Eternal-Fuuka
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Un monde où tout peut arriver..
 
AccueilRechercherS'enregistrerConnexion
-11%
Le deal à ne pas rater :
SAMSUNG 55Q70C – TV QLED 55″ (138 cm) 4K UHD 100Hz
549.99 € 619.99 €
Voir le deal

 

 { TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de

Aller en bas 
AuteurMessage
ren
♠ Junkie Punkie Dandii ♠
♠ Junkie Punkie Dandii ♠
ren


Nombre de messages : 494
Age : 34
Localisation : Içi et la.. La et içi..
Date d'inscription : 26/06/2007

{ TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de  Empty
MessageSujet: { TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de    { TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de  EmptyLun 6 Aoû - 16:59



Votre Personnage :



Nom :Le Fay
Prénom :Morgan
Surnom :Probablement le moins compliqué, mais le plus stupide : Momo. Si vous avez une meilleure imagination, tentez votre chance.
Age :20 ans
Orientation Sexuelle :Femme, Bisexuelle.
Metier:Étudiante en art, travaille comme barmaid à temps partiel.

Physique :



Morgan est le portrait craché de son père. De taille plutôt moyenne, la jeune femme mesure dans les alentours d'un mètre soixante-huit. Ni trop grande, ni trop petite, elle n'a rien contre sa taille. Facilement dissimulée dans les foules, il est rare qu'on la remarque au premier coup d'œil. Non, Momo n'est pas l'une de ses jeunes femmes sur qui l'on se retourne lorsqu'elle passe et ça lui va très bien. Elle n'attire pas l'attention. Ses amis lui diraient que c'est une beauté discrète. Elle lui répondrait que c'est n'importe quoi. Mais non, tout de même, Morgan n'est pas laide au regard. Mince et élancée, elle paraît plus grande qu'elle ne l'est réellement. Athlétique, elle fait du sport quotidiennement pour se tenir en forme. Elle possède une silhouette que certains qualifieraient possédant des courbes qui- même si elles ne sont pas voluptueuses - sont tout même présentes. Sa démarche, quoiqu'assurée, n'en est pas lourde pour autant. Non, la demoiselle possède même une certaine grâce dans ses mouvements. C'est une jeune femme qui, si on lui accorde un deuxième regard, se révèle attirante. Une beauté discrète, oui.

Passons maintenant au visage. Ses cheveux sont d'un brun très foncé, passant facilement pour noir. Courts, ses mèches encadrant son visage ne lui arrivent pas plus loin qu'en dessous de sa nuque, juste un peu plus bas que son menton. Ils sont légèrement plus longs vers l'arrière et une petite frange se tient sur le côté. Indisciplinés, il n'est pas rare que quelques mèches rebelles se redressent, lui donnant une allure décoiffée, mais ça ne la dérange pas plus que ça. Et c'est encore pire lorsqu'une brise ose pointer le bout de son nez. Et pourtant, si on passe sa main dans cette mer indomptable, on sera surpris de leur douceur. Ce n'est pas parce que ça ne l'embête pas qu'ils soient à gauche et à droite qu'elle ne prend pas soin d'eux. Elle les coupe régulièrement, aimant la légèreté de la coupe.

Son front est petit, bien dissimulé avec ses mèches folles. Juste en-dessous, de fins sourcils surplombent ses yeux en forme d'amande. Arqués, il ne lui est pas difficile d'avoir l'air sévère -ou encore- froide. Les paupières grandes ouvertes, toujours bien réveillée, on voit facilement son regard marié à des cils, bien que pas très longs, assez fournis. Ses iris sont de couleur améthyste, se mélangeant bien avec ses cheveux. Ils ne pétillent pas, la couleur est morne, mais le regard, lui, est perçant. Impossible de lire quoique ce soit dans ses prunelles, c'est fermé à double tours. Plus bas, on peut voir un petit nez, fin, légèrement pointu. Ses lèvres ne sont pas charnues, mais elles ne sont pas inexistantes pour autant. Disons qu'elles sont équilibrées. D'un rose pâle, ils goûteraient certainement la pomme si quelqu'un oserait s'y aventurer, un baume portant cette saveur qu'elle applique régulièrement. Et si on regarde de plus près, on peut voir que sa lèvre supérieure forme une jolie courbe dont les pointes sont très peu prononcées, légèrement plus pleine que la lèvre inférieure. Son menton est petit et également pointu, donnant à son visage une forme de cœur. Globalement, elle possède un visage mûr et fin, bien proportionné. Sa peau, quant à elle, est plutôt pâle. Ivoire même.

Ses mains sont agiles, des doigts longs et minces, mais dans l'ensemble, plutôt petites. Des mains délicates à l'apparence fragile comme le reste de son corps. Elle pourrait avoir l'air fragile, si ce n'était pas de cette confidence qui lui tient ses frêles épaules bien droite- son cou fin tenant sa tête bien haute- et sa démarche assurée. Non, la jeune femme ne possède pas une poitrine que tout le monde remarque au premier coup d'œil. Comme toujours, discrète, mais présente. Elle n'est pas planche non plus. Sa taille est svelte et ses hanches se démarquent, bien qu'elles ne soient pas aussi larges que certaines. Ses jambes sont longues, expliquant sa silhouette élancée et ses galbes sont finement musclés. En tout et pour tout, Morgan est une jolie fille, mais paraît souvent banale aux yeux des autres.



Caractère :



Morgan n'est pas quelqu'un que l'on approcherait en temps normal. Elle n'est pas de ces gens qui ont cette espèce d'aura qui vous dit : Ouais, elle a l'air sympa. Elle n'a pas l'air -et ne l'est aucunement - de quelqu'un d'extravertie. Elle n'arrivera pas avec le sourire aux lèvres, vous abordant gentiment tout en débutant une conversation sur la pluie et le beau temps, sauf à son travail -et si son patron insiste sinon c'est la commande et puis bonsoir-. Non. De quoi à-t-elle l'air alors ? Et bien, elle peut vous donner deux impressions. La première, c'est lorsqu'elle est concentrée sur quelque chose, fixant un point ou encore un objet, et que ses sourcils froncés d'une façon si sévère qu'elle vous donne l'impression que si vous la dérangez, elle vous arrache la tête. La seconde, c'est lorsqu'elle regarde autour d'elle, ne faisant attention à rien - mais en même temps, elle observe tout très attentivement- de ses yeux blasés. Elle semble être une véritable lunatique, ne regardant pas où elle marche et vous auriez beau la heurter, vous n'aurez jamais son attention. Disons que c'est véridique, à quelques points près.

Oui, Morgan est une personne que l’on peut considérée comme lunatique. Elle aime regarder, se perdre dans des paysages ou simplement observer les gens et il faut parfois répéter son nom plusieurs fois avant que vous n’ayez son entière attention. Et même là, il est difficile pour elle de vous regarder, mais ne vous en faîtes pas. Même si elle donne l’impression de vous avoir déjà écarté de son esprit, elle écoute chaque syllabe que vous prononcez jusqu’à ce que vous ayez terminé. Bien souvent, elle va continuer ses petites affaires, pour le simple fait de ne pas rester immobile. Elle n’est pas hyperactive ou quelque chose du genre, elle n’aime simplement pas ne rien faire. C’est dans sa nature. Il faut qu’elle se rende utile, en quelque sorte, qu’elle s’occupe.

Pour bien des gens, Momo va paraître comme une jeune femme froide. Elle adopte une attitude détachée, avec cet air de je-m’en-foutisme. Elle préfère ne pas s’impliquer pleinement et ce, dans n’importe quelle domaine. Du boulot aux relations. À quelque part, elle se dit qu’ainsi, avec cette approche, il y a moins de chance de se faire mal. C’est une personne avec un faible sens de l’humour. Lui jouer des tours s’avère être une mauvaise idée. Non, Morgan n’est pas le genre à sourire à tout vent en racontant des blagues, faisant des gestes exagérés et tout et tout. Si elle ose montrer son sens de l’humour, ce sera avec du sarcasme, un léger sourire au coin –seul sourire que l’on peut voir d’elle- et peut-être même un peu de moqueries, mais seulement si elle connaît bien les gens et inversement. Elle n’ira jamais trop loin par contre. Elle n’est pas là pour blesser les autres, sauf quand ils le ‘méritent’. Et croyez-moi, vous n’avez pas envie d’être sur la liste noire de mademoiselle Le Fay. Oh, elle ne vous fera pas la vie dure, ce n’est pas dans ce sens que je parlais. C’est juste qu’elle a cette façon de vous regardez comme si vous étiez le pire salopard du monde. Rancunière ? Mais voyons, d’où vous vient cette idée ?

Certains disent que Momo est pessimiste. Elle aime répondre qu’elle est réaliste. Elle n’aime pas se donner de faux espoirs, se dire que tout va bien aller, que tout va s’arranger alors que tous les signes vous prouvent que ce n’est pas le cas. Cette attitude ne fait que la mettre en colère. Elle n’a pas envie de se faire consoler, laissez-la ventiler sa frustration, sa peine, une fois pour toute et là, ça ira mieux. Parce que Morgan n’est pas du genre à se mettre en colère facilement. Non, c’est une personne plutôt calme en général. Et en contrôle. Surtout en contrôle. Elle ne va pas hausser le ton, sa voix va cependant devenir sec, froide. Et elle empile le tout, ne voulant pas en parler jusqu’à ce que la boule au fond de son estomac soit trop grosse, trop pleine et là, elle explose. Mais tout va mieux après. Tout va toujours mieux.

Morgan n’est pas sociable. Elle a un cercle très fermé et peu de personnes peuvent dire être réellement son ami. Mais lorsque la jeune femme s’ouvre à une personne, c’est complètement. Non, elle ne change pas. Elle reste cette jeune femme sarcastique et blasée, mais elle montre d’autres aspects d’elle. Si elle n’aime pas parler, elle préfère cent fois plus écouter. Elle peut rester là, à attendre des heures sans broncher si vous souhaitez vous confier. C’est une personne loyale et digne de confiance qui, étrangement, se montre plutôt maternelle. Non, maternelle n’est peut-être pas le bon mot. Disons qu’il est facile pour elle de se sentir responsable des gens qui lui sont proches. Elle aime prendre soin d’eux. De n’importe quelle manière. Que ce soit panser leurs blessures parce qu'ils sont allés faire les idiots ou leur préparer des repas.

Sinon, la plupart du temps, Momo est vue comme une femme solitaire et indépendante. Elle fait ses affaires et pas besoin de votre aide. Non, s’il y a quelqu’un a aidé, c’est vous et elle est là pour ça. Morgan, c’est le pilier, un rôle auquel elle s’accroche à tout prix. Si elle est là pour vous écouter, ça ne veut pas dire que les rôles peuvent être inversés. Non, c’est une femme forte, qui est capable d’encaisser. C’est une jeune femme qui n’a besoin de personnes. Enfin, c’est ce qu’elle aime dire.



Histoire :



Il m’est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j’ai crue infinie

Elle n’est pas ma fille. Je l’ai portée, je l’ai allaitée. Mais elle n’est pas ma fille. Elle ne l’a jamais été. Elle ne le sera jamais. Elle est la fille de ce monstre. Rien de plus. Une plaie que mon mari et moi devons supporter. L’abandon ? On y a songé. Mais il est inacceptable que les gens se mettent à jaser à cause d’un bébé abandonné qui n’est pas le notre.

Six ans. Cela faisait six ans que Natsume Honda traînait ce boulet à son pied. Six ans et neuf mois, en fait, que l’objet de sa honte la fixait de ses beaux yeux noirs, héritage de cette ordure. Natsume savait pertinemment que la petite Morgan n’y était strictement pour rien mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir un profond dégoût quand elle croisait ces yeux là. Elle ne comprenait pas comment Kasuga, amour de sa vie, parvenait à tolérer cette fille qui, sans être la leur, était sortie de son corps. Elle avait eu très peur que leur amour ne soit pas suffisamment fort pour résister à ce parasite. Mais le viol ne les sépara pas, bien que Kasuga eut bien du mal à admettre qu’elle était enceinte d’un autre que lui. Et même lorsque la petite fille vint au monde, il la laissa traîner dans ses pattes. Même s’il n’éprouvait strictement aucun amour ou autre sentiment paternaliste, il la laissa. Par amour pour sa femme qui n’avait pas eu la force d’avorter, sans pour autant aimer elle-même ce qu’elle allait faire naître, il la toléra. C’est ainsi que, sans même se consulter au préalable, guidés par un accord tacite, le couple dressa l’illusion dans laquelle ils comptaient baigner la fille toute son existence durant. Oui, ils se moquaient de savoir ce qu’il en serait exactement des pensées de cette créature qu’ils ne jugeaient comme humaine pour l’unique raison que Natsume était on ne peut plus humaine, et qu’il était donc tout à fait normal qu’elle mette un autre être humain au monde. Évidemment. Parfois il leur arrivait même de douter fortement de l’humanité de cette petite fille, parce qu’ils considéraient son père biologique comme un monstre, mais ils préféraient l’accepter dans son humanité. Le contraire aurait été trop dur à supporter pour la jeune mère. Ils ne parvinrent néanmoins jamais à la considérer comme humaine au même titre qu’eux. Elle était particulière, dans le mauvais sens du terme. 

Pourtant, durant ses jeunes années, elle fut un ange. On ne l’entendait jamais pleurer. Elle semblait toujours curieuse de tout sans pour autant assommer les gens de questions, un peu réservée et presque méfiante sans pour autant être hostile aux autres. Son éducation était basée sur le respect des autres et la politesse et, enfant vive d’esprit, elle avait vite compris qu’elle avait tout intérêt à suivre les valeurs qu’on lui inculquait. Oh, comme tous les enfants, elle a bien dû faire une ou deux petites bêtises dans cette période de sa vie : mais ses parents n’avaient vraiment pas à se plaindre de Morgan. A la voir et à l’entendre, cette petite fille aux longs cheveux noirs était la gamine la plus heureuse sur terre. Mais au fond de son cœur, elle sentait que quelque chose sonnait faux. Elle ne percevait pas l’illusion fantastique dans toute sa grandeur mais elle avait le sentiment que le Faux l’entourait, caché quelque part. Elle détestait ça. Sa vie lui semblait étrange. Déjà en ces heures, son innocence, sa fraîcheur commençaient à se flétrir. La petite fleur ne comprenait pas vraiment ce monde qui l’entourait, ses parents moins que quiconque. Elle n’avait eu droit aux câlins et aux embrassades uniquement lors de sa toute petite enfance : aujourd’hui, ses parents étaient là pour elle mais elle avait peine à se souvenir du dernier contact physique qu’ils avaient eu envers elle. Elle trouvait cela étrange, alors même qu’elle voyait les enfants qu’on allait chercher à l’école couverts de baisers. Une fois, elle tenta de se jeter dans les bras de sa mère, alors qu’elle venait la chercher à l’école. Elle ne perçut pas vraiment à quoi s’apparentait l’étrange expression qu’avait pris les traits de sa mère alors qu’elle la repoussait, lui priant de ne pas faire de scène en public, de ne pas attirer l’attention sur eux. Morgan ne comprenait pas : pourquoi, si c’était elle qui étreignait sa mère, c’était perçu comme une scène, une situation presque gênante, alors même que tous les autres enfants en faisaient de même avec leurs propres parents ? Soit, elle s’en accommodait. Si c’était cette belle et grande jeune femme qui le disait, elle avait raison, non ? Ce que Morgan n’arrivait pas à percevoir, c’était le dégoût apparu sur les traits de sa mère quand elle approchait de trop son enfant, bien que la petite fille trouvait sa mère bien moins belle quand cette expression étrange animait les traits de son doux visage.

Morgan ignorait totalement qu’elle était le fruit d’un viol et, aujourd’hui, elle l’ignore encore. La vérité est que, si ses parents l’ont gardée près d’eux, c’est bien pour l’unique raison qu’ils ne souhaitaient pas que leurs voisins commencent à raconter bien des choses sur le fait qu’ils aient abandonnés l’adorable petite fille. Le viol fut sujet tabou et la petite fille mis bien longtemps avant d’entendre ce mot pour la première fois : l’écœurement de ses parents était tel qu’ils changeaient de chaîne au journal télévisé dès qu’une telle affaire s’annonçait. Cette illusion dura au cœur de la famille : mais à l’extérieur, contrairement aux souhaits de ses parents, certains médirent tout de même. Ils trouvaient étrange cette petite fille si intelligente : s’ils ne soupçonnèrent jamais l’ignoble expérience éprouvée par la mère, nombreux furent ceux qui jugèrent qu’elle avait dû tromper son mari, et que Morgan avait découlé de cette horrible tromperie. Ils en virent à cette conclusion pour la simple et bonne raison que les parents présumés de la petite fille étaient tout deux parfaitement japonais depuis des siècles et des siècles, cela se lisait sur leurs visages : or la progéniture avait indéniablement de l’européen dans ses traits. Même dans son attitude générale, peut-être agités par une psychose étrange à la vue de cette singulière enfant au comportement un peu trop lisse, un peu trop sage, l’entourage de la demoiselle lui trouvait quelque chose d’européen. Que ce soit vrai ou non, le mépris des gens envers la gamine n’était aucunement dirigé par une quelconque forme de racisme : elle était juste trop étrange dans ce couple de japonais aux allures de perfection. Cette curiosité lui attira l’animosité du voisinage, alors même qu’elle n’y était pour rien. Sa mère parût démone, son père fut sacralisé : que cet homme était bon de garder cette enfant de la honte auprès de lui, de la supporter comme s’il eut s’agit de sa propre fille ! Enfant de la honte. Cette expression trouva sa place dans les bouches voisines, et aucun ne put savoir à quel point elle était juste. Natsume Honda se sentait humiliée, et le regard de cette demoiselle, si semblable à celui de son bourreau, lui rappelait chaque jour qu’elle avait souffert, qu’on l’avait forcée à faire cet enfant sans même se soucier des conséquences futures dans la vie de la jeune femme, sans même s’intéresser aux risques de lui faire un enfant. Si elle n’avait eu Kasuga auprès d’elle à cet instant déjà, elle aurait sûrement méprisé tout le genre de l’homme et l’aurait évité tout au long de sa vie. Elle aurait également abandonné la petite fille, lui offrant une enfance plus heureuse que celle qu’elle subît. 

Mais il n’en fut rien, déjà mariée à l’heure de la Honte, follement amoureuse, elle conserva une étrange méfiance à l’égard des hommes qui lui étaient inconnus. Par mimétisme, jugeant cette femme splendide comme son modèle, la petite Morgan prit dès lors une certaine distance envers les hommes. Elle n’arrivait pas très bien à cerner pourquoi sa mère s’approchait volontiers des femmes tout en s’isolant des hommes. Le mystère ne fut jamais résolu, et elle finit par l’oublier, se contentant de l’imiter sans chercher à comprendre. Le seul homme qu’elle s’autorisait à approcher, tout comme sa mère, était son père. Cependant, celui-ci ne semblait pas très disposé à lui retourner son affection et le plus grand geste d’attention qu’il lui apporta fut de lui tapoter légèrement la tête, l’air distant, alors qu’elle attendait fièrement des félicitations pour avoir obtenu la note la plus élevée de sa classe. Elle n’y comprenait rien. Les deux personnes chez qui elle cherchait de l’amour, ses deux repères, semblaient se sacrifier alors qu’ils lui en offraient, à contrecœur, comme si l’aimer était synonyme d’horreur. Les questions fourmillaient dans son esprit sans qu’elle n’ose les poser : son intelligence prématurée fut la cause de sa douleur. Elle rêvait de leur poser mille et une questions, s’en empêchait par un devoir de discrétion, comme si elle pressentait que ses interrogations engendreraient le chaos dans sa vie bien rangée. Elle ne se sentait pas nécessairement bien et oscillait entre une discrétion sans faille et une curiosité maladive. Ainsi Morgan se maintint au silence, et parfois, les questions qu’elle retenait à grand peine la rendaient presque folle. De par son jeune âge, son besoin de réponse et la naïveté de son enfance encore préservée jusqu’à présent, la petite demoiselle ne savait combien de temps elle tiendrait. Avant même ses six ans, elle entretenait déjà le secret sur ses pensées et ses sentiments, qualité ou défaut, peu lui en importait. L’étrange sixième sens de son enfance fit son office durant ses sept premières années : elle savait qu’elle ne devait surtout pas poser toute les questions qui la taraudaient, au risque de tout perdre et de faire exploser sa vie.

Le problème qui en découlait se scindait en deux : tout d’abord, elle avait une terrible soif de réponse, et il ne tenait qu’à peu de chose qu’elle craque et se lance dans l’entreprise très risquée de les obtenir, même si elle perdrait dans l’entreprise tout ce qui faisait alors sa vie. Le second, et bien plus terrible, était qu’elle en venait parfois à trouver son attitude on ne peut plus grotesque. Dans de rares moments de lucidité, hors du conditionnement familial, elle ressentait pleinement l’Illusion, ne la comprenait pas pour autant mais en souffrait sans aucun doute. Elle jouait un rôle, en avait pleinement conscience, ne comprenait pas pourquoi mais elle continuait, inlassablement, à jouer le rôle de cette petite fille modèle, calme et discrète, sérieuse et volontaire. Et puis, une fois absorbée par le rôle, elle en venait à oublier qu’il ne s’agissait que d’une merveilleuse pièce de théâtre grandeur nature, qu’elle ne faisait que jouer. En quelque sorte, elle s’oubliait en faveur de son rôle. La Vraie laissait place à la Fausse et se perdait au loin pour tenter d’atteindre une félicité lointaine et tout aussi Vraie que la personne l’était, sans pour autant parvenir puisqu’une fois seule et débarrassée de l’illusion qu’on lui brandissait sans cesse sous le nez, comme une promesse de cette félicité qu’elle ne faisait que frôler, la Vraie revenait encore et encore. Elle avait l’impression d’être heureuse, en ces instants. Mais comment trouver le bonheur dans le Faux ? Son sixième sens d’enfant la mettait de nouveau face à une grande contradiction : comment vivre heureuse en souhaitant la Vérité, tout en sachant parfaitement que l’obtenir équivaudrait tout bonnement à détruire sa vie et son bonheur ? Ce paradoxe la perturbait si bien qu’il ne fut pas surprenant qu’un jour, elle craqua et se décida, sans concession, de se consacrer à l’un de ces deux objectifs : tiraillée entre la Vérité triste et l’Illusion merveilleuse, elle avait conscience qu’elle ne pourrait vivre éternellement ainsi, et le choix, mûrement réfléchit pour un enfant de son âge, fut fait. Que ce soit une bonne ou une mauvaise chose, elle préférait l’une des deux solutions et se décida à l’appliquer avec zèle dès que l’occasion lui en fut donnée.

Je l’ai supportée trop longtemps. Je n’accepte plus ce regard curieux sur le monde, ni cette petite vie énergique. Elle ne croit pas avoir suffisamment abusé de ma femme en parasitant son ventre ? Je l’ai tolérée jusqu’à présent. Mais elle a dépassé les bornes.

Le conte de fée allait-il se disloquer pour toujours ? Morgan avait à vrai dire l’impression d’avoir commencé par le dénouement. A sept ans, elle en avait assez d’être coincée dans un fantastique « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Elle se sentait comme si elle avait tout vécu sans avoir rien vu, comme si elle n’avait pas pu profiter de sa belle petite vie. Mais elle avait une terrible angoisse, une abominable boule au ventre à l’idée de prendre autant de risques. N’était-ce pas le moment ou jamais ? Elle n’avait pas souvent l’occasion d’avoir son père et sa mère à la maison en même temps, ce premier souvent pris par son travail et cette seconde profitant des présences de son mari pour aller voir quelques amies dans le voisinage ou faire quelque courses sans sa petite fille. De plus, ses parents semblaient tous deux d’excellente humeur, et elle-même était satisfaite : ils l’avaient inscrite le jour même aux cours d’arts martiaux dont elle rêvait depuis quelques temps déjà, après qu’elle ait achevé sa troisième année de gymnastique. Activité peu féminine ? C’est surtout que sa mère, dans sa psychose merveilleuse et contagieuse concernant le danger que les hommes pouvaient représenter, avait invariablement contaminé sa fille qui voulait ainsi être capable de se défendre. De plus, le mouvement des corps dans les combats la passionnait tout bonnement. Si ce n’était que ça, elle aurait pu faire de la danse, certes, mais elle joignait l’utile à l’agréable en apprenant à se battre tout en exerçant les germes d’une passion. Un contact, plus doux qu’il y paraît, et l’autre est à terre ; un autre, et il est immobilisé. Elle ne savait pas si elle réussirait à vaincre la grande partie des petits garçons qui avaient pour la plupart plus de force que cette frêle petite fille qu’elle était alors. Elle comptait néanmoins sur sa souplesse et sur sa détermination pour les vaincre malgré tout ce qui pouvait la désavantager. Ses parents ? Ils étaient satisfaits que l’enfant fasse une activité sportive, quelle qu’elle soit et tant qu’elle ne les dérangeait pas sans arrêt à propos de ladite activité. Tout allait bien. 

Ainsi, le soir même, alors que la famille mangeait en silence, et après une ultime hésitation, la jeune fille leva ses yeux si profondément noirs sur ses parents pour leur poser enfin cette question qui l’obsédait depuis tant de temps. L’angoisse s’emparait d’elle au fur et à mesure qu’elle parlait, et atteignit son apogée en apercevant les expressions de ses parents.

« Papa, maman, pourquoi j’arrive pas à être vraiment heureuse comme ça ? »

Scandaleux ! Cette enfant pour qui ils avaient sacrifié leur vie, elle osait leur demander cela comme ça, comme si elle en avait le droit ? Ses parents ne pouvaient l’accepter. Ils n’admettaient pas qu’elle pose cette question pourtant élémentaire : comment pouvait-elle espérer être vraiment heureuse alors même qu’elle n’était qu’un poison dans leur vie, une plaie qu’ils daignaient tolérer alors que rien ne les y obligeaient ? Pourquoi n’arrivait-elle pas à se satisfaire de tout ce qu’ils lui donnaient déjà ? La réponse était très simple : s’ils lui donnaient matériellement tout ce dont elle avait besoin, et une bonne partie des choses qu’elle demandait sans pour autant qu’elle en devienne capricieuse, ils oubliaient l’essentiel, ce dont elle avait le plus besoin : l’amour. La petite fille réclamait juste un peu, un tout petit peu d’amour, et ses parents étaient incapables d’entendre son appel à l’aide et de lui offrir cet amour. Ainsi, elle ne pouvait connaître le bonheur. Ne comprenant pas pourquoi il lui était inaccessible, elle se dirigeait forcément vers ses repères, ceux qui devaient être ses guides sans en assumer le rôle : ses parents. Malheureusement pour elle, ses parents étaient aveuglés par leur dégoût pour l’enfant, ce qui les empêchait de comprendre ses désirs les plus élémentaires. Cercle vicieux qui menait peu à peu la petite Morgan qui en était prisonnière à sa perte. 

Après sa question ne s’installa que le silence, un silence lourd, pesant. Elle comprit dès lors qu’elle avait commis une énorme erreur en interrogeant ses parents sur ce sujet, qui lui tenait pourtant tant à cœur. Elle ne comprenait pas en quoi elle avait fait une erreur. Et ce silence, implacable, l’effrayait. Elle ne savait pas vraiment que faire, ne fit que sceller une bonne fois pour toutes son sort en reprenant la parole, précipitamment, d’un air affolé, ne sachant comment arranger les choses. Sa condamnation au malheur s’enclenchait peu à peu. 

« Non, mais, je demande ça… Vous, vous avez l’air toujours heureux, vous n’avez jamais l’air triste, et c’est pareil pour tout le monde… Je crois que je suis la seule à être triste, je… Je ne sais pas pourquoi... Je comprends pas… Comment vous faites à … ? »

La gifle, violente, qu’elle n’avait pas réussi à voir venir, la fit taire. Sa mère, hors d’elle, s’était levée. Comment cette enfant, source de tous leurs malheurs, pouvait-elle leur demander cela ? Comment osait-elle ne pas se satisfaire du sort déjà aisé qu’ils lui offraient ? L’incompréhension demeurait dans le foyer. De ce moment, Morgan ne se souvient que des cris hystériques de sa mère, et des gifles qui suivaient la première. Elle ne put rien comprendre de ce que cette femme, son beau visage déformé par la rage, lui hurla. Elle crut voir un sauveur en son père, cet homme qui n’avait toujours pas bougé, calme, lorsqu’il retint sa femme, la mère de la petite fille qui s’apprêtait à infliger un énième coup à la petite fille, apeurée, recroquevillée au sol, tombée de sa chaise par la force des coups et le choc psychologique que venait de lui infliger sa mère. Mais cet homme ne fut pas un sauveur. Il ouvrit la bouche, Morgan regarda l’homme qui la surplombait malgré sa petite taille avec un espoir discret, l’appel à l’aide si clair dans ses yeux sombres et sa peur, palpable.

« … On n’a jamais eu besoin de toi. »

Le coup, violent qui suivit ne fut rien par rapport à l’intensité de la plaie que l’homme venait de lui faire au cœur, à l’âme. Ils n’avaient pas besoin d’elle. Elle n’avait aucune utilité sur cette terre. La fillette avait peu d’amis, qu’elle perdait régulièrement pour en trouver d’autre, comme tous les enfants, en un peu plus instable peut-être. Elle ne savait pas pourquoi, mais sa seule famille était ses deux parents. C’était donc d’eux qu’elle voulait attirer l’attention. D’eux qu’elle voulait être aimée. Pour eux qu’elle voulait être indispensable. Et pourtant… Son père venait de lui dire la vérité, cruelle. Ils n’avaient pas besoin d’elle. Elle n’était pas utile à ses parents. Elle ne leur servait à rien. Ils ne l’aimaient pas. Cruellement. Elle en avait désormais la preuve, dans ces coups, dans ces cris. Qu’avait-elle fait pour mériter ça ? Quelle était son erreur ? Car ce ne pouvais être que de sa faute, n’est ce pas ? La pauvre enfant n’y était pour rien, mais là était sa tragédie : victime d’une faute qu’elle n’avait pas commise, elle devait subir le courroux de ses parents sans pouvoir rien y faire. Quand ceux-ci se lassèrent des coups puissants qu’ils infligeaient à leur enfant, elle se retira péniblement dans sa chambre, sans finir son repas et les larmes coulant à flots. A cause de cette question malheureuse, son quotidien se retrouva chamboulé.

Comment avons-nous pu ne rien voir ? Cette pauvre enfant… Ils l’ont brisée. Yusei est sa dernière chance. Je ne peux rien faire de plus que lui offrir un toit, et tenter de l’aider à se reconstruire, peu à peu.

La petite fille vérifia rapidement que la chaussette haute de son uniforme dissimule correctement le bleu imposant au niveau de son genou. Cela faisait deux ans que l’illusion s’était effondrée. Deux ans qu’elle souffrait régulièrement d’agressions physiques comme mentales, toutes assénées par ses géniteurs. Ceux-ci avaient la chance que leur fille ne marqua naturellement que difficilement, mais cela ne rendait ses bleus que plus cruels. Leur deuxième chance, c’était le sport que continuait de pratiquer régulièrement la petite fille. Un sport de combat était la meilleure justification à tous les bleus qu’elle pouvait avoir à supporter. Morgan quitta ensuite sa chambre, afin de ne pas être en retard à l’école. Son genou lui faisait mal rien que quand elle marchait. Elle ne pensait pas qu’ils l’aient frappée suffisamment fort pour lui casser quelque chose malgré la douleur anormalement persistante, mais elle n’avait même pas besoin d’appuyer sur son bleu pour en souffrir. Elle soupira mais continua malgré tout à marcher. Elle avait honte de toutes ses plaies, n’osait en parler à personne. Elle avait toujours le sentiment d’avoir mérité son sort, pour une raison qui lui était inconnue mais que détenaient ses parents, eux, les beaux adultes qui avaient toujours raison. Ainsi, elle se dirigea peu à peu vers l’école. Si ses résultats étaient exemplaires, que la jeune fille n’était pas loin d’être la première de sa classe, ses professeurs s’inquiétaient tout de même à propos de cette enfant. A son âge, en général, on ne rechignait pas à aller à la piscine : pourtant, elle avait demandé s’il était possible d’avoir une dispense. A son âge, les enfants, même les petites filles, restaient insouciants et chahutait beaucoup lors des récréations : pourtant, elle demeurait étrangement calme, que ce soit lors des pauses ou en classe. A son âge, on était hyper sociable : pourtant, elle n’avait pas un seul ami, si ce n’est ce petit garçon qui allait la voir régulièrement. A son âge, enfin, on avait que rarement une telle pudeur avec son corps, surtout quand on était aussi fin qu’elle : pourtant, elle n’aimait pas du tout l’uniforme d’été qui dévoilait ses bras et ses jambes, et se dissimulait toujours tant qu’elle le pouvait dans les vestiaires avant le sport. De manière générale, les adultes autour de Morgan s’inquiétaient à propos de la petite fille. Mais elle ne laissait personne s’approcher d’elle. Personne, sauf…

« Morgan ! Attend moi ! »

La petite fille s’arrêta, un soleil illuminant un instant son cœur éteint. Cette voix qu’elle reconnaissait entre mille… Elle se tourna vers le petit garçon qui l’avait interpellée. Il était sa seule joie en ce monde. Tout autour d’elle était ténèbres, et il était une lumière à ses yeux. Ils fréquentaient le même dojo et il était le plus fort de tous. Yusei Date était un petit garçon plein de vie, visiblement très heureux. Il vivait seul avec son père, Takeda Date, depuis le décès – dans des circonstances plus que louches – de sa mère. Ultra sociable, il n’avait pas hésité une seule seconde en voyant cette pauvre petite fille seule. Et peu à peu, il avait gagné son amitié, aussi précieuse qu’elle était rare. Ils n’habitaient pas très loin l’un de l’autre, et il la rejoignait la plupart du temps sur le chemin de l’école. Elle ne l’attendait pas, comme si cela officialiserait trop leur relation et que s’engager ainsi lui faisait peur. Mais à partir du moment où il était là, où il courrait pour la rejoindre comme à l’instant, ils partaient ensemble à l’école. Grâce à lui, elle connaissait malgré tout des brides d’insouciance dans une vie d’angoisse constante. Ils étaient toujours en compétition, une rivalité enfantine qui les faisait avancer. Elle enviait son don pour le combat alors qu’elle-même se débrouillait plus que bien et ils faisaient toujours de leur mieux pour avoir de meilleures notes que l’autre : là où elle le battait en histoire, en anglais et en japonais, il était bien plus doué en maths, en géographie et en français. En sport, garçons et filles ne jouaient pas dans la même catégorie mais lorsqu’ils se retrouvaient l’un contre l’autre durant leurs cours d’arts martiaux communs, il gagnait toujours. Il la regardait parfois d’un air inquiet, cette fille un peu trop maigre et qui semblait souvent si triste, mais comme elle s’outrait lorsqu’il se mettait à la couver du regard, estimant à la fois qu’elle ne le méritait pas et qu’elle était suffisamment grande pour se protéger toute seule – le drame d’une petite fille de neuf ans qui ne pouvait se tourner vers personne d’autre qu’elle-même pour survivre dans un foyer hostile – il faisait en sorte que cela ne soit pas trop apparent.

Mais en ce jour, tout bascula. Durant toute la journée, elle souffrit énormément à cause de son genou, s’ingéniant malgré tout à dissimuler cette douleur honteuse. Peut-être qu’il le remarqua, oui. Mais il fit comme si de rien n’était, sachant parfaitement qu’elle ne supportait pas qu’il affiche une trop grande sollicitude. Il s’inquiétait néanmoins toujours à propos d’elle, cette petite fille aux très longs cheveux noirs, la plus frêle des jeunes fleurs qui lui était donné de voir et qui cachait toujours tant qu’elle le pouvait cette peine au fond de ses yeux d’encre. Mais l’inquiétude de Yusei pour sa jeune amie augmenta considérablement alors qu’ils quittaient l’école, à la fin de la journée, pour rejoindre le dojo. Elle allait bien moins vite que d’habitude, il en avait conscience et s’il avait d’abord pensé que le sac de Morgan était trop lourd pour elle, il remarqua bien vite qu’elle boitait, d’abord très légèrement, tentant de se cacher par tous les moyens, mais plus franchement lorsqu’il feignait de regarder ailleurs. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, avait très peur pour elle. Plusieurs fois, il lui demanda si elle ne voulait pas qu’il la raccompagne chez elle plutôt que d’aller au dojo ; au-delà de l’ombre de panique qui passait dans les yeux de la petite fille à l’évocation de son foyer, elle finit par s’énerver en affirmant qu’elle allait très bien, qu’il n’avait absolument pas à s’inquiéter pour elle puisqu’elle était juste un peu fatiguée et que non, sa fatigue ne serait pas prétexte à rentrer chez elle alors même qu’elle avait déjà manqué le dernier cours pour pouvoir réviser convenablement une interrogation récente en anglais – dans laquelle elle avait par ailleurs brillé. Tous deux s’enfoncèrent dans un silence boudeur après cette tirade colérique : il était vexé qu’elle ait repoussé aussi fortement sa gentillesse, elle était frustrée de sa douleur et de la sollicitude du jeune garçon qu’elle trouvait superflue tout comme elle s’énervait contre elle-même à l’idée de s’être mis le jeune garçon à dos, ce qui était sa plus grande crainte : si même lui la laissait tomber, il ne lui resterait plus rien au monde. 

Finalement arrivés, Yusei adressa enfin la parole à son amie, d’un ton trop gentil pour qu’il lui en veuille encore, ce qui rassura évidemment Morgan. Il devait parler au maître, dit-il en retirant ses chaussures. Elle le laissa donc filer en retirant les siennes avant de se diriger vers le vestiaire où, à l’abri des regards, elle troquerait son uniforme contre une tenue plus pratique à l’exercice du combat. Elle observa un instant son bleu. Il lui paraissait encore plus imposant que ce matin, et le frôler à peine lui infligeait une douleur lancinante. Mais comme tous les coups dont elle avait pu subir, cette blessure finirait par passer, n’est-ce pas ? Ce n’était après tout pas comme si elle était grave. Après un soupir, elle se releva, grimaça de douleur. Jamais un bleu ne lui avait fait aussi mal auparavant. Elle regretta de ne pas avoir écouté Yusei, peut-être qu’il avait raison, finalement, et qu’elle aurait mieux fait de rentrer chez elle. Tant pis, maintenant qu’elle était là… Elle quitta les vestiaires pour gagner la salle principale, débuta quelques échauffements en faisant de son mieux pour donner le change par rapport à son genou meurtri. Morgan jeta un œil vers son maître, un bel homme entre deux âges, qui tenait de sa mère slave des yeux d’océan et des cheveux aux couleurs du soleil, alors même que son maintien rappelait le fier japon qui s’esquissait de par son père. Il parlait toujours à Yusei, qui semblait particulièrement agité, ce qui fit froncer les sourcils à Morgan : d’ordinaire, lorsqu’il s’adressait aux adultes, en plus d’avoir une étrange facilité au dialogue, le jeune garçon restait plutôt calme. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Elle s’inquiétait bien évidemment pour son jeune ami, qu’elle connaissait bien plus qu’elle n’osait l’admettre. Avait-il un problème ? En ce cas, pourquoi ne lui en avait-il pas parlé ? Elle força un peu plus sur son échauffement, tangua. Il fallait qu’elle reste concentrée. Attendant donc que les deux hommes aient fini de parler, Morgan répéta un enchaînement.

Celui-ci requérait beaucoup ses jambes, particulièrement sa jambe gauche. Occultant de son mieux la douleur, elle se lança. Un bruit étrange provenant de son corps. Une douleur effroyable, insoutenable. Chute. Et Yusei, qui criait son prénom en se ruant vers elle, l’ayant entendue crier alors même qu’elle ne s’était pas rendu compte qu’elle avait ouvert la bouche, dernière image qu’elle emporta avant de sombrer dans l’inconscience. 

Elle ne se réveilla que bien plus tard, dans une pièce aux murs blancs, allongée sur un lit qui n’était pas le sien. Hôpital. Elle détesta immédiatement ce lieu, voulut se lever de peur que ses parents ne trouve prétexte à la disputer et à la battre de nouveau, mais plusieurs choses l’en empêchèrent. Sa jambe, qui lui faisait mal, et lui semblait si lourde. Une aiguille dans son bras. Et enfin, la présence d’un beau blond serein escorté d’un petit garçon à l’air inquiet. Son maître lui pria tout de suite de se rallonger, alors qu’elle faisait un mouvement pour se redresser, en posant ses mains sur ses épaules. Elle était terrorisée, il le lisait dans ses yeux, la connaissant plus qu’elle l’aurait voulu. Dépassée par les événements, elle apprit que ses parents allaient venir : la terreur s’empara de son corps en apprenant que son maître et le personnel de l’hôpital soupçonnaient les mauvais traitements qu’elle avait subi. Qu’est ce qu’elle allait devenir ? La honte et une angoisse terrible de son avenir inconnu se dressèrent à son esprit. Car malgré tous les mauvais traitements qu’ils lui infligeaient, elle aimait vraiment ses parents, elle les aimait toujours. Elle avait encore l’espoir secret de leur plaire, finalement, qu’ils vivent tous les trois heureux, et qu’ils se réjouissent sincèrement de la présence de la petite fille à leurs côtés. Chimère irréalisable, elle le savait parfaitement, au fond, mais l’espoir était une vraie traîtrise : même là, alors qu’elle savait qu’elle se faisait du mal pour rien à oser croire à une possibilité d’avenir serein avec ses parents, alors qu’elle savait parfaitement que ce rêve était à jamais inaccessible, il demeurait des braises d’espoirs, à cause desquelles les désillusions étaient toujours plus dures. Mais qu’allait-elle devenir si ses parents la laissaient bel et bien ? Vers quoi pourrait-elle se tourner pour continuer à vivre ? Par automatisme, ses yeux se posèrent sur Yusei. Yusei, son soutien depuis si longtemps, ce garçon si gentil… Elle ne voulait pas le parasiter. Et puis, si elle se retrouvait séparée de ses parents, peut-être qu’elle serait envoyée loin de sa ville natale. L’horreur lui tordait les entrailles. Tout mais pas ça. Elle n’avait pas la force d’envisager un nouveau départ. 

Mais les pensées tumultueuses de la pauvre enfant cessèrent immédiatement avec l’entrée de sa mère dans la chambre. Elle lui lança un regard désespéré, une lueur de fol espoir dans ses yeux si profondément noirs. Et le regard qu’elle reçu en guise de réponse acheva de broyer son innocence, de transformer l’espoir en cendres. Entre la froideur et le mépris. Morgan ne comprenait pas du tout ce qu’elle avait fait de mal pour devoir endurer cela, un tel regard. Elle était décidément terrorisée : qu’allait faire cette femme si froide, si droite alors même que ses vices partagés avec son mari étaient dévoilés au grand jour ? Elle pour qui l’image qu’elle donnait aux autres était vitale… Elle allait sans doute quitter cette ville, que les bruits aient courus ou non. Son mari trouverait moyen de gérer ses affaires ailleurs : et elle, alors ? Morgan se posait cette question, toute naïveté envolée. La prendraient-ils avec eux ? Elle ignorait qu’il y avait des gens pour s’inquiéter suffisamment pour elle pour tout faire afin qu’elle ne retourne plus jamais avec ses géniteurs, si cruels. Peut-être qu’ils resteraient dans cette même ville, dans leur vie bien rangée, et ferait comme si de rien n’était : cette perspective n’étonnerait pas Morgan. La jeune fille angoissée prononça quand même ce mot, de sa petite voix aigue, apeurée…

« … Maman… »

Maman, quoi ? Maman, ne m’abandonne pas. Maman, ne me laisse pas derrière toi. Maman, pardonne-moi. Maman, je ne sais pas ce que j’ai fait pour que tu ne m’aimes pas, mais je sais que je l’ai mérité. Maman, excuse-moi. Maman, tu es la seule chose que j’ai. Maman, notre lien de mère à enfant est la dernière chose qu’il me reste. Maman, tu es la dernière personne sur qui je m’accroche. Maman, j’ai besoin de toi. Maman, j’ai peur. Maman, je ne veux pas que tu me laisse. Maman, aime-moi. Maman… Je t’aime. Rien de tout cela ne pu être prononcé. D’abord parce que la petite fille, larmes aux bords des yeux, ne pu rien ajouter de plus de peur de fondre en larmes. Mais aussi parce que, même si elle en avait été capable, sa mère s’empara de la parole avant elle, la rage brûlant au fond des yeux.

« … Ne m’appelle pas comme ça. Surtout pas comme ça. Je ne t’aime pas. Je ne t’ai jamais aimée. Je ne veux plus te voir. Jamais. Je suis incapable d’aimer quelqu’un comme toi, qui fait tant de mal sous ton air innocent. Je n’ai pas besoin de toi. »

Les mots faisaient parfois plus mal que les plus violents des coups. L’innocente Morgan se retrouvait accusée d’un mal qu’elle n’avait pas commis et était condamnée à en assumer la faute, trop lourde pour ses frêles épaules. La voix sèche et froide exprimait son jugement ultime et les mots incisifs étaient sa sentence. Comment cette femme qui l’avait rouée de coups pendant deux ans, qui lui avait crié de terribles insultes sous le couvert de l’hystérie pouvait-elle encore lui faire aussi mal ? Prostrée, entre ses larmes, la petite fille aux longs cheveux noirs aperçu son maître qui conduisait sa mère hors de la chambre, lui priant de ne pas dire de choses pareilles devant cette enfant. Ils allaient sûrement parler de son cas. Elle remarqua aussi, dans la même œillade, qu'Yusei tremblait de rage, les dents serrées. Il s’était sans doute retenu de réprimander à force de cris l’adulte qui faisait tant de mal à sa plus chère amie. Quoi qu’il en fut pour son maître, pour sa mère, pour Yusei… Elle s’en moquait alors totalement. Seule avec son malheur, seule avec ses larmes, son monde achevait de s’écrouler. Elle était littéralement anéantie, n’avait plus aucun désir de vivre : sa mère venait de l’abandonner, n’avait-elle pas raison ? Elle l’abandonnait parce qu’elle ne l’aimait pas, ne l’avait jamais aimée et ne l’aimerait probablement jamais. Cruauté. Désespoir. Elle était seule. On ne peut plus seule au monde. 

Sauf que peut-être…

Soudainement, elle senti des bras, rassurants, autour de ses épaules. Une étreinte. Et malgré ses sanglots elle savait parfaitement qui venait de la prendre, doucement, dans ses bras, attirant son visage contre son épaule, son cou. Il avait son âge, il avait le bonheur, il était son bonheur. Yusei. Il était là pour elle. Elle n’était peut-être pas si seule… Désespérée, elle accrocha ses mains à la chemise de son ami, dans le dos de celui-ci, fort, comme si elle avait peur qu’il s’envole. Oui, elle l’avait toujours, lui. Il était là, là pour la soutenir comme pour se réjouir avec elle. L’étreinte était salvatrice, de même que les gentilles caresses qu’il lui déposait dans les cheveux alors qu’elle fourrait sa tête contre le cou de son héros. Jamais elle n’oublierait cette étreinte.



Derrière l'ordi :



Pseudo : Jjang, Demi pour les intimes.
Age : Toujours 22 printemps
Comment avez-vous connu le forum? :Rain.
Commentaire : Un petit double compte ne me ferait pas de mal.
Code du règlement :Validé by Inoue
Revenir en haut Aller en bas
ren
♠ Junkie Punkie Dandii ♠
♠ Junkie Punkie Dandii ♠
ren


Nombre de messages : 494
Age : 34
Localisation : Içi et la.. La et içi..
Date d'inscription : 26/06/2007

{ TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de  Empty
MessageSujet: Re: { TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de    { TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de  EmptyJeu 9 Aoû - 1:41



Histoire (suite):



Je l’aime. Terriblement. Il n’y a rien de plus à dire. Je l’aime. Elle est ma raison de vivre, ma dépendance. Personne ne me la prendra. Personne.

En croisant ses parents ce jour là, Morgan se posa des questions qu’elle ne s’était jamais posée à neuf ans : pourquoi, âgée de seize ans et alors que ses parents étaient tous les deux japonais, elle avait l’impression de ressembler plus au métis qu’était son maître et père adoptif qu’au modèle typiquement japonais ? La ressemblance était relative puisque là où il était blond aux yeux clairs, elle avait les cheveux d'encre et les yeux d’améthyste : mais à la forme de son visage, et surtout, de ses yeux, elle n’avait pas l’impression que les choses étaient normales. Quand elle se comparait à son maître… Tout laissait croire qu’elle était métis, elle aussi, pas aux mêmes origines – il venait de toute évidence des pays slaves, elle se voyait plutôt d’une origine centre-européenne… espagnole, peut-être – mais qu’il y avait un problème dans ses origines. Le couple lui apparaissait comme heureux, désormais. Elle ne le croisait que rarement, bien qu’il soit finalement resté dans la même demeure. Elle faisait son possible pour l’éviter, ne souhaitant pas revivre son enfance cauchemardesque à cause d’un regard malheureux. Elle se demandait pourquoi elle était si… Différente. Adoptée ? Impossible. De manière générale, l’adoption était trop difficile, et les gens qui adoptaient désiraient vraiment un enfant, pas un punching-ball. Mari trompé ? Malgré tout l’amour qui unissait ses parents, c’était plus probable. Cela lui expliquerait également pourquoi elle avait tellement l’impression d’être une honte, une tare pour sa mère, encore plus que pour son père. Oui, c’était plausible. Jamais, jamais l’idée du viol ne lui vint à l’esprit. Sa mère avait trop fait son possible pour qu’elle n’entende pas d’histoire concernant un acte aussi abominable durant son enfance pour que Morgan ait l’idée d’envisager le viol. La sécurité au Japon était de plus tellement élaborée… Non, vraiment, elle n’arrivait pas à imaginer ce qui était pourtant la vérité, cruelle et dure vérité. 

En sept ans, la demoiselle avait beaucoup évolué. Elle était plus épanouie qu’avant, sans que cela ne soit particulièrement remarquable. Elle vivait chez son maître, qui avait eu les plus grandes difficultés du monde à lui faire accepter de l’appeler par son prénom, Boris, et non plus « maître ». Elle avait conservé une certaine distance avec lui, craignant un peu trop les adultes et les gens en général pour se lier véritablement à quelqu’un. Incertaine, on pouvait cependant constater, quand on la connaissait bien, qu’elle aimait beaucoup cet homme avec qui elle mettait le plus de distance qu’elle le pouvait. Boris tentait d’apprivoiser peu à peu cette lionne blessée, et il aurait certainement réussi s’il avait plus de temps à lui accorder. Elle lui était redevable de beaucoup, ne l’ignorait pas. Elle aurait tout fait pour lui s’il le lui avait demandé, sans pour autant qu’il le sache. Adolescente déjà, elle avait tendance à dissimuler ses sentiments, son affection. Il était hors de question, à son idée, qu’elle montre de nouveau à quelqu’un qu’elle était attachée à cette personne. Pour que celle-ci la détruise minutieusement, encore une fois ? Qu’on l’abandonne, agonisante, sur le bord d’une route ? Qu’elle mette des années et des années à s’en remettre ? Que de nouveau, quelqu’un lui dise qu’il n’avait pas besoin d’elle, en sachant pertinemment à quel point ces mots blesseraient, la tueraient à petit feu ? Non, vraiment, c’était hors de question… Ou presque.

Car il y avait l’Exception.

Lui, il pouvait connaître son affection sans le moindre problème. Lui, il ne l’abandonnerait pas. Il ne le ferait jamais, elle en était sûre. Il était son ami d’enfance, son amour caché. Car même si lui avait le droit de savoir qu’elle l’appréciait, elle ne pouvait se permettre de lui montrer à quel point. Pour un vestige défensif, tout d’abord, un réflexe qui érigeait un muret entre eux deux. Pour une timidité bien dissimulée. Elle n’osait pas déclarer ses sentiments, tout simplement. Elle avait été éduquée comme ça, d’un côté. De l’autre, et bien, il avait ces vieux démons qu’elle n’avait pas encore complètement éradiqués. Et bien qu’elle soit une fille des plus franches, toujours prête à dire la vérité même si celle-ci devait blesser, elle se révélait d’une timidité incroyable dans le domaine des sentiments affectueux. Enfin, il y avait un dernier obstacle. Une barrière nettement plus concrète que celle de ses peurs et de ses espoirs déçus. Le père. Il n’avait pas du tout une bonne réputation. Des histoires terribles étaient racontées sur lui. Morgan se méfiait beaucoup des racontars du voisinage. Elle n’aimait pas du tout ce genre de choses, les réunions de commères à l’imagination exacerbées qui ne pouvaient s’empêcher de baver sur le dos des autres. Mais malgré cette haine de l’hypocrisie de toutes ces rumeurs et de leurs colporteurs, elle ne pouvait s’empêcher d’accorder une oreille particulièrement attentive à celles qui concernaient Takeda Date. Soyons sérieux, elle ne croyait pas du tout à celle racontant qu’il avait eu trois femmes au total et qu’il les avait toutes assassinées selon un cadre précis, l’une à Tokyo, l’autre à Osaka et la dernière à Kyoto. Cependant… Il y avait une rumeur qui l’effarait proprement. Elle concernait la mère de Yusei. Le rapport de police racontait qu’elle était partie avec un amant et son corps ainsi que celui de son amant avaient étés retrouvés à une vingtaine de kilomètres de la ville. Le coupable du double meurtre n’avait jamais été retrouvé. Les commérages prétendaient que la pauvre femme avait prévenu son mari qu’elle s’en allait et qu’elle aimait quelqu’un d’autre juste avant d’être assassinée.

La conclusion à en tirer était si simple… Et Morgan était folle de panique à l’idée qu’elle soit réelle. Cela signifierait que si jamais Yusei, son fils, voulait s’en aller aussi, la personne qui l’avait attiré hors du cocon familial risquait fort d’en payer de sa vie… Pire… Yusei risquait fort de mourir, lui aussi… Et ça, c’était hors de question. Il devait absolument continuer à vivre, lui, avec ou sans elle. L’idée qu’il existe encore, même si c’était loin d’elle, la rassurait indubitablement. Elle avait juste besoin de savoir qu’il était là, bel et bien là pour survivre, même si elle serait des plus tristes si on l’éloignait de l’amour de sa vie. Mais heureusement, il était toujours là avec elle. Il ne connaissait pas ses sentiments, elle était persuadée qu’il ne les partageait pas. Ainsi ils semblaient destinés à se voir souvent sans jamais lier leurs destins comme elle l’aurait souhaité. Mais ce qu’elle ignorait, c’était que lui brûlait des mêmes sentiments qu’elle. La demoiselle se posait pourtant fréquemment la question, entre milles autres interrogations qui effleuraient son esprit perturbé : était-il possible que ses sentiments soient partagés ? Elle n’osait pas espérer, non. Et pourtant… Pourtant, en sa fantastique seizième année de vie, la plus belle de ces ternes années d’existence, elle connut le partage de l’amour. Il lui déclara sa flamme, alors qu’ils étaient tous deux seuls chez lui. Ces mots, elle ne les oublierait jamais. Comme si la flammèche de son bonheur venait de flamber en un brasier ardent, presque effrayant tant il était puissant, mais si fascinant. Non, elle n’oublierait jamais ce qui était certainement la plus belle journée de sa vie. Le temps était mauvais, il pleuvait. Elle entendait clairement la pluie taper délicieusement contre les carreaux. Mais ce petit bruit de fond n’avait aucune importance. Car c’était à ses lèvres qu’elle était pendue.

« Morgan… Je t’aime. »

Deux mots simples en guise d’introduction, prélude d’un régal inévitable pour cette jeune femme rejetée par tous ceux en qui elle avait autrefois cherché l’affection et qui se brûlait d’amour pour le jeune homme qui venait de lui prendre délicatement la main, accompagnant son murmure fabuleux d’une douceur sans égale. Yusei venait de lui dire des mots dont elle avait autrefois rêvé et qu’elle n’aurait jamais cru entendre à son intention. 

« … Tu es tout pour moi, vraiment. Et… Sans toi… »

La prise délicate du jeune homme sur la main de la demoiselle se resserra légèrement, comme s’il craignait en effet qu’elle disparaisse d’un seul coup, magnifique mais éphémère. 

« … Bref. Et toi… Tu… Enfin… Morgan, est-ce que tu m’aimes ? »

Il y avait tout cet adorable sérieux dans ce souffle, tout cet espoir dissimulé tant bien que mal au fond de ses prunelles… C’est en accrochant ses lèvres à celle de Yusei que Morgan lui offrit la réponse tant attendue. Elle avait les joues inondées de larmes, et elle était heureuse, tout simplement heureuse.

Il n’a pas le droit. Il ne peut pas s’en aller. Depuis qu’elle est partie, il est ma vie. Ce pour quoi j’arrive encore à affronter le monde. S’il part, je serais seul. Je refuse d’être abandonné. Je ne veux pas le lui laisser. Elle n’a pas le droit. Elle ne peut pas me le prendre. Diablesse. Je refuse de le perdre. Elle ne peut pas faire ça. Monstre. Je la détruirais s’il le faut, mais elle ne peut pas me le prendre. Il est ma chair, mon sang. Mon fils. Je le protégerais de cette diablesse, même contre son gré.

Il l’attendait. Il lui avait donné rendez-vous dans son appartement, ce vaste appartement du deuxième étage de l’un des plus beaux immeubles de la ville. Il l’attendait avec impatience, oui. Car il avait rarement désiré voir quelqu’un autant que Morgan ce jour là. Elle était l’élément qui ferait à coup sûr basculer toute sa vie, et ce rendez-vous marquerait un changement inévitable dans leurs vies à tous les deux. Un changement dont il serait ravi. Au fond, cette fille était plutôt facile à comprendre. Elle n’avait rien du mystère et de l’énigme dont elle se paraît toujours. Ses joies et ses peines étaient communes à toutes les femmes, elle n’était donc pas difficile à satisfaire… Ou à détruire. Bien entendu, il n’avait pas envie de l’une de ces choses. Mais c’était toujours bon à savoir, n’est-ce pas ? Morgan Le Fay, anciennement Honda, n’avait rien de particulièrement complexe : oh, il y avait bien ce traumatisme qu’elle semblait toujours porter, cette crainte de l’abandon, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Car abandonnée elle l’avait bel et bien été. Et à l’âge le plus tendre, cela laissait des marques, une inévitable fêlure à l’âme qui menaçait toujours de se fendre un peu plus, jusqu’à la briser complètement, dans la seule crainte qu’il était possible qu’elle soit de nouveau abandonnée un jour ou l’autre. Même adulte, un abandon faisait bien trop mal pour que la vie continue parfaitement normalement après cela. La crainte que tout recommence était un poids que l’on traînait inévitablement derrière soi, destiné à détruire inévitablement l’existence de la personne qui avait subit cette blessure, lancinante encore malgré le temps passé. Il était dix huit heures et elle était censée arriver très bientôt. Cela le ravissait. Il avait vraiment hâte, oui, qu’elle vienne, utilisant certainement l’ascenseur avant de sonner à sa porte. Elle se débarrasserait ensuite de ses chaussures à l’entrée, comme le voulait la coutume. Puis la charmante demoiselle en chaussette le rejoindrait tranquillement, sûrement intriguée par ce rendez-vous qui semblait si important, et où il allait être abordé un sujet qu’elle ne connaissait pas encore. Du moins, il pensait qu’elle ne le connaissait pas. Il serait dommage après tout que sa surprise soit gâchée… Les lèvres de Takeda Date se tordirent en un rictus de joie. Il avait perdu le sourire depuis longtemps. Depuis qu’il avait assassiné son ex-femme et son amant, en réalité.

Il avait appris, il y a une semaine de cela, qu'Yusei entretenait une liaison avec cette sorcière. Le hasard avait voulu qu’il passât près du dojo où ils s’entraînaient tous deux en voiture alors que les deux tourtereaux échangeaient un baiser. Il aurait très bien pu intervenir auprès de son fils pour lui dire de cesser tout de suite, oui. Tout comme il aurait pu s’arrêter immédiatement en voyant cela pour rejoindre les amoureux, les séparer et ramener son fils avant de lui passer un savon une fois chez eux. Mais son idée était bien plus fourbe, bien plus tordue que cela. Après le décès de sa femme, il était la dernière chose qu’il lui restait. S’il vivait, s’il se levait le matin pour se rendre au travail, c’était uniquement pour son fils unique. Il avait littéralement besoin qu’on lui laisse son fils ou il ne pourrait plus vivre. Aussi malsaine que soit cette relation, elle était bien claire dans son esprit : Yusei était sa propriété, et il ne tolérerait pas de se le faire prendre. Il était vraiment tout ce qui lui restait et il ne pouvait décemment laisser cette harpie s’emparer de lui et le lui voler. C’était tout simplement intolérable. Et la fourbe, dans son dos, l’avait charmé. Elle l’avait enchanté avec un sortilège que les traînées de son espèce usait couramment et menaçait de le lui prendre, de l’emmener au loin. Et elle s’en était cachée habilement, oui. En faisant quelques recherches, dans les affaires de son fils notamment, il s’était rendu compte que cela faisait déjà un an. Un an que tous deux étaient ensemble, et lui ne s’en était pas rendu compte ! Il faut dire que depuis quelques années, son fils l’aidait au tâches ménagères et s’occupait notamment intégralement de sa chambre. De ce fait, Yusei pouvait très facilement lui cacher bien des choses. Mais il lui faisait confiance. Il lui avait toujours fait confiance. Jusqu’à ce jour, jusqu’à cette ignoble trahison. Cependant, ce sentiment de trahison pourtant bien présent dans son esprit, il acceptait que son fils se soit laissé ensorceler. Après tout, les femmes avaient presque toutes quelque chose de mystique auquel les hommes ne sauraient résister. Suivant cette logique, ce n’était pas son fils qui était en faute, mais bel et bien elle, Morgan l’ignoble. C’était donc elle qui méritait d’être sanctionnée en bonne et due forme, c’était à elle qu’il devait administrer une correction inoubliable qui marquerait à jamais au fer rouge cette pensée dans l’esprit de la pauvre jeune femme : on ne devait pas prendre les affaires de Takeda Date. 

Entendre la sonnerie provoqua un nouveau rictus chez l’homme. Parfait, c’était certainement elle. Il lui avait demandé de ne pas informer Yusei de ce rendez-vous : après tout, le jeune homme n’avait pas besoin de s’inquiéter inutilement alors qu’il était en plein travail, n’est-ce pas ? Il savait qu’elle raisonnerait ainsi. Elle ne voulait surtout pas déranger le jeune homme ou être un poids pour lui d’une façon ou d’une autre. Ainsi il pouvait faire ce qu’il voulait d’elle, Yusei l’ignorerait. Du moins, tant qu’il ne la tuait pas ou autre chose de ce registre qui la déclarerait disparue. L’idée du meurtre lui avait certes traversé l’esprit : si elle était portée disparue, personne ne pourrait savoir que ce serait de sa faute, n’est-ce pas ? Seulement, il serait suspecté du fait de la relation entre la jeune femme et son fils. Il avait déjà frôlé la prison après le meurtre de sa femme avant d’être innocenté… Il ne tenait pas vraiment à renouveler l’expérience. De plus, Yusei et cette garce étaient encore jeunes : il était donc normal qu’ils fassent l’un comme l’autre quelques erreurs. Il suffisait donc qu’il donne à la demoiselle une leçon qui la marquerait à vie et grâce à laquelle elle ne s’aviserait plus jamais de toucher aux affaires d’autrui. En ce but il lui autorisa l’entrée d’un cri, ne se donnant pas la peine de quitter son séjour et indiquant d’ailleurs qu’il y était dans la foulée. Il entendit la porte s’ouvrir, se refermer. La demoiselle était d’une discrétion exemplaire, c’était à peine s’il l’entendait retirer ses chaussures. Il récupéra son expression sérieuse habituelle avant qu’elle pénètre dans la pièce. Il ne s’agissait pas de l’effrayer alors même qu’elle venait à peine de le rejoindre, n’est-ce pas ? Pas du tout, non. Il se détourna donc de la fenêtre ouverte à travers laquelle il regardait sans vraiment le voir le soleil radieux qui s’étalait sur la ville pour faire face à la demoiselle dès qu’elle entrerait. Il remarqua qu’elle lui paraissait plutôt tendue, comme si elle se sentait coupable de quelque chose… Et elle avait bien raison, n’est-ce pas ? Car elle était coupable, coupable de lui avoir volé son fils. Et peut-être qu’un sixième sens quelconque, la dite « intuition féminine » ou autre l’avait aidée à deviner de quoi ils allaient parler.

Cela ne l’empêcha pas de l’inviter à s’approcher, à se décoller de la porte avec douceur et presque avec chaleur. Et malgré sa méfiance trop apparente, Morgan s’approcha bel et bien, curieuse de savoir ce que cet homme si austère lui voulait – et l’estomac serré d’angoisse à l’idée qu’il lui parle de son couple avec Yusei. Elle ne dit rien, attendit qu’il prenne la parole en le regardant dans les yeux. Cet instant où le regard de l’un fut fixé dans celui de l’autre dura un certain temps sans qu’aucun des deux ne se décidât à baisser les yeux – ce qui était bien entendu l’attente de chacun. Et finalement Takeda prit bel et bien la parole, concrétisant les craintes de la jeune femme – à sa plus grande joie.

« … Je vous ai vu, l’autre jour. Yusei et toi. Je sais tout, maintenant. C’était bien astucieux de me le cacher. Vous pensiez pouvoir me berner un an de plus ? »

Elle serra les poings et la mâchoire, ne dit rien, continuant à le fixer de la même façon, comme si baisser les yeux signifierait perdre Yusei. 

« … Je veux que tu arrêtes ça. Tout de suite. Tu lui fais du mal, à rester avec lui. Tu blesses tout le monde, tu ne sais faire que ça. Morgan… Yusei n’a absolument pas besoin de toi. »

Trouver exactement les mots qui blessent, se sentir euphorique de le constater alors qu’elle baissait les yeux… Il la saisit par les épaules, brusquement, pour la faire pivoter et qu’elle se retrouve dos à la fenêtre. La jeune femme avait beau faire des arts martiaux, elle n’en était pas moins une poupée de chiffon entre ses mains puissantes. Et ces derniers mots…

« … Personne n’a besoin de toi. »

Chute.

Je ne comprends pas. Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi elle me dit ça ? Elle ne m’a donc jamais aimé ? Intrigant. Impossible. Elle m’a aimé, je le sais. Dois-je croire que ses sentiments se sont volatilisés du jour au lendemain ? J’en doute. Je la connais. Mieux que personne. J’ai lu la douleur qu’elle tentait en vain de dissimuler dans ses yeux. La glace n’a pas suffit. Morgan. Je sais que tu me cache quelque chose. Tu m’aimes encore, n’est ce pas ? Mais dans ce cas, pourquoi fais-tu ça ? Je ne comprends pas. Je n’ose pas te le demander.

Son regard calme s’égara un instant encore sur un point quelconque au sol, les yeux baissés et d’une tristesse à en fendre le cœur. Elle savait ce qui lui restait à faire. Depuis qu’elle avait repris conscience, il y a quelques jours déjà, dans cet hôpital. Elle savait qu’elle n’avait absolument pas le choix. Elle aurait préféré l’avoir. Mais si elle prenait une autre décision… Elle le savait, il aurait sa peau la prochaine fois. Or, Morgan ne voulait surtout pas que ce type la tue. Elle tenait à la vie, tout de même. Et surtout, elle ne voulait surtout pas qu’il décide de s’en prendre à son propre fils. Lui, il était l’intouchable. Personne n’avait le droit de lui faire du mal. Personne. Et si jamais il lui faisait du mal à cause d’elle… Non, elle ne préférait même pas l’imaginer. C’était pourquoi elle était décidée. Il allait lui rendre visite, aujourd’hui. Il venait la voir tous les jours depuis qu’elle était à l’hôpital, mais elle avait toujours fait semblant de dormir jusque là. Elle n’avait pas trouvé le courage nécessaire pour agir auparavant. Elle refusait de se nourrir. L’idée l’écœurait sans qu’elle comprenne pourquoi. Face à son obstination, les docteurs avaient choisi de lui planter une aiguille dans le bras. Ils pensaient qu’elle avait été choquée : après tout, échouer à une tentative de suicide pouvait être bien traumatisant. Oui, c’était la version que Takeda avait donné aux ambulanciers et policiers. La jeune fille n’avait rien dit pour démentir cette rumeur, une fois qu’elle eu reprit connaissance : elle conserva un silence buté duquel personne ne parvint à la sortir pour le moment. Elle avait bien des choses à dire mais elle préférait tout garder pour elle, faire semblant de dormir quand les gens qui pouvaient éventuellement la faire parler passaient – c'est-à-dire Yusei et Boris, ses seules visites outre les infirmières et médecins. La thèse du suicide s’étendit donc et elle était déterminée à ne pas y réagir : elle savait que ce serait une perte de temps, en plus d’un risque pour Yusei : si jamais elle se décidait à dire ce qui s’était réellement passé, Takeda aurait un certain temps pour agir avant d’être définitivement incarcéré – si tant était qu’on trouve les preuves suffisantes contre lui, ce qui n’était déjà pas une mince affaire. Et plus qu’à elle, c’était à son fils qu’il pourrait s’en prendre. Elle craignait bien trop cela pour ouvrir la bouche et se libérer du poids de son agression.

Quand bien même elle aurait réussi à surmonter cette frayeur, ce que Takeda lui avait fait l’oppressait et elle avait peur d’en parler. Elle était une enfant injustement punie persuadée d’avoir réellement fait quelque chose de mal. Non, vraiment, elle se condamnait elle-même au silence le plus abyssal concernant cet épisode. En parler ne la mènerait à rien, sinon à la destruction de tout ce qui l’entourait. Conserver ce secret au fond de son cœur ne ferait que la détruire elle. Ce ne serait pas grave. Ce ne serait absolument pas grave puisqu'Yusei ne serait pas touché. Elle espérait juste qu’elle n’allait pas faire une erreur qui lui détruirait la vie. Elle avait une peur terrible de le briser. Oh, elle savait que sa décision lui ferait mal : mais au moins, il survivrait. Et c’était là l’essentiel. 

La porte s’ouvrit sur un beau jeune homme, cheveux mi-longs sombres et l’œil pétillant, quoi que son regard se soit nettement assombri depuis qu’elle était à l’hôpital. Qu’elle ait tenté de se suicider, elle, lui avait parut incroyable. Et pourtant, il ne pouvait imaginer rien d’autre. Il s’assit en silence à côté d’elle sur le lit, de manière à lui faire à moitié face, doucement. Ne lui dit rien, se contenta de la regarder doucement. Elle laissa courir le temps un moment. Elle n’était pas prête. Elle n’était absolument pas prête à faire ce qui était pourtant son devoir pour préserver la vie de Yusei. Alors elle garda les eux rivés sur le sol. Patient, il attendit également. Et finalement, au bout d’un moment, ni Morgan ni Yusei n’auraient pu dire combien de temps exactement, il lui tendit la main. Un geste silencieux, délicat, et qui avait une signification énorme derrière son attitude anodine. Il aurait était facile pour Morgan de répondre à cette main tendue, ce secours éternel, de glisser sa propre mains dans la sienne, de mêler ses doigts aux siens, de se réfugier contre son torse… Mais elle n’en fit rien et prit la parole d’une voix glaciale. 

« …Va-t’en. »

Des mots durs, qui lui faisaient mal et créaient l’incompréhension chez Yusei. Ils devaient rompre, ils ne devaient plus jamais se voir. Les choses seraient bien plus simples ainsi. Tout en nourrissant l’espoir secret qu’il attendrait qu’elle revienne vers lui, elle savait qu’il valait mieux qu'Yusei se trouve une nouvelle fille à aimer, à qui donner toute cette douceur dont il semblait disposer à l’infini. Elle ? Elle ne pourrait jamais le remplacer, elle en avait clairement conscience. Elle ne savait même pas si elle réussirait à survivre à l’épreuve qu’elle s’imposait. Après une hésitation marquée, le jeune homme prit la main de sa belle, cherchant à croiser ce regard abyssal.

« … Qu’est-ce que tu racontes, Morgan ? »

Il la connaissait trop bien. Elle savait qu’il savait qu’elle détournait les yeux parce qu’elle ne pouvait faire autrement, qu’elle ne supporterait pas de lui mentir ouvertement sur un sujet aussi grave. Et c’est bien pour ça que son regard, à la fois triste et glacial, une touche de tendresse qu’elle ne put dissimuler parfaitement demeurant présente, croisa celui de l’homme de sa vie pour s’y fixer.

« … Je t’ai dit de t’en aller. Je ne veux plus te voir. Plus jamais. C’est fini, nous deux. »

Il ne semblait pas réussir à y croire, la laissa cependant retirer sa main de la sienne. Si c’était vraiment fini, pourquoi lui aurait-elle abandonné cette main ces quelques secondes ? Morgan ne faisait rien dans la demi-mesure, il le savait. Ces mots si durs ne faisaient que l’appuyer, mais cette main qui s’était attardée au creux de la sienne ne faisait que contredire ses paroles : à quoi elle jouait ? Et surtout, pourquoi ?

« … Pourquoi ? »

Un mot, écho de ses pensées, sûrement mal interprété. Elle tenta de durcir son regard, n’y parvint pas tout à fait. Elle brûlait d’envie de l’embrasser, son bras encore valide autour de son cou. Se retint difficilement.

« … Tu n’as été qu’un jouet, pour moi. J’ai fini de jouer. Je ne veux plus jamais te voir, tu ne m’intéresses plus. »

C’était absolument impossible. Il n’avait pas rêvé son amour, il le savait. 

«… Morgan… 
-Dehors. Je n’ai plus rien à te dire, je ne veux plus te voir. Plus jamais. »

Il fallait être complètement masochiste pour s’infliger seule tant de douleur. Elle savait qu’il était particulièrement têtu. Et elle ne savait même pas s’il allait la croire alors qu’elle faisait semblant de ne plus l’aimer. Il la connaissait trop bien. En maintenant son regard elle prenait le risque de se trouver percée à jour par les yeux de celui qui la connaissait par cœur. Si elle fuyait son regard, elle était persuadée que l’intelligent jeune homme en tirerait vite les conclusions adéquates. Elle devait donc faire un effort de volonté gargantuesque pour ne pas sauter au cou de l’amour de sa vie en lui racontant tout, toute la vérité et les malheurs qu’elle avait subit des mains du père de son amant. Elle se contint plus ou moins bien. Car au sourire en coin qui se dessina sur les lèvres d'Yusei, elle comprit. Il avait conscience du fait qu’elle ne faisait qu’essayer de le tromper, de l’induire en erreur. Il avait compris que ce qu’elle disait n’était pas l’exact reflet de la vérité. Cependant, patient et n’osant sûrement pas lui demander de quoi il en retournait exactement, par crainte certainement de la brusquer un peu trop, il se contenta de se pencher, doucement, vers elle. Il effleura tout juste la joue de la jeune fille figée de ses lèvres. Et puis, doucement, il lui murmura…

« … Je ne te laisserais pas tomber, Morgan. Je t’aime. »

Sentant la colère qui commençait à bouillonner dans les veines de l’aimée sans pour autant qu’il en comprenne les raisons, il s’éloigna doucement d’elle, pour se lever par la suite et reprendre à voix plus haute. 

« Je reviendrais. A la prochaine, Morgan. »

Elle le suivit des yeux, éperdue d’amour, jusqu’à ce qu’il soit happé par l’encadrement de la porte de cette chambre d’hôpital si impersonnelle. Elle était très en colère contre lui, oui : pourquoi devait-il tout compliquer un peu plus alors qu’elle ne faisait que le protéger ? Il n’avait pas conscience des dangers qu’elle lui évitait. Il valait mieux qu’il en soit ainsi. S’il avait su, il aurait tenu à rester à ses côtés, à la soutenir. Il n’aurait pas accepté qu’elle le tienne à l’écart d’elle, que ce soit pour le protéger ou pour se protéger elle-même. Elle le connaissait, il aurait affronté son père si elle le lui avait demandé. Mais non, tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il soit en paix. Même si elle était seule, ce n’était pas grave. Il ne devait plus la voir, ce serait bien plus simple ainsi. Larme qui s’effondre sur les draps immaculés. Non, larmes.





Et c'est parti pour un résumé de la mort qui tue (fait de mémoire car la fiche, elle est tellement vieille aussi):



Bon, j'espère avoir assez bien résumé parce que sur le coup, je ne suis plus sûre de rien. (J'écris toujours aussi mal mes résumés.. J’incorpore parfois encore trop.)


Résumé de l'histoire de DEMI:
Cadette terrible de ta famille, depuis tout petite, tu as une avidité terrible envers toutes les horreurs du monde. Tu as dévoré tous les films d'horreurs les plus immondes dès tes 10ans, t'amusais à disséquer les animaux domestiques gracieusement offert par tes parents. Un jour, Tu a même essayé d'ouvrir ta sœur.. Mais tu n'en as pas eu le temps. Tu n'as pas forcément brillé dans les études, à part peut-être en biologie, où tu prenais un malin plaisir à charcuter toutes les créatures que proposaient tes professeurs. Arrivée au lycée, tu fus directement cataloguée comme folle, et passa la majeure partie de ton temps à déboîter des mâchoires et plus si affinité.
Mais un jour, voulant assister à l'explosion crânienne d'un oiseau sur la route, tu fonça à toute vitesse à contre sens sur ton scooter. Ce ne fut pas la tête de l'oiseau que tu vis exploser, mais bel et bien la tienne quand ta boîte crânienne percuta violemment le sol après être entré en collision avec un camion.
Pour ce qui est du reste, ta réputation [à Okasaki] n'est plus à refaire.
Revenir en haut Aller en bas
 
{ TALES OF LE FAY , LADY [U.C. ~Ne pas poster à la suite de
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Eternal-Fuuka :: RP -Fiche-Autre DEMI HEKMATYAR-
Sauter vers: