kenny étaient frères. Il te dit aussi que même si Enzo pouvait rester avec eux et laisser son frère rentrer seul chez eux, à quelques minutes à peine du local, il le raccompagnait toujours. Ils avaient donc décidé de l'attendre en buvant un verre dans le bar le plus proche.
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Développer:
La salle de bains était apaisante. Tu aimais compter ton argent en se servant des cases du damier. C'était un ordre bien précis, tellement précis que tu ne savais pas comment l'expliquer pour être clair. Et tu comptais. Cela faisait des jours que tu volais au nez et à la barbe du patéras, de la mitéra. Le fruit semblait à présent plutôt juteux. Tu prenais ton temps, soustrayant le moindre centime destiné à ta survie précaire. Il te manquait des vêtements. Tu grandissais à vue d’œil. Le crayon noir se faisait rare. Il fallait le renouveler. Manger était devenu catastrophique. La crise faisait flamber les prix, et la sécurité autour du réfrigérateur du clan Hekmatyar se renforçait à l'aide des deux monstruosités qu'avait généré Sophita, maintenant en âge de hurler, de courir, de laisser leurs affaires traîner n'importe où, de rester la nuit entière devant l'écran plasma, ou même de sortir faire de la balançoire dans le parc d'en face en laissant toutes les portes ouvertes. Tu avais une sainte horreur des enfants. D'autant plus des filles. C'était véritablement un calvaire. Mais tu n'avais noté aucune infraction dans ton refuge pour l'instant. Les pièges fonctionnaient à merveille. Les enseignements d'Arsène n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd. Tu avais presque fini d'ordonner tes billets, tes pièces. Dehors, la voix rustre du dit patéras s'amusa à détruire la paix instaurée entre les deux clans. Il réclamait une douche. Tu restas silencieuse, indécise. Tu étais ici chez toi, dans ton havre à toi, Demi. Un haras aussi splendide de sa propriétaire. Il visait la destruction du mur de bois dressé devant lui, sans grand succès. Alors il s'enfuit. Tu venais de finir de compter. Deux cent trente euros et cinquante centimes pile. Assez pour une Xbox. tu t'armas de ton sac à dos et ouvris la fenêtre. Kenny t'accompagnait. Il se noyait sous l'océan de câbles, de fils, de manettes et de jeux que tu lui avais demandé de porter. Enzo avait rendez-vous avec son banquier, des soucis de capitaux. Jonah, lui, allait faire réparer sa chérie, une Honda CR-Z Hybrid personnalisée à tel point que l'on ne savait pas qu'elle était à la base une Honda. Kenny s'amusait à enrouler autour de ses bras fins les branchements des manettes. Le prodige soulevait le carton des machines comme il aurait soulevé un plateau de fromages. Il était bien plus musclé, maintenant. Le club y était pour beaucoup. Les clefs s'étaient logées dans la poche de ton jean. Tu y glissas une main, ne parvint pas à les extraire de leur planque. Sans aucune raison, tu t'énervas. Kenny posa ses sacs et s'agrippa à ton pantalon. Lorsqu'il eut retiré les farceuses, tu avais détourné le regard, rouge de honte. Tout sourire, la porte du local s'ouvrit et vous laissa entrer. Les instruments prenaient une place folle. Vous vous déchargiez en plein milieu, tu te mis en tête de trouver une prise électrique libre. Toute la place fut passée au peigne fin, le moindre recoin surexploité. Finalement, la seule prise disponible était cachée derrière l'armoire aux instruments. Il fallait pousser ce meuble. Tes cris bestiaux témoignaient de l'effort que tu déployais pour, au final, ne pas faire bouger le meuble. Kenny se mit de l'autre côté. Tu lui sifflas qu'il ne servait à rien dans ces conditions, que c'était un travail de grand. Tu retiras la cale des roues du meuble, le jetas plus loin. Un temps. Kenny n'émit aucune remarque désagréable. Les meubles furent rangés, déplacés, et enfin les machines purent être installées. La table basse supportait la télévision de fortune que le cadet avait financé. En dessous avaient établi leur règne les multiples consoles de jeux que tu avais pu avoir. Les quelques jeux que tu avais payé ne suffiraient pas; Jonah, Enzo, mais aussi Milo, Virgil et Lysandre fourniraient le tout. Jeux, boissons, nourriture, kit de survie, ordinateur, connexion internet, chaîne hi-fi. Tout pour plaire. Kenny était ravi. Tu lui promis de revenir au plus vite, que tu n'en aurais pas pour longtemps. Ce Noël promettait d'être inoubliable. Le vingt quatre décembre était férié. Vous vous amusiez avec un rien. Kenny et Enzo bataillaient pour gagner leur course misérable, et lorsqu'ils saturaient, toi, tu sautais sur l'occasion pour reprendre le flingue et pulvériser ton score au head shoot. L'alcool avait été interdit. Vous n'étiez pas là pour copuler tous ensemble. Le junior aimait cette attention, et se faisait plaisir comme tous cherchaient le divertissement. Le sapin était joliment décoré, si bien que Lysandre avait décidé de se parer des même guirlandes et fils d'ange. Il n'était pas le seul costumé. Virgil, toujours prêt à faire l'idiot, était déguisé en Jésus. D'un mauvais goût exemplaire, ce qui n'avait pas l'air de le perturber outre mesure. Tu n'avais changé en rien tes habitudes, et aux côtés de Jonah et Milo, tu semblais particulièrement banal. Milo se jetait à corps perdu sur les fromages de chèvre et les olives. Il adorait cela. À côté, Jonah s'était installé aux commandes de son vaisseau musical, et jouait sans se préoccuper du reste. C'était l'occasion de faire connaissance. tu choisis de nouer des liens en priorité avec la Playstation 2. Resident Evil te faisait sourire. Kenny se joignit à toi rapidement et prenait le relais lorsque tes phalanges te faisaient souffrir. Enzo, en bon sponsor, jouait les cherleaders à l'arrière et apportait le ravitaillement aux deux guerriers du nouveau monde. Il fallait sourire, le plus longtemps possible. Tu en étais consciente. Deux fois, la porte du local trembla. Lysandre se dévoua, alla la débloquer. Les frangins Curtiss les saluèrent, l'un avec un sourire malsain, l'autre silencieux. La récréation était terminée. Riley s'approcha du visage de la sirène, qui le repoussa une énième fois. Il puait le rhum bas de gamme. La tentative de l'amadouer en lui offrant un verre s'avérait être un échec cuisant. Tu lui dis de rentrer chez lui, qu'il ne devait pas rester là. Ses doigts cherchaient la réaction désirée en caressant tes cuisses. Il lécha goulûment ses lèvres, au doux grain de beauté. L'intérieur de ses cuisses musclées. Tu le repoussa. Encore. Il cracha dans son verre, élégant et distingué. Tu le laissa partir, se diriger vers les toilettes. Jonah vint te tenir compagnie, te demandant s'il arrivait à le supporter. Ton soupir en disait long, Jonah se mit à rire. Surtout, il ne fallait pas se laisser avoir. Il ne fallait pas céder à ses avances. Tu promis qu'il n'y avait aucun risque à cela. Et Riley approcha, timide. Il n'avait pas changé. Toujours la même tête angevine, la même chemise jaune. Il était celui que tu nommais la gentil Ray'. L'autre, le serveur, tu l'appelais le libertin. Le gentil Ray' était adorable, bien que soumis aux moindres désirs de son frère. Un bien triste destin, une fatalité que tu ne tolérais pas. Demi, tu t'aimais par dessus-tout. Et pour être reconnue, il te fallait un public prêt à être asservi. Le gentil ray' devait être gagné d'avance. Tu lui volas son verre de jus d'orange, et l'embrassa à pleine bouche. Les frangins étaient partis. Tant mieux. Les consoles n'attendaient plus que vous. Tu racontas ta débâcle dans les toilettes à Kenny, littéralement explosé de rire. Il te posa toutes les questions du monde. Les réponses furent nébuleuses. Tu gardais un sourire ravi. Tu avais réussi à prendre l'un des pus jolis mecs du lycée sans avoir eu recours à quelque moyen que cela soit. Et quelque chose ne tournait pas rond. Tes pupilles dilatées retrouvèrent l'ondulation calme du sirop fruits rouges. Ils n'avaient pas le même grain de beauté, c'était certain. Rien chez le gentil Ray' n'avait de charme. Il n'était pas beau, ni même observable. Riley, malgré tous ses artifices, l'était encore moins. Étrange. Le matin, vous vous offririez des cadeaux. Tu avais reçu un MP3 avec un casque, un ordinateur portable, un collier avec un pendentif dans lequel l'on pouvait mettre ce que l'on voulait, un bon pour un piercing gratuit, et une paire de gants ornés d'un œil étrange. Tu demandas la symbolique de ceci. On te dit que c'était le logo du groupe Darkness StartBlok, duquel elle était la chanteuse. Le vingt six fut une journée sans encombre. Toujours la même passion pour l'écran, la musique, les pixels, les hurlements de joie ou d'horreur. Quelque part entre les films pornographiques de Virgil et les herbes fumées de Kenny, tu reçus un coup de téléphone. Bergmann. Adolf Bergmann. Tu fis taire toute l'ambiance. On t'apprit qu'un tsunami venait de ravager l'Indonésie, ainsi que l'île de Sumatra. Diego Spinosa avait été retrouvé mort noyé au large. On t'attendait pour l'enterrement, sachant qu'une partie de l'héritage t'était destiné. Tu raccrochas.
Tu tenais à y aller. Le poing partit seul contre ton menton. Deux se jetèrent sur toi, sans effet. Le troisième s'était relevé, avait visé ton genou. Bien qu'agile, tu n'avais pu l'éviter, tressaillit. Le coup suivant fut intercepté, et tu le renvoya au sol à l'aide d'un pied bien placé. Un quatrième débarqua d'on ne savait où, armé d'une barre en fer. Il la brandit pendant que tu t'occupais d'un de ses collègues encore debout. Rapidement, tu le déstabilisas, et pu intercepter l'objet métallique qui fonçait sur ton crâne. Tu l'attrapas, dansas autour de son porteur, la lui arrachas des mains sans qu'il ne puisse comprendre ta procédure. Ballerine assassine. Tu envoyas ton pied contre le visage d'un assaillant, tandis que tu retenais l'homme qui t'avait fourni l'arme par le bras. Un coup derrière la nuque, il tomba inerte. Gardant la ferraille en main, tu pus te débarrasser d'un survivant encore tenace. Calme absolu, tu t'en trouvas essoufflée. Tu te penchas sur chacun des corps des endormis. Aucun n'avait rendu l'âme. Objectif accompli .Tu t'apprêtas à fouiller leurs poches, quand tu fus découverte par une autre bande. Eux, étaient plus nombreux, mieux armés, et surtout inébranlables. Seule, la mission était perdue d'avance. Tu serras la barre de fer dans ta paume, te redressa. Jusqu'au bout. Ils se jetèrent sur toi en salves organisées. Tu les repoussais à peine, largement dominée. Puis un éclair blond traversa la scène. Nul autre que Kenny, venu porter main forte à sa chanteuse. Malgré sa batte de base-ball, le nombre vous faisait défaut. Alors le batteur hurla en repoussant un barbare. Ce ne fut qu'une question de seconde avant de voir débarquer Lysandre et Milo. Les poings américains ajustés, Milo devenait alors redoutable. Lysandre se suffisait de ses muscles. Le clan ennemi sortit sa dernière carte, le repli stratégique. Sauf que chez eux, la fuite n'était considérée que comme anticonstitutionnelle. Ils les finirent tous. Demi, exténuée et couvert de bleus, t'assis à même l'asphalte et remercias les autres de leur intervention. Ils fouillèrent pour toi les dépouilles à peine vivantes, récoltèrent de bonnes liasses de billets. Ils les comptèrent. Quatre cent deux euros et vingt neuf centimes. C'était suffisant pour se rendre à l'enterrement. C'était parfait. Avant de partir faire les achats que vous aviez à faire, Demi Cassandra Méryl, tu demandas à aller aux toilettes. Agréable, le serveur t'indiqua le chemin à suivre. Tu allas vomir ton Martini. Deux fois. Diego Spinosa n'était pas mort. C'était impossible. Il vous fallait des costumes. La première date de concert avait été fixée dans deux semaines. Les chansons étaient sues à la perfection. Il ne vous manquait que l'apparence. Vous aviez décidé de partir sur des teintes sombres. Jonah protesta. Il voulait de la couleur. Vous déclariez donc qu'il y aurait de la couleur. Demi, tu fouillais les rayons sans véritable vocation. Il aimait les lunettes cyber-punk. Visiblement, vu qu'il les essayait et s'amusait à faire l'abruti avec, Jonah les affectionnait tout particulièrement. Alors tu allas trouver Enzo, et lui demandas de partir dans un style complètement décalé. Chacun pu choisir son costume. Kenny pu s'offrir les bracelets dont il rêvait depuis des mois, pour parfaire son look punk. Enzo choisit la distraction plutôt que le sérieux, et partit sur un univers tout autre : la Cour de Louis XVI. En digne marquis, il était presque aussi charmant que le prodige. Presque. Le junior s'empara de tout ce qui pouvait être coloré, autant en vêtements qu'en accessoires. À le voir aussi merveilleux et aussi gai, cela donnait envie de déféquer des arc-en-ciel. Tu hésitais. Tu aimais à peu près tout ce que tu pouvais trouver. Et tu tombas sur un pantalon criblé de chaînes et de pieux. Tu le conservas contre ton cœur. Des bandes qui recouvrerait ton torse, le bas de ton visage, et qui s'enroulerait dans tes cheveux. Au cou, le pendentif de Noël. Aux mains, les gants. Autour des poignets, d'autres bandes. Pieds nus. Du sang, un peu partout sur ton épiderme de lait.
Trop de membres manquaient le club, ce soir-là. De plus, les membres du groupe étaient tous occupés ailleurs. Kenny lui avait proposé de t'accompagner dans l'une de ces courses, tu lui avais répondu que tu n'avais pas joué aux échecs depuis longtemps. Seule dans la rame de métro, tu profitais des sièges à ta disposition pour t'allonger. Comme un mauvais pressentiment. Tu repensais à Cathy, seule dans la salle vide. Tu imaginais Diego en train de couler, et personne pour l'aider. Tu l'imaginais emporté par les torrents de boue qui avaient englouti Sumatra. Tu imaginais Spinosa dans ce chaos. Tu réalisas que Spinosa n'aimait pas l'Asie en général, ni les îles. Tu te demandas alors ce qu'il fichait là-bas. Une mission, peut-être. Sans doute. Une mission dont il ne pouvait se soustraire. Une demi heure plus tard, tu arrivas à bon port. Il ne te restait que quelques minutes de marche pour aller te prélasser dans un bon bain chaud, sous les gémissements de la mitéra, les coups du patéras, et la jouissance de Sophita au travail. Rien qu'un instant de bonheur. Ta marche rythmée semblait être épiée. Au pire, tu avais toujours le self défense comme arme. Et il arriva. Petit, discret, à rollers. Rien de bien effrayant. Tu t'arrêtas. Derrière toi, des pas plus imposants se faisaient présents. Tu n'osas regarder le monstre qui venait de te bloquer le passage. De l'autre côté de la route s'arrêta une voiture noire, de laquelle descendirent cinq hommes masqués et armés de couteaux, des barre en fer, de batte de base-ball, de poings américains. D'autres faisaient briller leur fil de fer, prêt à l'étrangler. Une chose était certaine. Cette bande savait ce qu'elle avait à faire, savait à qui elle avait affaire, et savait quand frapper pour être le plus efficace possible. Ce n'était pas un hasard. Et le petit à rollers l'accusa de l'agression de Riley Curtiss, ainsi que du meurtre de Danny Curtiss, dit Dan. Tu ne dévoilas pas ta surprise. Tu t'étais faite piéger en beauté. Le verre qu'il t'avait offert, le vingt-quatre. La rencontre arrangé entre Dan et toi. Il avait tout calculé. Il ne fallait pas lui résister. Et il avait tout programmé. Tu laissas tomber ton sac à dos sur le sol, les prias de vite faire le travail parce que tu n'avais pas que cela à faire.
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Développer:
C'en était trop pour le patéras, qui avait décidé de défoncer la porte de sa salle de bains. Maintenant des mois que lui et sa tribu se rendait chez les amis pour conserver un minimum d'hygiène, alors que toi, l'ordure qui lui servait de fille, squattais cette pièces des plus importantes de la maison. Il tenta de trafiquer la serrure, sans succès. Alors il s'était armé d'une hache, et entamait la destruction du bois. C'est à ce moment-là que tu arrivas, une cigarette entre les lèvres, aucune balafre sur ton corps d'albâtre. Tu lui demandas d'un ton sec ce qu'il fichait devant ta piaule. Le patéras partit au quart de tour chercher de ses poignes larges ton cou délicat. Il hurla à cette petite connasse que tu étais de lui parler avec respect. Il t'étranglait. Demi, neutre, tu lui pinças le nerf du coude. Il lâcha prise dans un râle ignoble. Sa voix était la plus horribles de toutes. Sophita était bien la fille de son patéras. Tu te jetas sur l'homme, cherchas à l'immobiliser. Puissant, l'aîné se dégagea d'un mouvement du bras, repoussa ton assaut, s'arma de sa hache. Tes yeux améthystes s'inquiétèrent à peine, fuirent dès qu'il eut brandit sa lame. Ses mouvements étaient une catastrophe rythmique. Il devait se battre pour la première fois. La gigantesque montagne de graisse qui logeait dans son ventre en témoignait assez fortement. La baise ne fait pas tout, malheureusement. Tu courus vers l'obèse, cherchant à lui porter un coup de pied sauté. Tu n'avais pas vu son poing prêt à l'intercepter. Tu le reçus dans le ventre, savais qu'il allait te porter un coup de genou, paras au bon instant. Le coup de poing qui suivit n'était pas prévu. Projetée, tu rencontras le mur. Une fente profonde déchirait ta joue. Ta belle joue. Une rivière carmin avait trouvé sa source. Et il riait, en face. Il riait comme jamais il n'avait rien. Il approcha, négligé, te saisit le menton. Son visage glissait le long de ta nuque, ses lèvres charnues et indélicates frôlaient la pureté des tiennes. Demi Cassandra Méryl, tu enrageas. Il te susurra que finalement, il pourrait bien pratiquer la sodomie pour une fois. Les termes qu'il employait étaient légèrement plus crus. Demi, tu ne pourrais jamais pardonner cet affront. Tu attendis que l'enflure s'approche de ta bouche close. Langue reptilienne sur sa peau de nacre. Un peu trop près. La semelle de tes New Rock ne manqua pas l'entre-jambe. L'uppercut fut asséné. Il tomba au sol, sur le ventre. Sur cet énorme coussin de graisse qui lui servait de bedaine. Tu le retournas d'un coup de pied, t'assis sur lui. Et toi, furieuse, le rouas de coups. Tes poings crispés n'en démordaient pas. Tu tremblais. Tu frappais. Les diamants d'eau perlaient tes joues, nettoyaient la plaie de ta joue. Ta belle joue. Tu le martelais, le saignais à vif. Le geôlier implorait, impuissant. Et tu continuais. Tes paumes étaient lacérées par tes ongles tellement la pression que tu t'infligeais était puissante. Tu lui hurlais ses méfaits, ses horreurs. Son visage ne s'apparentait plus à un visage. Il crachait ses dents sur le côté, Tu allais chercher son menton pour poursuivre ton massacre. Quand tu n'eus plus la force de frapper, tu retiras les mèches collées à ton front à l'aide de tes doigts rouges. Non loin de là, la cigarette encore consommable. Tu sortis un briquet, l'allumas, la fumas quelques secondes, et la plaquas contre le poignet de la victime. L'autre poignet, la nuque, tu allas jusqu'à sortir l'intimité du patéras de son fourreau pour la martyriser à son tour. À Sophita Nikoleta Aelis. Pour la sœur dont l'honneur n'était plus. Le briquet le brûlait un peu, moins que le tabac ardent. Puis tu fus satisfaite du résultat. Le patéras semblait inconscient. Foutaises, balivernes. La hache, non loin. Tu t'en emparas. Elle était trop lourde pour une fille aussi raffinée que toi, tu t'en foutais. Tu la brandis au niveau de la nuque de la victime, qui trouva la force de gémir. Tu lui déclaras qu'il faisait pitié, abattis l'arme vers le sol. Tu la fis tomber à côté de lui. Tu n'étais pas une tueuse. Le descente des escaliers se fit en silence. Sophita, dans la cuisine, entourée de deux petites filles et d'un enfant en bas âge accroché à son sein, te demanda ce qu'il t'avait fait pour être dans cet état là. Tu lui promis que cet enfant était le dernier. Tu t'emparas d'une pomme, sortis, convaincue que la salle de bains du haut des escaliers deviendrait ta chambre attitrée dès ce soir.
Bon, semblerait que je ne puis poster ma première partie de l'histoire sans que le fow ne me sorte une erreur où ne me supprime automatiquement le surplus. En gros, j'ai pas assez de place que pour le mettre dans mon premier message, donc je réserve ce post pour la suite de l'histoire complète.. Bien qu'il m'en faudrait peut-être encore un autre. De ce fait, je ferai surement un résumé de la story pour les moins courageux.
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Sujet: Re: Demi Hekmatyar [okasaki] Lun 7 Jan - 0:41
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Électricité ambiante, tu tiens ton micro de telle sorte que tu aurais pu le manger tout entier. Jonah agita ses baguettes. Un, deux, trois, quatre. La musique engloutit l'espace tout entier. Le public ne semblait pas se lasser de votre spectacle. Quelques jeunes filles s'étaient évanouies. Peut-être à cause de la chaleur. Peut-être à cause de votre magnificence. Enzo jouait de ses cordes avec l'habileté d'un elfe à l'arc. Kenny ne songeait qu'au divertissement que sa basse lui procurait. Tout se passait bien, et tout se passerait encore mieux. Tu allumas une cigarette, assis sur ta chaise électrique. Tu avais du temps avant que les paroles n'arrivent. Les musiciens la connaissaient tellement bien que même lorsqu'une note de trop se glissait entre les lignes, ils faisaient tout pour rallonger l'introduction. Jonah avait pour spécialité l'improvisation. Question prolongation, il fallait lui faire confiance. Alors tu leur accordais ta plus grande confiance. Tu fumais, sous les néons violeurs. Couleurs. Le benjamin semblait dans son élément. Il conservait son sourire. Toujours. Vertige. Tu attrapas le micro de loin, trop feignante pour te lever. Et tu débutas. The air too dense to breathe, bury me underneath. The graveyard of BITTER GRIEF. Cuz they forsake and leave me, feeling so deceived, I ain't never got no belief. Tu bondis sur tes pieds, collas l'appareil à tes lèvres. Why does it rain? Am I all sane? Just cure this pain! Am I insane?! La clope tomba de toute ta hauteur, finit sous ta semelle. Eroding to nothingness, I've got to fight and defend. Now that my heart is torn into pieces and never will it mend. I am loveless again. Interlude. Pray! Tu hurlas. Observas ton mégot, irrécupérable. Hurla. Le tabac coûtait cher, pourtant. Tu ne le pleurais guère. Can't find nowhere to go, there's just a sense of vertigo. A BITTER BLOW! Circling high and low, in the darkest shadow, nothing ever seems to follow. Ta voix passait de calme et docile à monstrueuse et destructrice. Les bras tendus vers eux et les cris conquis de la fourmilière te réconfortèrent. Why does it rain? Am I all sane? Can't cure this pain! Am I insane, sane, insane?! Tu détournas le regard, te replongeas au mieux dans la masse noire. Eroding to nothingness, I've got to fight and defend! Now that my heart is torn into pieces and never will it mend, I am loveless again! Interlude. Tu t'apaisas, les miras. C'était comme réciter Baudelaire. Les yeux cristal dans le vide, l’attention de tous. Oui. Sur scène, Tu étais leur nouvelle impératrice. Tu étais leur dieu à tous. Parce que ta voix ne leur en laissait pas le choix. Ils étaient prêts à être asservis, tous autant qu'il étaient. All the memories rotten, all the names that's forgotten, I'm gonna fight and survive. That's the way I feel alive...! Tu restais de marbre. Why does it rain? Am I all sane? Tell me if I'm all insane... Et tes iris s'arrêtèrent rien qu'un instant sur la clarté de ses lèvres fines, légèrement succrées, et sur son grain de beauté. Eroding to nothingness, I've got to fight and defend! Now that my heart is torn into pieces and never will it mend! I'm loveless again, [/Ne t'arrêtes pas/] I know there's something that can help me transcend, so through thick and thin, in this world I have got to fight and defend! Until the BITTER... [Hurle.] END! Tu ne regardais plus personne. Envahie par la haine qui t'incarnais. Demi Cassandra Méryl, tu n'étais plus de ce monde. Il n'y avait que la bête. Until the bitter end. Ton nom de scène était devenu Gorgona. La prodige, un sourire factice gravé sur ton faciès ingénu, corrigeait la foule en prononçant le mot Ariel. En français, ton prénom était charmant.
Les dernières jouées au violon étaient les plus magiques de toutes. Je les voyais, leur regard s'illuminaient, leurs yeux pleuraient de jalousie. Et le mieux, c'était qu'ils n'avaient pas l'air de s'en rendre compte, ces cons. J'étais devenue leur Dieu, l'espace d'un instant. Ils m'avaient vénérée, adulée, et j'étais surpuissante. Il n'y a que dans ces moments-là que l'on se sent vivant. Et que toutes les puissances de ce monde et des autres mondes m'en soient témoin, jamais ô grand jamais le pouvoir ne s'était obtenu d'une autre façon. J'étais Dieu, une fois sur scène. Et si je décidais de me taire, je redevenais un être banal. Comme ça. Parce que je n'endoctrinais plus personne. J'attirais les visages vers moi. Mon aura ne disparaissait pas. Mais je n'avais plus de voix. Alors j'ai décidé de chanter, tout le temps. Quitte à en finir muette. Je veux chanter. Je veux devenir leur sirène incontestée. La Sainte par excellence. Je ne pouvais que leur être supérieur. Tout chez moi avait été créé pour séduire. J'étais l'enfant prodige, celle qu'il fallait aimer à tous prix. Qu'à cela ne tienne. Oui. Qu'à cela ne tienne. Ils m'applaudirent. J'exécutais ma révérence discrète, me rangeais sur le piano. Jonah s'amusait, lui aussi. Kenny s'était endormi dans les bras de son aîné, qui nous regardait faire en souriant. Et quelques notes. Ils se turent sur-le-champ. Et je criais, encore. Les cordes pincées hurlaient mes sentiments. Et j’accélérai, pas de partition. Jonah me suivait tant bien que mal. Le tout, une jolie cacophonie souhaitée. Et ces bandes d'abrutis, ébahis par sa splendeur. Je n'en demandai pas moi. Couvrez-moi la bouche, ma gorge se creusera d'elle-même et vous insultera. Cousez mes cordes vocales, mes phalanges vous composeront ma doctrine. Cherchez simplement à me faire taire, pauvres mortels. Vous en payerez la rançon. Et mes doigts se délient sur ces touches morbides. Moi, je me délecte de leur opulence. Tous ces oiseaux en proie à mes mâchoires ne sont que fadaises face à la beauté des cordes. Et je joue. Je m'amuse. Quiconque briserait cet instant s'en verrait châtié. Et personne n'osera s'approcher de ma grandeur. Personne, oh non certainement pas. Personne, oui. Personne. Ce n'est pas confus, non. Tout n'est que devenir en création, ici, autour de ces touches noires et blanches. Je les domine, et puis voilà. C'est tout. Et les larmes me montent aux yeux. Ce que je construis n'est que pure merveille, prodigieuse, séraphique, incontestable. Ce que je suis est splendide. J'irradie alliés comme ennemis, tout le monde gravite autour de moi et de cette sonate à la lune. Jonah s'arrête. Je continue. Je suis la seule capitaine de ce rafiot craquant. Le plus grand des silences, c'est moi. Et mes yeux se ferment à ces amours perdus. L'eau qui roule sur mes pommettes noyées par l'onde du projecteur en face de moi ne s'évapore pas.
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Ils se jettent tous à l'eau, m'appellent Gorgona. Ariel. Ariel, misérables cloportes. Je m'appelle Ariel. Leurs pupilles angevines s'adressent aux tremblements qui coursent mon échine. Ils n'ont pas réussi à me faire enlever mon singlet, ni mon froc, ni mes pompes. Enzo tient à ce que j'entre dans cette foutue pataugeoire. Je lui tire la langue, charmant. Il sourit, cherche à m'arroser de là où il est. J'esquive. Kenny se laisse tomber du plongeoir en une boule parfaite. Autour de nous, l'environnement humain s'extasie devant ma présence divine. Jonah s'approche, plonge avec élégance. Lorsque son visage retrouve la lumière du jour, il me demande ce que je fais encore hors de l'eau. Ils rient. Renchérit qu'une Ariel telle que moi ne devrait avoir aucun complexe à nager autour de ces thons disgracieux et à envoûter l'audience de sa voix exquise. Ce qu'il ne sait pas, ce qu'ils ignorent, c'est que si Ariel a toujours cherché à gagner la terre, ce n'est pas entièrement par caprice. Elle cherchait un lieu où se sentir sereine, en confiance. Ariel est née dans une poche contenant le liquide le plus immonde jamais créé. L'embryon d'Ariel a toujours voulu échapper à ce breuvage ignoble. Et Ariel barbote toujours à l'intérieur. Moi, je n'ai pas de queue marine. Je n'ai pas de branchies. L'eau n'est pas ma terre natale. Le peu de temps que j'ai passé au creux de ce sac abominable m'a suffit. Je ne veux plus jamais retourner dans l'eau. On m'a offert des jambes. Je ne vais pas me risquer dans cette galaxie humide. Ariel ne sait plus nager. Ariel, elle aurait dû mourir en avalant le contenu de son calice baignoire. Ariel, rebue qu'elle est, ne devrait même pas avoir à survivre ailleurs que dans sa putain de mer. Dans sa putain de mère. Je ne sais pas nager, et j'ai une peur bleue de me noyer. C'est ainsi, et ils l'ignorent. Mais je ne jalouse personne. Je ne ressens même pas le besoin de me jeter dans cette flaque boueuse. Après tout, Poséidon n'est pas le dieu de la beauté.
Ils m'attendaient, en bas, je suis descendue. J'étais libre comme l'air. La fleur perdue dans l'horizon, cet espace vide qui comblait toutes mes vaines espérances. Tout ce qui avait fait de moi cette créature mythologique était réuni en cet instant. Ils m'entouraient, la vitesse excessive, le ciel nuageux, le bitume. Et un hurlement qui se plu à sortir d'entre mes lèvres. Un cri obscur, qui muta bien vite en un rire sardonique et malsain. J'entendais le violon dans ma tête. Toujours ce même violon, la même ritournelle, incessante. J'aurais aimé, oui, savoir la jouer. Je la jouais, bien sûr. Mais il manquait toujours ce petit je-ne-sais-quoi, qui la rendait si délicieuse. Elle aurait pu correspondre à ma vie, je pense. Avec ses chants gravés au silex et baignés dans l'encre de Chine. Avec ce hurlement incessant qui transperce les armures de plates. Avec ces pleurs qui, je le sais, se perdent au creux de ma gorge. Ces pleurs de petite fille. Ces chants captivants et dérangeants. Ils accélèrent, et je suis. Parce que je dois le faire, je crois. Ils veulent aller jouer. Ils veulent faire découvrir leur musique à ce pays qui sommeille. À ce pays qui avant Rome culminait, et qui à l'ère du renouveau s'écroule. Ils rêvent de gloire et de succès, se voient sur les chaînes nationales, s'imaginent traversant l'Indien, la Rouge, l'Arctique ou la Méditerranée à la nage pour gagner les peuples d'ici et d'ailleurs. Leur évangélisation se réalise, déjà. Parce qu'entre leur basse, leur batterie, leur guitare, leur joli minois et leur muscles saillants, il y a une voix. Et cette voix, c'est celle d'Ariel. Celle qui malgré son statut de Princesse des Océans se sait incapable de s'allonger sur la plaque immobile d'un lac paisible. Celle qui, de sa voix d'enfant à l'agonie, pleure ses mésaventures et son désir de partir loin, de quitter ce marais bourbeux, et de s'élever plus haut qu'Icare ne le fera jamais. Le chant d'une diva prisonnière. Le râle lyrique d'une créature légendaire sous le joug de la fatalité. Oui, je le sais. Ici n'est pas ma place. Pas plus que je ne l'avait en temps que cadette Hekmatyar. Ici n'est pas mon poste. Ma voix est couverte par les impuretés de leurs instruments. Mes yeux sont cachés sous le voile fin qui me sert de frange. Ici n'est pas mon monde. Entre terre et mer, les deux royaumes à mes pieds, sans pour autant avoir pu déployer mes ailes à ma guise. Ce que je souffre, quelque part, personne ne le ressent. J'ai le mal du pays. Parce que mes yeux ont vu l'horreur et l'inconnu. Parce que j'ai pu entendre leurs foutus cris dès la naissance. Parce que je sais que personne n'a la place qui lui revient de droit. J'aurais du naître oiseau, et siffler au gré des vents, bercé par la liberté assassine. Je suis née dans un placenta gonflé par l'eau. Je suis née sous un signe d'eau, qui plus est le meilleur des signes d'eau. J'ai été destinée à vivre aux fond des cuves transparentes. Et pourtant, le jour s'est couché pour éteindre le monde, et tout a basculé. Ils ont tourné à gauche, un virage serré. J'ai suivi. Une route vierge. Un peu comme une autoroute. Je n'avais aucune idée d'où est-ce qu'on pouvait être. Jonah roulait à vive allure. Tous, sans exception, le suivaient. Je suivais, aussi. Mais je l'ai vu. C'est à cet instant qu'il est apparu, là. Il volait à contresens. Il m'a frôlé. J'ai cru mourir. J'ai continué, et je l'ai observé dans le rétroviseur. Il s'est posé, à même le goudron. Même pas peur. Et j'ai fait demi-tour. J'ai pensé aux enfants que je pouvais buter et aux familles que je pouvais détruire avec mes conneries. Et je n'ai rien fait. J'ai serré le guidon encore plus fort entre mes mains. Et je n'ai rien fait. Il était là, cet imbécile de piaf. Juste en face. J'ai entendu la mélodie entre mes oreilles. Il manquait toujours ce petit détail que je n'arrivais pas à reproduire. Mon seul échec fut celui-ci. Il serait pourtant vite comblé. Il y a l'oiseau. L'oiseau, et son petit crâne si facile à écraser. Ce qu'il manquait à mes actes, c'était l'abrupté et le culot de l'alto. Ce qui pouvait le reproduire dans cet univers aux cinq sens troublés, c'était le sang sur le goudron, les organes étendus sur les graviers. Éparpillés ça et là, comme des dominos rouge éviscéré. Et si je pouvais seulement atteindre la sonate parfaite, je lui arracherai ses ailes, je me les grefferai, et j'irais rejoindre Diego là où il est. Ouais. J'irais trouver le monde qui me plaît. Couverte de sueur et de sourire. Le monde de Diego Spinosa. Le monde qu'il avait créé. Et l'oiseau serait la clef. J'ai augmenté ma vitesse. Un peu plus. Encore. Toujours. J'y étais presque. Une seule petite plume. Mes yeux se sont écarquillés lorsqu'ils ont compris que la carrosserie flambant neuve de ce poids lourd ne comptait pas s'arrêter.
Le choc ne m'a rien fait. Je suis toujours là. Je serai toujours là. Je sais que je dois penser à quelqu'un. C'est l'instant qui, qui se produit quand on le sait. On doit penser à quelqu'un, les mots ultimes à prononcer. Mais faites-moi taire, je vous composerai mes derniers vers. Je pense à Kenny, le jeune Kenny. Je lui demande de sourire à jamais. Enzo se voit confier sa garde pour l'éternité. Milo, je ne le connais pas vraiment, mais je lui souhaite de se teindre les cheveux en violet, comme il avait tellement l'air d'en avoir envie. Virgil, vis, combats, suis qui tu voudras. Lysandre, tu pourras sans doute baiser sur ma tombe. Jonah, le punk ne crèvera jamais. Que dire. Je flotte toujours. Je repense au visage de mon assassin de papier. Tout avait l'air si irréel. Ses longs cheveux blonds, ses yeux émeraude. Syndel. Non. Syndel. C'est comme Syndel, mais avec un -y à la place du -i. La porte s'ouvre, je la vois sortir. Elle porte une robe blanche. Quelques sons, à peine audibles. Je reconnaîtrais son accent moscovite entre mille. Syndel. Ravie de te revoir. Regarde, je vais bien. Tout va bien. Tout est calme. Tout est... sous silence. Il n'y a plus le moindre son. Rien. Rien du tout. Non... Non... Non. Non. Je n'veux pas y croire... Plus de bruit? C'est quoi c'délire? Non, vivez, les gens. s'il vous plait. Je vous l'ordonne, les gens. Ecoutez-moi. Ecoutez-moi... Et je flotte. J'ai fait une connerie. Une belle et grosse connerie. Je regrette? Sans doute. Aucune idée. J'ai voulu prouver que, moi aussi, j'étais un dieu. Mais Icare avait des ailes, au moins. Les sirènes ne peuvent pas voler. Elles hantent les épaves en pleurant leur solitude. Voilà pourquoi elles n'ont jamais pu atteindre le rang de divinités. Elles étaient seules. Non... Le corps s'affaisse. J'entends un dernier mot. Demi. C'est plutôt joli, comme prénom. Demi. Je souris. Je veux sourire. Je ne sais pas quoi penser. J'essaye, sans succès. Quelque chose me coince la gorge et me démange. Un pieu s'est planté dans ma gorge. J'ai une pointe dans la gorge. Je gémis. Rien ne s'échappe. C'est trop cruel. Couvrez-moi les lèvres, ma gorge se déchirera et vous insultera. Ma gorge... Non... Spinosa, vous êtes fier de moi, n'est-ce pas? Je vous ai fait plaisir? J'ai toujours pensé à vous, Diego! S'il vous plait! Je suis consciente qu'on ne m'achèvera jamais, Diego! On veut me faire souffrir, je le sais! Comme les sirènes perdent leur voix, on les abandonne, et on ne les tue pas. Les faire souffrir un maximum, je le sais. Je ne crèverai jamais, Spinosa, jamais! Sophita, noies tes enfants. Noies tes putains de gosses, Sophita, et je les élèverai. Sophita, j't'en prie, butes-les dans la mer, laisses leur cadavre à la dérive, et je viendrai les chercher. Fais moi confiance. Ou pas, et laisse-moi seule. J'ai besoin de vous, j'ai besoin de vous! Pas seule! Pas muette! Je n'peux pas vivre comme ça! S'il vous plaît, je vous en conjure, rendez-moi ma voix! Donnez-la moi! Je ne suis rien sans ma voix! Le pieu m'empêche d'avaler, je salive. Ma vue se trouble. Comme au premier jour. Je refuse de voir mon hécatombe. Une douceur exquise s'empare de moi. Je ferme les yeux. Une plume vient m'effleurer. Trop curieuse. Je le vois, narquois, s'envoler. Saloperie d'oiseau de merde. Sa robe blanche court vers moi. Je m'effondre sur l'asphalte. Tout tourne au ralenti, et je ne distingue plus les couleurs. Je ne vais pas mourir. Je le sais. Mes membres ne sont qu'engourdis. Tout va bien. Et je n'ai plus de voix. Sa présence à mes côtés me réconforte. Elle est bien plus apaisante que les infirmières de la maternité. Mon ange d'ivoire, qui sera toujours au-dessus de moi. C'est vrai. Je ne l'aurai jamais battu une seule fois. Tant pis. Une ombre plane à ses côtés. S'affale sur ses genoux, me fixe. Je n'y vois rien. Si. Ses iris noirs me transpercent. Sa poitrine me gâche la vue. Sophita. C'est inespéré. Elle m'achèvera, elle. Elle va bien vouloir me buter après toutes ces années. Attrape mon crâne, s'il te plaît. Comme ça, oui. Et maintenant, écrase-le au sol. S'il te plaît. Ne me fais pas vivre en temps que sirène déchue, j't'en prie. Mes yeux se révulsent. Je sais que tout ira bien. Et je vois Jonah arriver en courant. Jonah. Tout se mélange dans ma tête. C'est ça quand on sait qu'on est dans la merde? Jonah... Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur, D'aller là-bas vivre ensemble! Jonah! Jonah, non! Jonah, sauve Cathy de sa cage, Jonah! Jonah! Par pitié! Sauve Cathy!
Ma pensée s'arrête au moment exact où mon coma débute.
Here. It's right here...
Encore une fois, je manque de place dans mon précédent post et me vois contrainte d'en pondre un nouveau. Et non, je n'ai toujours pas finis cette foutue fiche. Il me reste l'hospitalisation, la sortie de son coma dont il en résulte une perte partielle de mémoire mais surtout, le mystère entourant cet accident plus que douteux. Patience donc, les amis. Ps: Déprime non autorisée vu les efforts fournis afin de ne pas tuer les personnages principaux et les censures magistrales fournies via des ellipses grotesques. =D